Chapitre 4 : La forêt des charognes

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Cela faisait plusieurs jours qu'Adrien et Malendra marchaient dans la neige, passant de villages en villages en volant les marchands afin que la vieille puisse manger, puisqu'Adrien lui n'en avait pas besoin.

L'ancien roi se sentait misérable, lui qui d'ordinaire était si droit et si juste, mais sa compagne de voyage devait bien manger, et l'or leur faisait défaut. Ils arrivèrent finalement devant une grande forêt dont les arbres, absolument immenses, étaient très serrés entre eux, comme une muraille impénétrable.

— Prend garde Adrien, les charognes de la forêt seront très agressives envers nous, et tu devras user de ton épée pour nous protéger.

Ils devaient trouver un certain Loïc, fils des Ames sombres, et le roi apprit que ce dernier pouvait relever les morts. Ses marionnettes de chair putréfiée et de sang immobile ne songeaient pas, et ne pouvaient obéir qu'à un ordre à la foi, d'où leur appellation de charognes.

Au sujet de ce personnage, Malendra lui indiqua quelques éléments de sa vie, il devait bien en savoir quelque chose avant de le rencontrer.

— Il vivait un temps dans les Limbes, là où règnent les Ames sombres. Puis, à l'âge de treize ans, il fut exclu de ce monde, et amené dans le nôtre. Il avança jusque dans la forêt dans laquelle nous nous dirigeons, et usa de ses pouvoirs de nécromancien pour le protéger de la violence des hommes.

Adrien avait demandé l'origine des attaques desdits hommes, car cela, il ne le pouvait comprendre. Pourquoi se comporter ainsi avec une telle personne, surtout si elle n'avait rien demandé ?

— La réponse est simple : il porte sur lui la marque des Ames sombres : un trait vertical noir sur chaque œil, comme une sorte de peinture. Les hommes ignorent pour la plupart la véritable signification de cette marque, mais ils la craignent naturellement, et s'ils dépassent leur crainte, alors ils tenteront de le tuer, afin de se protéger du danger.

Après ces paroles, Malendra avait offert à Adrien une armure qu'elle avait fait faire pour le roi maudit, ainsi qu'une épée. Puis, ils s'étaient ensuite dirigés en direction de la forêt des charognes, là où se cachait Loïc.

Malgré leur discrétion en ce lieu, il arrivait de temps à autre qu'un être décharné et pourrissant se mette à les attaquer. Alors Adrien le transperçait de part en part, et poursuivait son chemin.

La première attaque surpris beaucoup le roi, qui eut à peine le temps de dégainer son arme que déjà a bête se trouvait trop proche de lui.

Son ventre fut bien vite tranché, et l'odeur de décomposition qui en émanait dégoûta profondément son meurtrier, pendant que la vieille haussait les épaules. Elle avait dû voir bien pire au cours de sa vie.

Enfin, au bout d'un long chemin, une cabane perchée dans un arbre s'offrit à eux. Y grimper fut simple, et on constata bien la triste situation de son occupé : c'était un endroit vide, où un lit de feuillage avait été fait à la va-vite, et où une maigre étagère bancale avait été construite, sur laquelle se trouvaient quelques bocaux, vides pour la plupart. Bel endroit pour le fils des Ames sombres...

— Quel gâchis... pauvre homme, il est bien à plaindre.

— Tel a été son sort pour avoir été le fruit de l'union d'un d'entre eux avec une humaine. Ni homme ni Ame sombre, il ne peut être accepté par l'un ou l'autre.

Adrien soupira, et songea que toute sa vie durant, il n'avait jamais pu imaginer que quelqu'un puisse vivre ainsi. Aujourd'hui il n'était plus vivant, mais il en savait bien plus sur les habitants de ce qui fut son royaume. Sombre ironie.

Le sang sombre : AdrienWhere stories live. Discover now