Le sang sombre : Adrien

Chapitre 7 : Les confessions d'Adrien

Adrien se sentait de plus en plus lésé. Il avait accepté de suivre les conseils de Malendra car cette dernière lui promettait un futur terrible s'il n'accomplissait pas sa destinée, et pour éviter cela, il avait choisi de l'accompagner jusque dans la forêt des charognes.

Puis, une fois dans la fameuse forêt, il avait dû se battre pour sa sécurité, chercher de quoi manger pour la vieille tout cela en compagnie d'un jeune homme avec qui il voulait bien nouer quelques liens, mais cela ne semblait pas des plus réciproques.

Après quoi, il l'avait sauvé de tueurs acharnés, et Malendra avait montré à ce dernier quelque chose de manifestement terrible, ce qui avait précipité l'intégration de Loïc dans leur groupe.

Il ignorait des choses, et il n'aimait pas cela, même s'il se doutait que cela avait son importance. Et ce n'était pas l'interminable chemin parcouru avec ce nouveau groupe qui allait lui apporter des réponses.

Adrien n'en pouvait plus, car si son corps ne pouvait désormais plus être fatigué, son esprit lui était au bord du désespoir. Il n'avait toujours pas le droit de lire davantage le livre bleu, et s'il savait qu'il était un relevé, il ignorait ce que cela pouvait bien être.

Enfin, une nuit, après être sorti de cette forêt infernale, le groupe s'arrêta dans les ruines d'un village abandonné.

— Reposons-nous un instant, cela nous fera du bien, avait dit Malendra.

Sur ce, la vieille se coucha au sol, emmitouflée dans le semblant de couverture qu'elle transportait depuis le début de leur voyage. Quant à Loïc, ce dernier resta songeur, et s'asseyant par terre, replia ses genoux contre sa poitrine et y enfonça son tendre visage, non sans soupirer longuement.

Il ne semblait pas avoir prévu de dormir tout de suite, et comme Adrien ne pouvait plus dormir depuis son retour, il s'ennuyait ferme également. Alors, il tenta d'engager la conversation.

— Que voilà un grand soupir !

Puis, il se mit à sourire un peu, et Loïc releva la tête, avant de retirer son masque, offrant à l'ancien roi la vision de ses yeux fatigués. Il toucha ensuite du bout des doigts sa joue droite, et retira bien vite sa main.

— Vous êtes froid.

— Ne suis-je pas mort ?

— Cela dépend, il est des relevés qui ont le corps chaud. Il semblerait que l'altération dont vous êtes victime soit entièrement physique. Mais c'est mieux ainsi.

Adrien lui lança un regard qui lui fit comprendre qu'il ne comprenait pas grand-chose à ce qu'il disait, aussi il proposa de lui expliquer ce qu'il était réellement.

— J'aimerais bien, mais je dois le lire de mes propres yeux dans le livre bleu, ce petit ouvrage que Malendra m'a donné.

Loïc soupira une fois de plus, boudant comme un enfant.

— Pour une fois que j'essayais d'engager la conversation, voilà que vous me coupez l'herbe sous le pied. Décidément vous êtes irrécupérable, vous et votre sens de la droiture. Un jour cela vous tuera.

— C'est déjà le cas.

Alors le plus jeune haussa les sourcils, et la surprise se lisant sur son visage, Adrien s'expliqua.

— Fut un temps où j'étais prince de ce qui fut le royaume de Fried, fils du bon roi Cédric et petit-fils de Lucius, le roi chevalier. J'avais un frère jumeau du nom de Loki, sorti en second du ventre de notre douce mère.