chapitre un.

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ADELA DA AGÜEIRO.
madrid, 23 novembre.
"Et je repense à la première fois où l'on s'est rencontré, je pleurais déjà."

Nos mains se liaient dans l'émotion, il allait partir, il me l'avait dit. Et depuis mes larmes coulaient, mes joues étaient inondées de pleurs. Ça avait été une décharge de piqûre de méduse, l'annonce de son cancer. Il me sourit, ses yeux se plissèrent avec le mouvement, lui donnant une bouille mignonne. Je lui embrassais le front encore et encore, lui montrant que je ne partirais pas, que je resterais à ses côtés jusqu'à son dernier souffle. Quand les médecins étaient venus il y a maintenant une heure et quart, leurs mines étaient plus que grave, je savais qu'il allait partir, rejoindre les cieux, rejoindre toutes ces personnes tant aimées. J'allais être seule, livrée à moi-même. Puis le moniteur s'emballa, la poigne se fit de moins en moins ferme, puis d'un coup plus rien, ma vie venait de s'effondrer, ma vue se brouillait plus qu'elle ne l'était déjà. Les médecins entrèrent et me firent sortir. Comment allais-je faire pour vivre ce calvaire maintenant ? On m'avait laissé à mon triste sort. Papa venait de partir. Mes sanglots déchiraient le silence de ce long couloir d'hôpital, plusieurs personnes me regardaient m'effondrer. Une des infirmières revînt vers moi et m'offrit une tasse de café chaud. Je la pris et la remercie de toute la grâce qui me restait. La douleur était insupportable. Puis vint le tour d'un médecin de me présenter ses condoléances. Je ne le regardais même pas et pleurais de plus belle, pourquoi avait-il fallu que ça lui arrive ?
J'étais désormais seule, je vis tout le monde sortir de la chambre de mon père mais ce que je ne vis pas c'est l'envoi au funérarium de ce dernier. Je pleurais, encore et encore, ma peine était pour l'instant inconsolable. Je sortis dehors, alluma une cigarette et partis aux travers des rues inanimées de Madrid, quoi de plus normal il était vingt-deux heures. Me voilà désormais seule avec mes problèmes. J'expulsais la fumée de mon cylindre, je fermais les yeux un court moment et continuais ma marche dans la capitale espagnole.

Je repensais à mon enfance à Paris, lui et moi dans cet appartement du huitième. On était tous les deux soudés. Je venais de tout perdre et je n'eus qu'une seule angoisse c'est d'effacer son souvenir de ma mémoire. Il était désormais tard, mais je n'en avais que faire, il faisait chaud et malgré que la ville restée animée, je ne croisais personne comme si tout le monde savait pour sa mort. Je levais ma tête et découvris ce ciel qui me faisait tant rêver depuis des années. Il me semblait qu'une nouvelle étoile brillait et j'en déduis que c'était lui, cette étoile. Une seconde cigarette trouva le chemin de mes lèvres. J'étais morte, dans l'instant, j'étais morte, demain je revêtirai un costume, un sourire et j'irai me plonger dans ce qu'est le deuil. Je foncerai dans l'inconnu, tête baissée. J'espère que tu ne m'oublieras pas même de là-haut.

Ne m'oublie pas, je t'aime alors, ne m'oublie pas, papa.

triste réalité d'un cœur en peine | SAÚL NÍGUEZ ✓Donde viven las historias. Descúbrelo ahora