chapitre dix.

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SAÚL ÑÍGUEZ ESCLAPEZ.
madrid, 11 décembre.
"Ses yeux bruns étaient désormais clos, elle dormait et je n'osais pas la réveiller."

Adela s'était assoupie, là sur mon épaule, sur le canapé, elle paraissait paisible et surtout tranquille d'esprit. Enfin elle dormait, depuis combien de temps n'avait-elle pas eu de nuit complète ? Sa bouche était entre-ouverte, lui donnant un air enfantin, au rythme de ses respirations son nez se retroussait renforçant cette apparence gamine; presque adorable. Non totalement adorable. Elle était vraiment belle, la nuit s'était levée il y a quelques minutes, et la lune éclairait son visage, semblant déshabiller ses énigmes, comme si quand elle dormait je pouvais déchiffrer chaque parcelle de son âme torturée. Elle était intrigante, et la regarder dormir en devenait une obsession. J'aimais la voir aussi tranquille. Elle se tournait vers moi, passant un bras sur mon ventre, me serrant contre elle. Et je l'entendais murmurer d'une voix endormie un seul mot; papa. J'avais envie de tout savoir sur elle, de l'aider à aller mieux, je voulais être sa rédemption, celui à qui elle dirait tout. Son ami, son meilleur ami, son amant, tout ce qui pouvait me rapprocher d'elle encore et encore. Au début, ses lèvres n'étaient qu'un désir presque inaccessible, mais maintenant c'était une tentation, comme la pomme du jardin d'Eden. Et j'avais envie de croquer dedans à pleine dent, l'entrainant avec moi dans les abysses de l'amour, du désir, de la passion. Vers une mort subite que je pourrais toujours repoussée, loin, plus loin, encore plus loin. Sa manche était relevée, dévoilant des traits rougis sur son poignet gauche. Mon expression se fermait mais je restais calme. Si elle avait fait ce geste c'est qu'elle avait ses raisons. Et je respectais son choix. Elle bougeait encore et ce fut tout son corps qui se retrouvait collé au mien, je passais ma main sur sa hanches et posais ma tête sur la sienne, fermant les yeux, moi aussi il fallait que je dorme, cela faisait bien trop longtemps que je n'avais pas profité d'une bonne nuit de sommeil.

Quand je rouvris mes yeux, le soleil brûlait mes rétines mais je fus bien vite habitué à la trop forte luminosité. Adela dormait encore profondément. Ses traits étaient toujours aussi détendus et elle semblait toujours aussi paisible. Ses mains étaient de part et d'autre de mon corps, comme si elle me serrait comme on sert une peluche. Je souris doucement, si je bougeais elle risquait de se réveiller ce que je ne voulais en aucun cas. Je regardais l'heure sur ma montre, il était bientôt dix heures, et je me mis à penser. Et les abysses de mon âme m'emportèrent dans leur monde, ou Adela n'est rien. Et si je disais que rapidement je m'étais fait des films sur Adela et moi, l'on me prendrait pour un fou. Alors qu'il ne se passait rien, enfin je croyais. Je ne savais pas comment elle vivait ce que nous vivions, s'il peut y avoir un nous. Je me torturais bien trop l'esprit à propos de la jeune femme qui tourmentait mes pensées.
Et je ne pus que pleurer pour espérer oublier tout ce qui la concernait, à commencer par son toucher.


Elle était là, endormie, comment pouvais-je faire pour oublier ne serait-ce qu'un moment avec elle ?

triste réalité d'un cœur en peine | SAÚL NÍGUEZ ✓Where stories live. Discover now