chapitre quatre.

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comme d'hab, un petit commentaire ou/et un petit vote :)
bonne lecture guys.

ADELA DA AGÜEIRO.
madrid, 7 décembre.
"Nous avons parlé jusqu'à être heureux, jusqu'au bout de la journée."

"Tu es espagnole ? (...) Tu sais je ne suis pas méchant, je n'ai pas pitié de toi. (...) Tu t'appelles comment ?"

"Adela."

Ma voix n'était que murmure, j'avais peur qu'il me fasse du mal. Malgré son sourire réconfortant, ses yeux rassurant. J'avais peur.

"Tu es belle Adela."

Je pouffais, j'étais tout sauf attirante à ce moment précis. Mes yeux devaient être bouffis et creusés par des cernes violacées. Mes joues étaient elles aussi creusées et mon corps squelettique. J'avais sans aucuns doutes les cheveux en bataille et la mine triste alors non je n'étais pas belle à ce moment-là.

"Je vais faire comme si tu disais la vérité."

"Je suis Saúl."

"Je te remercie pour le café, Saúl."

Je repris ma veste et mon paquet de cigarettes. J'en sortis une et la cala entre mes lèvres. J'avais ce besoin irréfutable de me détruite doucement. Il me regarda et je lui en proposais une qu'il prit volontier. Je lui souris, alluma ma clope et lui tendit mon briquet. Peine irrémédiable, la fureur et la haine se mélangent, s'unissent parfaitement et s'embrasent. Mes yeux deviennent flammes et je plongeais mon regard dans les yeux de ce fameux être. M'offrant comme simple folie, la joie de l'embrasser. Ardemment, avec folie et toute la hargne que j'ai cumulé ces derniers jours. Mes mains sur ses joues j'ai l'impression de jouer avec lui, mais j'avais juste cette envie dévergonde depuis que j'ai détaillé son visage angélique. Folle impression d'être amoureuse, d'être revenu à l'époque de mon adolescence maintenant enfouie loin de moi, laisser à l'abandon à Paris.

Et quand tout s'arrêta, je repris une taffe et partis loin des problèmes, loin de tout mais surtout loin de lui, oubliant que c'était lui ma rédemption. Folle, j'étais folle, j'en étais désormais sûre. Je repris une bouteille qui était dans mon sac et la vida de moitié en dix minutes. Doux cocktail pour oublier que j'ai mal. Et quand je repousse la porte, que je reprends cette lame et je me sens vivante.
Je ne m'étais jamais sentie aussi vivante.
Le sang coulait, goutte par goutte sur le carrelage. J'étais enfin prête à partir, son visage apparu et je ne pus qu'arrêter la pauvre hémorragie qui prenait mon bras en otage. Je voyais le diable sourire, quand le bouchon sauta une nouvelle fois. Je n'en avais rien à foutre, mes problèmes allaient bien maintenant. Ce soir-là, ma vie avait pris un nouveau tournant, elle avait trouvé un nouveau sens. Je repensais à ce baiser enivrant. Et je bus, non pas pour oublier ce geste mais pour oublier le goût si sensuel de ses lèvres. Si seulement j'avais pu prolonger ce moment, si seulement j'avais pu oublier mes problèmes ne serait-ce qu'un instant. Cette putain de vie n'était que simple jeu, étais-je encore une môme sans idées superflues ? Avec encore un avenir flou, très flou. Resterais-je comme ça toute ma vie, ou allais-je changer ? Pourvu que ce sordide jeu dure encore un peu.

Et je me mis a repenser à ses lèvres, et je repris une gorgée d'alcool fort.

triste réalité d'un cœur en peine | SAÚL NÍGUEZ ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant