chapitre dix-neuf.

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ADELA DA AGÜEIRO.
paris, 24 décembre.

"Et c'est la veille de Noël que je replongeais bras ballants dans mes démons."

La neige était tombée, mais je n'avais pas le cœur à être heureuse. Je ne regretterais jamais autant d'être revenue. Je continuerais de penser que cette ville était une partie de moi, bien trop sombre. Je détestait plus que tout Paris, la nuit au bord des quais de la Seine. Dans laquelle j'avais envie de me jeter pour oublier. Dure réalité d'un monde où rien ne peut aller mieux. Je désespérais, voyant sur mon portable s'affichait, un nombre incessant de message et d'appel manqué, de Saúl, et de quelques connaissances ou membres lointains de ma famille. Famille détruites, totalement bouleversée ou même effacée. Nuit du vingt-quatre décembre, à la passer à pleurer et penser à crever. Où sont les prochains signaux de mon futur heureux ? Je revois ces visages au dessus de mon corps de bébé et je me mis a pleurer. Hurlant ma peine au monde entier. Paris me faisait mal. Les vagues du silence me répondant me brisèrent le cœur. Premier noël sans mon pilier, mon père me manquait et je me remis à hurler une longue plainte douloureuse devant le regard ébahis des passants, profitant de Noël, me prenant pour une folle. Parce que je l'étais folle. Il y a aussi des mots que j'aimerais dire, mais rien ne passait la barrière de mes lèvres, à part mes complaintes et mes plaintes. Je voudrais crier des mots mais je n'ai à peine le courage de les murmurer. Je devais rentrer. Ou rester encore tard ce soir. A veiller à ce que rien ne m'entraîne plus dans la folie passagère. J'ai oublié de ressentir de la compassion pour mon amant. Je suis partie, sans rien dire, sans même dire adieu, comme si je savais que cette soirée n'était pas la dernière. J'étais insignifiante. Je devais rentrer.

Je pris le chemin, inverse au départ. Je connaissait bien trop la ville et je voulais passer devant son immeuble. Notre immeuble. La gosse qui vit au fond de moi ressortait, ressentait ma peine et voulant me crever un peu plus le cœur, elle me fit m'arrêter devant sa fenêtre. Les larmes reprirent leur chemin sur mes joues, elles le connaissaient définitivement par cœur maintenant. Il ne fallait pas que je m'attarde et ce fut à vingt trois heures que je repris possession de mes moyens retrouvant mon chemin et mes esprits par la même occasion. M'accidenter sur un souvenir, de son toucher, son rire, son doux sourire, me faisait chavirer le cœur, c'était les derniers mots qu'il avait prononcé qui me firent craquer de nouveau, et je rentrais dans la chambre d'hôtel en pleure ne trouvant qu'un seule refuge à ma tristesse. Les bras de mon âme-sœur m'aguichaient, et je ne pus dire que la vérité à celui qui m'avait plus qu'aider. Comme si il cherchait les lumières du soir pour rallumer mon sourire. J'aimerai nous revoir il y a six mois, sans dire adieux, comme si ce n'était pas les derniers instants de joie que je passais avec lui. Comme si toute ma peine était basée sur un souvenir. J'avais mal, mais il fallait avancer. Papa me manquerait à tout jamais mais il fallait que j'aille de l'avant. Je le fis en embrassant ses lèvres, comme si c'était notre premier baiser. Enivrante étreinte avec Saúl, j'en étais toute retournée.

Arrivée en haut de la colline, je savais que c'était lui et moi désormais.

triste réalité d'un cœur en peine | SAÚL NÍGUEZ ✓Where stories live. Discover now