chapitre seize.

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ADELA DA AGÜEIRO.
madrid, 20 décembre.
"Je veux juste que tu m'aimes, restes
avec moi."

Les jours étaient longs, les saisons courtes. Le monde tourbillonnait, les gens bourdonnaient tels des abeilles. J'avais mal à la tête. Les rues étaient pleines de monde, Noël approchait, il me fallait un cadeau pour Saúl. J'étais emmitouflée dans ma longue veste noire et mon écharpe en laine. Il faisait froid à Madrid, et j'espérais qu'un peu de neige tombe cet hiver. Commercialité vendeuse, qui nous prend pour des moins que rien, dominance du capitalisme, pour nous rappeler qu'on est tous en proie aux mœurs de la société. Si l'on prend d'un point de vue extérieur, j'étais juste une femme, faisant du lèche-vitrine, pour me souvenir que je devais trouver le cadeau parfait pour mon âme-sœur. Sentiments désinvoltes en voyant les couples s'embrasser, presque coucher ensemble entre deux devantures, sur un banc. Les amoureux des bancs publics étaient les pires, ils propagent la rage et la haine, ils se disent amoureux pour s'évaporer au premier simple coup de vent dans leur relation. Si on devait définir l'amour, on dirait que ce n'est qu'un attrape-rêve cousu avec nos cœurs. Je rentrais dans un magasin, où seuls les hommes venaient de temps en temps, laissant le choix de trouver leur bonheur à leur femme. Quelle intransigeance. Les mots dépassaient ma pensée, les rires infestaient mon âme. Je n'étais qu'une simple femme avec des pensées sombres et incohérentes. Je regardais avec soin de magnifiques gourmettes en argent. J'avais trouvais le cadeau parfait. J'appelais un vendeur, et pris un modèle assez masculin, preuve de sexisme juste pour faire plaisir. La deuxième est bien plus féminine, et je pris les deux les faisant graver de nos prénoms. Saúl sur une, Adela sur l'autre. Le tout emballé dans un sac en simili cuir noir. La soie et le luxe m'appelait dans la boutique dans côté, je me dirigeais vers l'arrêt de bus.

En entrant dans mon appartement, je ne pus que souffler. J'étais lessivée, je pris une cigarette, enclerclais mes épaules d'un plaid et sortis sur mon balcon m'asseyant sur le rebord de la baie vitrée. Ma fumée atteignait mes poumons et j'expulsais le reste. Mes épaules se décontractèrent, j'étais détendue. Mes démons m'avaient laissé tranquille quelques minutes, enfin cela faisait quelques jours que je ne les côtoyais plus. J'étais fière des progrès que j'avais fait, j'avais espacé mes rendez-vous chez le psychologue, tout étais un minimum redevenu normal dans ma vie. Je pris une dernière taffe sur ma cigarette et l'écrasais dans le cendrier. Je rentrais dans mon appartement, fermant la porte derrière moi. J'étais un peu déboussolée, me demandant si mon cadeau allait lui plaire ou si ce n'était qu'un objet superficiel. J'avais peur de sa réaction. Et Noël était dans cinq jours. Je ne savais pas si je le donnais à Noël ou aux rois mages. J'aimais les traditions françaises pour les fêtes de fin d'année. J'aurais voulu demander à Saúl de fêter Noël avec moi en France, mais je ne voulais pas l'éloigner de sa famille. Le dilemme était grand, difficile, mais si jamais je ne le demandais pas, j'aurais des remords. La porte venait de claquer, le voilà qui arrivait.

Et quand ses yeux rencontrèrent les miens, il a fallu que je me décide rapidement.

triste réalité d'un cœur en peine | SAÚL NÍGUEZ ✓Where stories live. Discover now