chapitre sept.

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SAÚL ÑÍGUEZ ESCLAPEZ.
madrid, 10 décembre.
"On allait bien finir par s'aimer non ?"

Elle était enfin là, à mes côtés, ses cheveux bruns dansaient avec le vent, elle était toujours squelettique, avec les joues creusées et les yeux assortis de cernes violettes effrayantes. Et malgré tout, je la trouvais magnifique. J'avais toujours rêvé la revoir, depuis la première fois où nos yeux s'étaient rencontrés, depuis la première fois que nos lèvres s'étaient assemblées. Il fallait que je la rassure, elle pleurait, et le goût salé de ses larmes était encore imprégné sur mes lèvres. Je l'avais pris dans mes bras, voulant la rendre heureuse, et tout ce que l'on avait gagné c'était simplement un baiser aussi ardent que le premier. J'avais passé mes mains autour de sa taille, nos langues se liaient dans une danse sensuelle. Que m'arrivait- il ? On était là, à s'embrasser, comme si notre vie en dépendait dans les bras, l'un de l'autre. Cette fille me faisait perdre la tête. J'en avais le cœur retourné, l'âme chamboulée, les sentiments défoncés. Adela se détachait la première de notre étreinte plus que charnelle, tendue, et ambiguë. Elle rouvrit se yeux, ses lèvres étaient légèrement gonflée, ses pupilles rouges d'avoir trop versées de larmes. Mais elle n'en restait pas moins sublime, une lueur avait changé dans ses yeux, elle avait quelque chose de nouveau dans le regard. Mon cœur s'attardait sur elle, mes yeux louchèrent sur sa bouche de nouveau. Terrible tentation qui allait me consumer si je ne faisais rien. Débordante énergie quand je l'invitais chez moi. Je voulais l'aider. Je ne suis pas un type incroyable seulement une âme charitable, en peine d'amour, de renouveau. Je savais que cette fille était comme un renouveau, comme si elle pouvait changer ma vie, enfin elle l'avait déjà changé. Elle pansait mes plaies, changeait les pansements de mon deuil amical accompli désormais, depuis qu'elle était là.

Elle me prit doucement la main, contact exquis, presque automatique, comme si nous étions deux amants de longue date. Hypnotisé, je lui faisais parcourir de nombreux dédales de rues. Elle regardait à droite à gauche semblant totalement perdue, elle serrait ma main de plus en plus fort, comme si tous ce qu'elle voyait lui ramenait un mauvais souvenir. Je portais quelques fois une attention particulière à elle, lui lançant quelques coups d'œil protecteurs. Mais elle ne faisait attention à rien, son regard dans le vide elle faisait simplement attention à où est-ce qu'elle mettait les pieds. Je m'arrêtais, elle se cognait à mon dos. Je lui pris les deux mains et lui dit de grimper sur mon dos. Elle était à bout de force, je le voyais bien. Depuis combien de temps n'avait-elle pas mangé, ou dormis ? Elle monta en me lançant un remerciement silencieux qui transparaissait dans son sourire triste, ou du moins nostalgique. Je fus surpris de son poids, mon dieu, elle était légèrement comme une plume de l'oiseau le plus majestueux du monde. Elle mit ses mains autour de mon cou, touchant du bout des doigts la chaîne que j'avais tombante sur mon torse. Je devrais peut être engager une conversation mais que devrais-je lui dire ? Elle n'avait pas l'air d'avoir envie de faire la discussion. 

Et c'est simplement comme deux enfants tristes que nous arrivions chez moi.

triste réalité d'un cœur en peine | SAÚL NÍGUEZ ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant