chapitre six.

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ADELA DA AGÜEIRO.
madrid, 9 décembre.
"Et on venait de se croiser, une seconde fois, embrasse moi."

La brutalité des silences m'entourant me faisait l'effet d'une lame tranchante, aiguisée, il n'y a que quelques secondes la nuit était tombé dans Madrid, ville de la passion pour nombreux, ville royale pour d'autres. Ville de la destruction pour moi. Je me tuais dans les moments les plus parfaits, toujours ce manque ambiant. La lune n'est que le grain de beauté de la nuit quand le ciel se met à noircir. En voyant mes larmes, les gouttes de pluie étaient tombées de l'espace. La voie lactée m'offrait un spectacle digne des plus grands. Amoureuse des constellations j'étais désormais morte, j'en étais sûre. J'étais comme un animal blessé, comme un nourrisson qui pleurait sans pouvoir penser. Seulement triste, j'essayais de me persuader. Hurlant un déchirant et silencieux appel à l'aide. Cherchant désespérément mon sauveur. Le soleil qui traverserait l'orage dans lequel j'étais plongé. Douce douleur à mes poignets, douce étreinte mortelle avec cette femme dans cette robe rouge sang, elle avait d'abord emporté mon père et elle finirait par m'emporter un jour ou l'autre. Comme tout autre humain sur cette terre. J'avais envie d'en finir, je devais rentrer avant de me jeter de ce trottoir, les voitures passaient vites et à la fois si lentement que j'avais déjà la vision de mon corps sur ce capot puis sur le goudron, inerte, sans vie. Je marchais de plus en plus vite sur le trottoir, je courais, il fallait que j'oublie tout.

Vingt-deux heures quinze. Et plus un bruit dans la rue, simplement le résonnement de mes pas vides de sens. Je prenais le temps d'admirer chaque mur, chaque fleur qui luisaient sous la lune. Les gouttes de pluie s'étaient arrêter depuis combien de temps ? Bien trop longtemps sans doute pour se souvenir. Pourtant je me souvenais encore de quand papa m'ait quitté. J'avais les yeux mouillés, les cheveux et les vêtements aussi. En fait j'étais trempée de la tête aux pieds. Et mes larmes coulaient encore plus vite, plus nombreuses. Il fallait que j'oublie mais je n'y arrivais pas, il était toujours là, je le voyais encore sourire à la moindre bêtise, à n'importe quel de mes mouvement. Je semblais désormais plonger dans des sables mouvants. Je me déplaçais aléatoirement dans la ville, noire, comme mon esprit embrumé. Je n'avais pas, ou du moins plus, la force de pleurer, juste le peu d'énergie me servait à me déplacer. Et pour une seconde fois, je tapais encore une épaule, sauf que cette fois je tombais à terre, ou du moins j'en eu le mouvement, car mon corps ne rencontra jamais le sol. J'ouvris les yeux et découvris le visage de Saúl, encore une fois. Comme si l'on était destiné à se retrouver. Je lui souris, gênée, je me souvins de notre baiser, la dernière mais aussi la première fois que l'on s'est rencontré. Son sourire s'élargit, il me tirait vers lui et me fit une douce étreinte. Que se passait-il ? Je sentis enfin mes larmes, est-ce qu'il me câlinait à cause de cela ? Je me reculais puis plongeais mes yeux dans les siens.

D'une envie commune nos lèvres se retrouvèrent encore et encore, que nous arrivait-il ? 

triste réalité d'un cœur en peine | SAÚL NÍGUEZ ✓Where stories live. Discover now