chapitre trois.

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ADELA DA AGÜEIRO.
madrid, 7 décembre.
"Et deux semaines après, la douleur est tout aussi insupportable."

Le manque est un sentiment dévastateur. Mais ce qui me fait encore plus mal ce sont ces coups de rasoir. Mes poignets sont rouges, quelques marques datent de quelques heures, ou de quelques jours ? Je n'ai plus la notion du temps. Quel jour sommes-nous ? Je ne suis pas sortie depuis deux semaines je crois, ou peut-être trois ? Non deux, j'en suis sûre, de rien du tout. Peut-être que demain je serais partie ? Non je ne pense pas. Et j'espère que ma vie sera meilleure demain, enfin j'essaierais d'oublier son absence, cigarette après cigarette, verre après verre me voilà saoule. Et j'oublie ma peine dans l'alcool. Encore et encore, jour après jour.

En sortant de l'immeuble, par manque de bouteilles et de cigarettes ou simplement d'air pur, je tombe sur mon reflet, cernes violettes, joues creusées, voici le portait d'un corps sans vie squelettique, d'une âme désespérée. Cicatrices encore ouvertes et blessures profondes je ne pense qu'à une seule chose, oublier. En arrivant sur le béton du trottoir je fus éblouie par le soleil, du mois de décembre. Douce chaleur chauffant ma peau pâle et torturée. Les rayons de ce soleil noir, de ce ciel déferlant, je succombais de plus en plus au plaisir qu'était la mort. J'espèrais mourir ce soir, après de nombreux verres, voulant à tout prix rejoindre celui qui m'a toujours élevé plus haut. Un bonheur plus qu'immense m'emplit quand je vis cette bouteille de vodka, me tendant les bras, et celle de whisky semblant m'offrir une étreinte réconfortante. Amoureuse de ces douces sensations, goûts raffinés et excentriques se mélangeant dans un difficile supplice. La fumée emplie mes poumons maintenant détruits. J'expulse ce poison avec force et ardeur, et je repense à ses lèvres sur mon front la nuit après mes effrayants cauchemars. Que je suis seule. Il y avait cette foule qui m'étouffait violemment, je me sentais si mal. Mon appel au secours était donc inaudible ? J'avais besoin d'aide pourtant. Je suis déboussolée, seule, triste, et éprise de le revoir. Ma dernière pensée quand il est parti était pourtant de continuer à vivre, d'être heureuse. Je lui avais promis mais comme d'habitude je ne tenais aucune promesses, je loupais encore tout, j'avais vraiment besoin d'aide.

Heureusement que la nuit ne se montrais pas encore, le soleil était haut dans le ciel quand je me suis mise à déambuler dans les rues, à réfléchir à ce que je suis sur Terre. Puis je bousculais ce corps, fins et agréable au regard. Je m'excusais une bouteille de whisky dans les mains. Si fin et distingué comme entrée dans la vie de quelqu'un, ne serait-ce que pour cinq bonnes minutes. Je reprends une cigarette, l'allume et regarde enfin l'inconnu. Yeux clairs, brun et un visage fins, dieu qu'il est beau. Regard plein de malice et de compassion, il m'invite à me sauver, enfin simplement boire un café. Mais je sentais qu'il pouvait changer ma vie.

Et ma rédemption arrivait peut être à cet instant. Je n'en savais rien.

triste réalité d'un cœur en peine | SAÚL NÍGUEZ ✓Where stories live. Discover now