Je suis Hyuck, juste Hyuck

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Ce que Donghyuck fit dans le bureau de sa mère.

Il ouvrit un tiroir, le referma tout aussitôt. Il en ouvrit un autre, jeta un coup d'œil plus prolongé à l'intérieur puis, contraint par le désordre qui y régnait, il consentit à y plonger la main et ferma les yeux ce faisant. Il remua un peu le fatras qui y gisait ; ressortit avec un air victorieux et dégoûté un petit livret, de la taille de la main et dont la couverture était de faux cuir bleuté.

Donghyuck, ayant décidé d'ignorer le tremblement de ses mains, ouvrit d'un coup sec le livret sur le bureau ; un nuage de poussière vola. Il n'eut pas à chercher beaucoup. Il raya un premier nom, qui faisait suite au nom de sa mère et qu'il regarda longtemps. Il n'y avait pas de rage dans son geste ; plutôt un calme résolu, grave et presque triste. Puis, après avoir beaucoup hésité, il raya aussi la première syllabe de son nom. 

Après tout, les deux étaient liés.


Comment Donghyuck s'introduisit dans le bureau de sa mère.

Le samedi, la mère ne travaillait pas. En fait, cela faisait longtemps qu'elle ne travaillait plus, mais le samedi avait longtemps été son seul jour de repos. Du temps où elle travaillait encore. Donghyuck se souvint comme le dimanche, surtout, il lui était dur de la laisser partir ; et elle avait un visage triste et fatigué, fatigué du monde et de la vie, qui rendait la séparation plus difficile encore. 

Mais la mère de Donghyuck ne travaillait plus depuis longtemps. Il était près de seize heures, elle était enfoncée dans le grand canapé du salon, l'air apathique devant la télévision. Comme d'ordinaire. Avant, elle avait un bureau ; elle y passait beaucoup de temps. Le bureau existait toujours, mais elle n'y mettait plus les pieds, sinon en coup de vent, comme pour effacer jusqu'à l'impression de son passage. Donghyuck la soupçonnait de n'y avoir jamais rien retouché depuis tout ce temps, et il la soupçonnait également de n'y pas avoir fait le ménage depuis plusieurs mois. 

Pourtant, il était toujours fermé à clé. Comme à l'époque. Donghyuck introduisit dans la serrure la petite clé que sa mère gardait toujours dans son chevet. La porte s'ouvrit.


Précisions relatives à l'aménagement dudit bureau.

Le bureau était une pièce assez petite, mesurait à peine deux mètres sur trois. Une fenêtre rudimentaire donnait un peu de lumière aux murs qui transpiraient le renfermé. L'odeur, l'atmosphère était tellement poisseuse que Donghyuck fut pris à la gorge. 

Une étagère faisait face à un bureau en bois qui avait mal supporté l'enfermement. Le plateau était taché par l'humidité et couvert d'une épaisse couche de poussière, qui faisait comme de la neige. Le tissu du fauteuil avait considérablement terni et l'assise était rongée par le temps. Les étagères étaient remplies de livres poussiéreux et jaunis ; mais Donghyuck n'eut pas le loisir d'y jeter un œil comme le temps lui était compté.


Mark décide de ressusciter un souvenir.

Ce samedi, Mark avait décidé de faire un peu de rangement dans sa chambre. Enfin, pour être plus précis, il n'avait aucune envie de faire du rangement ; et il n'en ressentait pas non plus la nécessité. Il lui fallait cependant un prétexte valable à ses yeux pour explorer des recoins de sa chambre qu'il avait depuis longtemps laissés de côté. 

Mark ouvrit son placard d'un air décidé. Il poussa plusieurs piles de vêtements, plongea le bras et extirpa un carton qui gisait dans l'ombre. Il ouvrit avec beaucoup de précaution, alors que son cœur bondissait dans sa poitrine, le couvercle du carton.

Il posa l'ours sur ses étagères, après avoir, sous prétexte de nettoyer d'une poussière inexistante, longuement caressé son poil douillet. 


Pourquoi Mark avait enterré son ours.

Mark avait la main bandée et était sagement assis sur le canapé. Dans deux épisodes, on lui avait dit. Le deuxième épisode venait de s'achever, et maintenant, sans oser bouger car Mark était toujours honteux, il s'agenouilla et se dressa en regardant vers l'arrière, pour guetter l'arrivée de sa mère. Cette dernière ne tarda pas. Elle souriait. Une sacrée histoire, quand même. Elle lui tendait son ours.

Dans sa chambre, Mark serra l'ours dans ses bras, très fort, comme pour en éprouver la réalité. Il le porta à son nez, à sa bouche, le retourna, le retourna encore. Les larmes lui montèrent. Il attrapa dans son placard une boîte en carton, plaça le petit ours comme dans un cercueil, referma la boîte qu'il enterra loin, très loin derrière ses vêtements. 

Mark ne pleura pas car il avait l'impression d'avoir enterré un inconnu. Il décida sans beaucoup de conviction que les larmes qui roulaient torrentielles sur ses joues ne le feraient pas mentir.

[NCT | Markhyuck] Le jeudi, de l'autre côté du couloirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant