Rêve III

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La porte se referma brusquement. Mark haletait, mais il était désormais en sécurité. Il eut à cette idée un fort sentiment de soulagement, mais également de complétude, qui emplit sa poitrine avec un air vigoureux et agréable.

Il se laissa glissa d'un coup contre le battant, replia ses genoux contre lui. Il ne ressentait pas la fatigue, il ne ressentait pas le temps, pas le courage qui lui avait manqué tout à l'heure, ni le courage qu'il avait eu en trop grande quantité auparavant ; il ne ressentait plus rien du tout et profitait seulement de l'état d'anesthésie que sa course avait provoqué en lui.

Mark s'éveilla, se retourna dans son lit puis se rendormit.

La porte était froide dans son dos, mais lorsqu'il essaya de remettre de l'ordre dans ses pensées, il s'aperçut qu'il était en définitive incapable de synthétiser, ou même de se souvenir de ce qui s'était passé auparavant. La porte contre laquelle il était semblait dégager une vive aura de mystère, peut-être de danger. Il se leva d'un bond, avant même d'avoir eu le temps de se résoudre à une décision particulière puis, devançant même les aires les plus vivaces de son esprit, abaissa la poignée et ouvrit la porte.

Devant lui se présentait un couloir assez long, abondamment éclairé. Les dalles étaient faites d'un verre qui ne possédait pas de couleur et les murs embrassaient une courbe assez prononcée quand le couloir courait tout droit. Mark s'avança de biais, ne sachant quelle attitude observer. Il maintenait ses épaules en avant, un peu cambré, un peu penché en avant comme peut l'être un homme d'un âge avancé, et il semblait en effet à Mark que son corps était extrêmement lourd, que ses membres résistaient au mouvement qu'il leur imprimait, que sa respiration était difficile, pesante.

Mark comprit qu'il se trouvait en réalité sous l'eau. Il s'étonna de ne pas être déjà la proie d'un mouvement de panique puis, soudain très inquiet de ne pas avoir vu son corps manifester davantage d'agitation mais au contraire persévérer dans un calme plus grand encore, il se mit à s'agiter dans tous les sens avec l'application de qui mime la noyade.

Il fut manifestement plutôt convainquant, car l'eau autour de lui se mettait à remuer de plus belle, à tourbillonner autour de ses chevilles, de ses mollets, de son torse et de son cou ; l'étranglait soudain et Mark vit de petites bulles s'échapper devant ses yeux, s'écraser avec un grand fracas au sol.

Mark s'éveilla, se retourna dans son lit et se rendormit.

Lorsque Mark ouvrit les yeux, il ne tarda pas à se rendre compte qu'il se noyait. Une panique très vive s'empara de lui à mesure qu'il manquait d'air, puis, dans un renoncement lâche, il ouvrit la bouche par inadvertance et une bulle d'air tomba très lourdement dans sa paume.

Mark ne fut pas surpris : c'était là sa délivrance. Alors, il rassembla tout son courage, ouvrit la bouche très grand et, tandis qu'il sentait l'eau pénétrer en lui avec violence, il émit un cri terrible, le plus puissant qu'il put produire. Des milliers de petites billes d'air s'écrasèrent au sol et, à mesure qu'elles s'entassaient, les dalles se fendaient. Soudain, tout s'effondra. Mark fut aspiré vers le bas et l'eau se déversait dans une pièce assez petite, qui ne faisait pas plus de quelques centaines de mètres de long, et entraîna Mark qui suffoquait, prisonnier à l'intérieur du flux.

L'eau fuyait avec force et Mark fut projeté contre le mur. Dès que l'eau cessa jaillir avec une telle intensité, il se précipita près de la brèche, ferma soigneusement la porte qui se trouvait tout à côté. Mark haletait, mais il était désormais en sécurité. Il eut à cette idée un fort sentiment de soulagement, mais également de complétude, qui emplit sa poitrine avec un air vigoureux et agréable.

Il se laissa glissa d'un coup contre le battant, replia ses genoux contre lui. Il ne ressentait pas la fatigue, il ne ressentait pas le temps, pas le courage qui lui avait manqué tout à l'heure, ni le courage qu'il avait eu en trop grande quantité auparavant ; il ne ressentait plus rien du tout et profitait seulement de l'état d'anesthésie que sa course avait provoqué en lui.

Mark s'éveilla, se retourna dans son lit puis se rendormit.

La porte était chaude dans son dos. Mark fut saisi, alors que lui-même grelottait pour une raison qui lui était inconnue, par l'insolence d'un tel contraste. Avec colère, son poing s'écrasa contre le battant qui branla sous la force de sa rancœur. Puis, s'étant calmé, il remarqua le trou béant, d'une bonne trentaine de centimètres de diamètre, qu'il avait aménagé dans le bois. Après avoir retiré les échardes longues comme des aiguilles à tricoter qui traversaient sa main de bout en bout, il se glissa à l'intérieur du trou et arriva dans un espace dont la particularité extrême de la configuration le frappa.

Le plafond était exceptionnellement bas, si bien que Mark fut contraint de ramper pour avancer. Une gigantesque statue de cire figurait un garçon qu'il semblait connaître. Sa hauteur impressionnante poussa Mark à ramper avec davantage de précaution encore. Lorsqu'il fut parvenu au socle de celle-ci, il entreprit de glisser ses bras de chaque côté de sorte qu'il mesurât avec précision sa taille. Mark ressentait en effet un éminent besoin de repères ; la taille de la statue lui sembla un repère tout à fait valable et attrayant.

Puis, lorsqu'il sentit sa main droite toucher avec facilité le coude de son autre bras, il comprit qu'il avait été abusé par un effet d'optique. La statue, en réalité, n'était pas si grande ; pour ainsi dire, elle avait une taille assez similaire à la sienne. Il en fut incroyablement soulagé.

Mark s'éveilla, se retourna dans son lit puis, alors qu'il s'apprêtait à se rendormir, il sentit quelque chose, une présence chaude et rassurante dans ses bras. Soudain très éveillé, il bondit, se redressa, le cœur battait dans sa poitrine.

Il ne découvrit contre lui que son oreiller. Il eut un pincement au cœur en se découvrant déçu et plongea, afin d'éviter que la lune le vît rougir, la tête dans ses draps.

[NCT | Markhyuck] Le jeudi, de l'autre côté du couloirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant