Chapitre IV

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Nous restâmes là, le temps s'éternisa. Le regard intense de Madame Jones ne me quitta pas et je fus incapable de répondre.

C'était une sensation très étrange de perdre ses moyens face à une inconnue.

Au seuil de la porte, je m'effaçai, la laissant entrer dans l'appartement Kendall Jones passa très près de moi, sans cesser de m'observer, me surplombant. Ma gorge se serra et l'air sembla manquer dans mes poumons. Dans cette proximité, l'odeur sucrée de Madame Jones m'enivra, elle sentait si bon. J'eus envie que cette odeur de ne dissipe pas.

Mon cuir chevelu picotait comme si soudainement l'air autour de moi était devenu irrespirable, chargée d'électricité. Ma poitrine brûlait légèrement. Je ne connaissais pas ces sensations, je n'avais jamais ressenti cette attraction.

Car oui, c'était bien de ça dont il s'agissait. Je n'avais certes pas beaucoup d'expérience en la matière mais je n'étais pas naïve au point de ne pouvoir reconnaître les signaux que m'envoyait mon corps. Surtout lorsqu'il s'agissait d'une première.

Bien évidemment j'avais eus quelques expériences dans le passé, désastreuses certes — mais tout de même. Ma première expérience remontait à ma dernière année de lycée, c'est-à-dire à cinq années en arrière. Cette dernière, avait été plutôt sans intérêt. Le genre d'histoire dans lequel on s'empêtre parce que le garçon n'est pas trop mal, que l'on a aucune réelle raison de lui refuser un essai, et qu'en parallèle toutes nos amies nous poussent dans ses bras.

L'histoire aurait pu se résumer à ça. Cependant, il avait fallut qu'elle devienne humiliante : un après-midi, ce garçon et moi nous embrassions sur le canapé de son salon, alors qu'il avait demandé à ses parents s'il pouvait m'inviter. Cette séance d'embrassades maladroites  avait apparemment laisser penser à mon petit ami de l'époque je voulais davantage, ce que j'avais cru aussi. Il avait donc fini par retirer son t-shirt, puis le mien, et à déboutonner son jean. Visiblement très émoustillé. Et c'est justement son ardeur qui m'avait fais prendre conscience de mon quasi-stoïcisme. In fine j'étais sortie de chez lui presque en courant.

Le soir même je l'avais bloqué de tous mes réseaux sociaux et nous nous étions évités tout le reste de l'année. Avec le recul, je réalisai que sans doute n'importe quel autre garçon de son âge m'aurait fais vivre un calvaire au lycée après cet épisode mais force est d'admettre qu'il avait été mature, bien plus que moi parce que franchement, c'était ridicule quand j'y repensais !

J'aurais pu simplement lui dire que je n'en avais pas envie ou que je n'étais pas encore prête, j'aurais pu faire n'importe quoi d'autre que prendre la fuite comme une voleuse et ensuite l'éviter sans lui donner la moindre explication. Quoi qu'il en soit, cette première expérience m'avait marqué pour ne pas dire traumatisé, et cela avait d'ailleurs été la première, et la dernière fois que quelqu'un m'avait embrassé avec l'intention d'aller plus loin.

Mes autres expériences remontaient à lorsque j'avais été en fac de médecine, et elles avaient été encore plus plates que la première :
J'avais eu quelques dates avec d'autres étudiants, certains cherchaient des aventures d'un soir, ce qui n'était pas mon cas. D'autres voulaient des histoires plus sérieuses, ce qui n'était pas vraiment mon cas non plus. D'autres étaient trop bavards, d'autres pas assez. D'autres trop réservés, d'autres trop avenants.

Bref, j'avais toujours trouvé les relations sentimentales trop compliquées. Et mes tentatives m'avaient toujours donné raison. Ou alors je n'étais juste pas douée pour ce genre de chose, c'est vrai, après tout à chaque fois que je rencontrais un homme quelque chose clochait. De toute manière j'avais totalement renoncé à l'idée de rencontrer la bonne personne.

Madame JonesWhere stories live. Discover now