Chapitre XXV

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Je restai figée.

Mes iris s'affolèrent.

Ma respiration s'accéléra, et un étau sembla se resserrer au niveau de ma gorge rendant mon état de stress de plus en plus évident. Mes doigts attrapèrent le bout des manches du pull en laine que je portais sous ma veste, ces petits bouts de tissu devinrent une bouée de sauvetage dans l'océan mouvementé qui se déchaînait en moi.

Je pouvais presque sentir la terre tourner, si vite, que j'en eu le vertige, la nausée.

Mon front me picotait et la concentration avec laquelle Madame Jones m'observait acheva de me rendre presque malade, comme si je ne me retrouvais pas déjà suffisamment dans une situation embarrassante.

Je tentai un furtif coup d'oeil vers Madame Jones, sans pour autant avoir le courage de la regarder franchement. Le visage de Kendall se crispait progressivement, certainement en raison de l'absence de réponse de ma part. En même temps, il y avait de quoi ! Kendall avait cette manie de lâcher des bombes inattendues, me laissant avec un « Débrouille toi ! » Comme si j'étais plus douée qu'elle sur ce plan.

Tu parles.

J'étais en hyper-ventilation, prête à m'étouffer avec l'air pourtant agréablement frais du crépuscule qui pénétrait mes poumons. Aucun de mes membres ne semblaient vouloir coopérer, à croire que Kendall avait prononcé une formule magique qui m'avait pétrifié sur place.

Ma bouche, elle, avait abdiqué depuis longtemps. Elle ne comprenait ni ce que mon corps lui ordonnait, ni mon coeur et encore moins ma raison parfaitement décontenancée.

Penser, réfléchir : bref, tout ce qui se rapportait à un quelconque effort intellectuel à cet instant précis m'était impossible, pourtant j'en ressentais des choses, étrangement : positive, incontestablement : renversante, mais à quoi bon ?

Madame Jones ne mesurait en rien la profondeur de ce qu'elle venait de dire, c'était une femme d'action, qui vivait l'instant présent, elle venait simplement de formuler un désir ponctuel. C'était rassurant je devais l'avouer de savoir qu'elle me désirait encore, si elle l'admettait c'était sans doute qu'il n'y avait personne d'autre.

Ce n'est pas seulement du désir Atlantis... résonna une voix que je n'avais pas entendu depuis un moment.

- Si ! Réprimendais-je intérieurement ce pan deviant de ma conscience.

Kendall ne pouvait rien concevoir d'autre en terme de relation que du désir, de la soumission, j'en étais convaincue et puis son histoire le prouvait bien. J'espérais, ne pas me tromper car il fallait avouer que cette phrase qu'elle avait prononcé ; cette phrase infime et vide de sens - ou du moins interprétable de tellement de manière qu'elle ne signifiait plus vraiment grand chose- avait réveillé une vérité que je refusai d'admettre mais qui venait de me frapper en pleine figure : je commençais visiblement à tomber dans mon propre jeu et il aurait été assez malheureux que je devienne l'arroseur arrosé de l'histoire.

Quoi que quand on y pensait... Je n'étais pas à un malheur près vu la bombe à retardement que j'avais moi-même amorcé.

Je restai là, mes yeux s'accrochant à l'inscription métallique de l'immeuble « 112 » situé en face de celui ou je vivais, espérant que la confidence de madame Jones disparaisse avec les derniers rayons de soleil s'évanouissant peu à peu.

Aller juste un petit miracle, suppliais-je en emprisonnant ma lèvre inférieure entre mes dents.

Il fallait bien que quelque chose me sauve de cette situation puisque Madame Jones ne semblait pas vouloir passer à autre chose tant qu'elle n'aurait pas obtenu de réponse.

Madame JonesWhere stories live. Discover now