Chapitre XIV

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Je sentais un poids particulièrement étouffant peser sur mes épaules. Je n'avais jamais vu une telle lueur dans les yeux de ma meilleure amie. Elle était certes impulsive, mais je ne comprenais pas ce qui lui avait pris de réagir aussi violemment. Elle avait voulu que je parle avec Kendall, je l'avais fait ! Et maintenant, elle s'emportait ? Je n'y comprenais plus rien. Quelque chose m'échappait visiblement ou alors Arya était dans sa période « crise de nerf », elle était insupportable lorsqu'elle avait ce genre de saut d'humeur.

Je me sentis cependant atrocement coupable de ne pas avoir retenu ma meilleure amie...

De ne pas avoir défier Kendall.

C'était la deuxième fois que je me retrouvais dans cette situation : coincée entre Arya et Kendall. J'avais cru qu'elles s'entendaient bien désormais, mais j'avais visiblement oublié que ma meilleure amie était particulièrement protectrice envers moi. Mais qu'est ce que elle avait voulu au juste ? Que je mette Kendall à la porte ? Je comprenais qu'elle se montre méfiante vis-à-vis de Kendall surtout après tout ce qui s'était passé dernièrement, mais l'essentiel était que les choses se soient arrangées, non ?

Peut-être qu'Arya était sur les nerfs parce qu'elle s'était disputée avec Morgan ? Cela faisait un moment qu'elle ne m'avait pas parlé de lui, et leur relation semblait être différente des relations insignifiantes qu'elle avait eu jusqu'à présent. Peut être qu'elle avait des sentiments pour lui et que ça la mettait dans tout ces états ? J'allais devoir lui parler lors du dîner, même si cela allait être compliqué en présence de Derreck et Da...

Non, non il ne valait mieux pas que je me mette à penser à mon frère maintenant, je ne ferai que paniquer.

J'avais entendu Arya hurler que Kendall et moi étions censées nous parler dans un lieu public. Effectivement, si j'avais eu le choix, je l'aurais sans doute exigé également. De manière à éviter que cette discussion ne finisse... Comme ça : moi, nue, les mains douces et chaudes de Kendall sur moi, ses murmures aux creux de mon oreille, mon orgasme dévastateur. Mais tant pis, nous ne nous étions pas parlées dans un lieu public et cette histoire n'avait été qu'un fâcheux malentendu. Rien ne s'était passé comme prévu mais tout c'était bien passé ! N'était ce pas l'essentiel ? Si... mais quelque chose que je n'arrivais pas à qualifier me titillait.

Quel foutoir, se moqua une voix dans ma tête.

Si Arya connaissait un minimum Kendall, elle saurait que c'est toujours elle qui pose les conditions.

Toujours ?

Oui toujours ! Madame Jones et son autorité, Madame Jones et son ego, Madame Jones et ses directives. Kendall avait un don pour me mettre dans des situations où je devenais un simple pion sur son échiquier. C'est exactement ce qu'elle avait fait aujourd'hui et j'étais retombée dans ses bras - ou plutôt sous ses doigts. Je n'avais pas envisagé une seule seconde que Kendall soit sincère et qu'elle ait fait tout ceci pour me protéger, alors évidemment que je n'avais pas imaginé l'issue qu'aurait pu prendre notre conversation s'il s'avérait que c'était moi qui me trompais depuis le début. Non, j'avais plutôt cherché un tas de répliques méchantes à lui lancer lors de notre « discussion ».

Comme toujours, ma longue et minutieuse préparation ne m'avait guère servit. Madame Jones parvenait inévitablement à avoir un, ou deux coups d'avance sur moi. Elle me faisait baisser ma garde en ne faisant presque rien. Je ne parvenais jamais à anticiper, dès qu'elle se tenait devant moi mon sort semblait déjà scellé. Cela m'excitait autant que cela me donnait envie de l'étrangler. C'était très attrayant au début, j'y trouvais quelque chose de déconcertant, et d'incroyablement charmant.

Aujourd'hui : cela m'effrayait. J'avais passé une semaine infernale, il m'avait été impossible de dormir paisiblement, de travailler tranquillement, je réfléchir aisément. Je n'avais cessé de penser à Kendall, à sa main sur la nuque de Marie-Anne. Ce que j'avais ressenti lorsqu'elle m'avait ignoré, je n'avais cessé de ressasser nos ébats, de penser à ce fameux premier soir. Jamais je ne m'étais sentie aussi vulnérable et fébrile.

Madame JonesWhere stories live. Discover now