Chapitre VIII

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La première chose qui me frappa à mon réveil fut une sensation de gêne au niveau de mon entre-jambe. Je relevais lentement mes jambes, mais des picotements me firent pousser quelques grognements. Je me redressais doucement. Assise sur le lit, je repris vaguement mes esprits. Je remarquais que je portais une nuisette noire en soie, que je ne me souvenais pas avoir enfilé. À vrai dire j'avais plongé dans un profond sommeil, sans même m'en rendre compte, je n'avais pas aussi profondément dormi depuis des lustres. Il n'y avait que lorsque je dormais avec ma mère que je parvenais à aussi bien dormir. Le matelas y était sans doute pour quelque chose, je n'avais jamais dormi sur quelque chose d'aussi moelleux.

Je réalisais peu à peu ce qui s'était passé durant la nuit, et les scènes revirent à mon esprit avec une clarté qui ne laissait aucune place au doute. Je me souvenais de tout, mais je n'arrivais pas à croire que j'étais à l'origine de ce qui s'était passé, qu'est ce qui m'avait pris de me jeter dans les bras d'une femme que je connaissais à peine ? Ou plutôt qu'est ce qui m'avait pris de boire ces deux verres de champagne ?

Je ne buvais jamais, et en le faisant, je venais de bafouer une forme de « fiche de route familiale». En effet, personne ne buvait d'alcool chez moi. Bien qu'au décès de mon grand-père : mon père Éric, avait hérité d'une collection assez impressionnante de grands crus, qu'il avait pour la plupart vendus aux enchères tandis qu'il en avait gardé quelques-uns en guise de collection. Mon père n'était pas un grand adepte des boissons alcoolisées. Il les supportait mal et il supportait encore moins l'idée de ne pas parfaitement se contrôler : mon père était un homme rationnel et lucide. Le vin était pour lui d'avantage l'héritage d'une passion familiale qu'une boisson. De plus ma mère A'laya, en raison d'une enfance difficile : avec une mère alcoolique et un père démissionnaire, avait toujours eu l'ivresse en horreur. Ainsi, nos parents avaient toujours pris soin de nous tenir au plus loin de l'alcool. D'abord, parce que la simple vue d'un verre d'alcool mettait ma mère dans de terribles états, mais aussi parce que mon père n'aimait pas particulièrement cela non plus. Et qu'il attendait de nous une conduite quasi-irréprochable. L'alcool ne nous avait donc jamais été explicitement prohibé, mais mon frère et moi avions grandis avec une vision très lugubre d'une boisson que l'on considérerait comme dangereuse et comme source de problème.

Lorsque je réussis à ouvrir les yeux après une lutte qui dura quelques minutes, je fus étonnée de constater que j'étais seule sur le lit immense. L'autre côté de celui-ci n'ayant pas été défait, je devinais que j'avais passé la nuit seule.

Ce n'était pas vraiment l'idée que je m'étais faite de ma première fois. J'aurai plutôt pensé me faire envelopper par des bras chaud toute la nuit et me faire réveiller par une multitude de baisers plus niais les uns que les autres. Mais je me souvenais le lui avoir demandé, je voulais dormir seule et Kendall était une femme de parole, elle me l'avait suffisamment prouvé. Elle ne semblait pas non plus être du genre affective, et aux dernières nouvelles, je ne l'étais pas vraiment non plus.

« Mes soumises ne sont pas mes petites amies » la phrase fit écho dans ma tête.

Tête qui d'ailleurs était sur le point d'exploser, même le silence semblait résonner. Ma gorge elle était sèche, et mon ventre se mit à gargouiller, mes activités nuptiales avaient visiblement pomper tout ce que j'avais ingurgité la veille.

Je réussis tout le même à me lever du lit à baldaquin, malgré les picotements au niveau de mon entrejambe. La pénombre dans la chambre en raison des stores baissés, ne m'empêchait pas de discerner les meubles blancs modernes et épurés qui s'y trouvaient. Cela semblait être une suite, je devinais une salle de bain et sans doute un dressing. Je n'aurai pas su dire si c'était la chambre de Kendall ou non, mais la pièce me semblait tout de même un brin impersonnelle.

Madame JonesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant