Breathe [ Une Femme Brisée Tome 2]

chapitre 27

Lorsque l'on rentre, je fais en sorte que tout soit parfait pour le retour de mes parents. Je fais le ménage, je range la cuisine, la vaisselle, ma chambre, celle de Zoé et Noah, je leur fais faire leurs devoirs et prendre leur douche.
Puis je m'attaque au repas vers 18h30.
Je prépare des pâtes carbonara.

Ma mère rentre à 19 heures, quand je termine le repas. Je respire un bon coup et me retourne pour être face à elle quand elle entrera dans la pièce.

Elle arrive quelques secondes plus tard. J'essaye de décripter son visage. Elle est très fatiguée. Elle semble en colère, vraiment en colère.

- Hanna.

- Maman, je suis tellement désolée, dis je en faisant un pas vers elle. Je te jure, je ne l'ai pas fais exprès.

- Je suis heureuse que tu ailles bien. J'étais à deux doigts d'appeler la police ! Mais nous devons en parler. C'est grave Hanna. Ton père et moi étions très inquiet. Monte dans ta chambre. Ton père va arriver, on en parlera.

Je ne réponds rien et obéis. J'ai vraiment honte.

À 20h30, je suis toujours dans ma chambre. J'ai entendue ma mère appeler Zoé et Noah il y a un peu moins d'une heure, je suppose qu'ils ont mangés. Je crois que mon père est arrivé.
Ils attendent sûrement de les coucher pour me parler.

- Hanna ! Descend, appelle ma mère.

Dans la cuisine, il y a trois assiettes de pâtes carbonara fumant sur l'îlot central. Mes parents sont là tout les deux. Ils se lancent un regard mais ne disent rien.
Je m'installe en silence et plonge ma fourchette dans mes pâtes.

- Nous avons longuement parlé avec ton père. Nous sommes très déçu Hanna. Nous comprenons que tu grandi, que tu te fasse des amis. Mais tu as toujours des responsabilités. Si tu veux sortir toute la nuit et rentrer que le lendemain, il n'y a pas de problème. Mais tu nous préviens pour que l'on puisse s'organiser, et surtout tu donnes des nouvelles. Tu n'as que 15 ans, et tu commences tout juste à sortir. Nous n'avons même pas parler de l'alcool et de la cigarette avec toi.

- Maman, ne t'inquiètes pas. Ce ne sont jamais des grosses fêtes tu sais. Je sais que c'est mal de boire et de fumer...

Je n'ai jamais menti à ma mère. J'espère que je ne suis pas rouge comme une tomate...

- Tant mieux. Tu seras quand même puni. Pour le prochain mois, interdiction de sortir.

- Quoi ? Mais maman !

- Il n'y a pas de mais, intervient mon père. Heureusement, il y a eu plus de peur que de mal. Mais tu dois comprendre que ça ne doit plus se reproduire.

- D'accord.

Le reste du repas se fait dans un silence total. Lorsque j'ai fini mon assiette, je me lève, l'a mets dans le lave vaisselle et m'en vais dans ma chambre sans même dire bonne nuit.

Après ma douche, j'enfile mon pyjama et m'allonge dans mon lit. Je m'apprête à me coucher, puis je finis par me relever et descendre. Je dois des excuses à mon père, ce que je n'ai pas fait. Et au moins dire bonne nuit.
Je descends discrètement les escaliers pour ne pas réveiller Noah et Zoé.

J'entends la voix de ma mère dans la cuisine.

- Non papa. Je ne viendrais pas chez toi avec les enfants. Non ! J'ai trop souffert.

Attendez... Papa ? Mais alors... Mon grand père n'est pas mort ?

Je remonte quatre à quatre les escaliers, en essayant d'être le plus discrète possible. J'ai un grand père. Enfin, un deuxième grand père. C'est impossible... Je ne comprends pas. Ma mère m'a dit qu'il était mort quand j'étais petite. Pourquoi m'a t'elle menti ? Je suis tellement perdue.

Je m'allonge dans mon lit et je craque : des torrents de larmes dévalent mes joues sans que je ne puisse me contrôler. C'est trop pour moi. Je n'ai encore jamais menti à mes parents. Je ne me suis jamais fais punir. Je n'avais jamais bu, jamais fumé. En quelques semaines, beaucoup trop de choses ont changés. Et c'est trop à gérer. Et maintenant, j'ai un grand père... Je n'en reviens pas. Ce n'est pas une chose que l'on peu cacher à son enfant.
En tout cas, je ne dois pas en parler à la maison. Si Zoé et Noah l'apprennent, ça va les perturber. En plus, ma mère a dit qu'elle avait souffert... Peu être que mon grand père n'était pas un homme bien.
Mais les gens changent.
Alors... J'aimerais tant le rencontrer. Il avait l'air de vouloir que l'on aille le voir. Il ne doit pas vivre très loin d'ici.
Je dois tout faire pour le retrouver.

Une vingtaine de minutes plus tard, ma crise est passé et je ne pleure plus.
Je me lève et prends un carnet.
Lorsque je me sentais seule, j'en prenais un. J'en ai pleins : un carnet à dessin, un carnet où j'invente des histoires, un autre avec des recettes de cuisine, un carnet avec les musiques que j'aime et que je n'aime pas et enfin un carnet avec mes films préférés.
J'en sors un tout neuf : il est rose pâle, et les feuilles sont vierges.
Je commence à écrire. Je fais une liste.

Les choses qui ont changés dans ma vie depuis la rentrée de seconde.

- J'ai mes règles. Assez régulièrement.

- Ma poitrine pousse vite. Un peu trop vite aujourd'hui. Je ne m'y suis pas habituée.

- J'ai un petit copain. Logan. Lorsqu'on est ensemble, je me sens bien et je me surprend à avoir des pensées que jamais je n'aurais eu avant.

- J'ai fumé. Plusieurs fois et... Ça m'arrive d'en avoir réellement envie maintenant.

- J'ai fais des grosses soirées. Avec beaucoup de gens, de l'alcool et des cigarettes.

- J'ai eu ma première mauvaise note la semaine dernière. 9/20. Je vais attendre avant de prévenir mes parents...

- Je me suis fais punir pour la première fois par mes parents. J'étais mal. Après un trop pleins d'émotions, j'ai pleuré. Ça fait longtemps que ça ne m'étais pas arrivé. Ça fait du bien.

- Je leur ai menti. Je me suis sentie tellement mal.

- J'ai un autre grand père. Enfin... Je crois. Je dois découvrir la vérité.

Je referme mon carnet et le range dans le tiroir de mon bureau. Je pousse un long soupire.
Je me brosse les dents, ferme mes volets et me glisse sous ma couette.
J'attrape le livre qui est posée sur ma table de chevet, la leçon. Je dois le terminer pour la fin de la semaine prochaine. Je l'aurais fini bien avant.

Je lis jusqu'à 22h, puis je me couche, exténué de cette journée.
Demain, je devrais trouver un moyen d'avoir des informations. Et s'il faut que je demande directement à ma mère, je le ferais.