chapitre 34

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Le lendemain, je décide d'aller chez mon grand père juste après les cours. J'espère qu'il sera là. Je n'irais pas avec mon père, c'est hors de question.
Je préfère être seule.

Je trouve facilement le bus qui va rue Beaulieu. J'espère que l'arrêt ne sera pas trop loin de chez lui.
Dans mon sac, j'ai les deux photos que j'ai choisi la veille : une récente et une autre assez vieille.

Dans le bus, je croise discrètement les doigts et espère que mon grand père aura changé ses dernières années.
Même si je suis en colère, je sais au fond de moi que ma mère ne me ment pas. Mais peut être qu'elle empire la situation... Je dois le voir de mes propres yeux. Il s'agit de ma famille et personne ne doit me priver de ça. Personne.

Lorsque j'entends que le prochaine arrêt est Beaulieu, j'appuie sur le bouton afin que le bus s'arrête.
Dans ma main droite, se trouve un bout de papier froissé, où est inscrit l'adresse de mon grand père.

Je descends du bus et décide de lancer le GPS de mon téléphone.

Par chance, la maison n'est qu'à 5 minutes de marche.

Durant le trajet, pleins de pensées envahissent mon esprit. Je me demande ce qu'il va penser de moi, si il va me croire. Comment il sera aussi. Sûrement assez âgé.
Je me demande comment est sa maison.
J'espère tellement qu'il m'aimera. J'ai besoin de lui. J'aurais tant aimé connaître ma grand mère également...

Quelques minutes plus tard, j'arrive devant une maison. Elle est de taille moyenne, et ne semble pas avoir d'étage.
Le jardin extérieur n'est pas du tout entretenu. L'herbe est assez haute, et la plupart des plantes sont desséchées. Il y a une voiture de garé. J'en conclue donc qu'il est là.

Je m'avance doucement et me plante devant la porte. Mon cœur bat à mille à l'heure. Je le sent battre dans mes tempes. Ma respiration s'accélère. Pendant un instant, je pense prendre mes jambes à mon cou et m'en aller.
Mais je ne peux pas avoir fait ça pour rien. C'est impossible.

Alors je prend mon courage à deux mains, et je toque.

Quelques instants plus tard, un homme assez âgé m'ouvre la porte.
Il a un début de calvitie. Le reste de ses cheveux sont gris et blanc. Il a de grandes cernes et de nombreuses rides.
Il me regarde de haut en bas.

- Tu es qui toi ?

- Bonjour. Je m'appelle Hanna Rose Johnson. Je suis votre petite fille. Vous... Vous êtes mon grand père.

- Je n'ai pas d'argent, dit il en commençant à fermer la porte.

- Non ! Attendez s'il vous plaît ! Je ne rigole pas. J'ai même emmenée des photos... Je ne veux pas d'argent. Je veux juste vous rencontrer. Vous faites parti de ma famille.

Il soupire et se pousse un peu pour me laisser entrer.
Je le suis jusqu'à la cuisine. Elle est plutôt spacieuse. Mais elle est vraiment en bazard. Ça pu l'alcool et la cigarette. Là dessus, ma mère ne c'était pas trompée...

Je tire une chaise et m'asseois.

- Ma mère, Mia Chartier, m'a un peu parler de vous. J'ai apporté deux photos.

Je les sors et les poses sur la table. Un demi sourire se dessine sur son visage.

- Tu sais, je n'ai jamais été un bon père. Alors un grand père...

Il se lève et fouille dans les placards.
Il sort ensuite une bouteille de whisky et se sert un verre.

- Tu veux un verre ?

- Non... Non merci.

- Aller, c'est bon. Vu ta dégaine, je peux parier que tu bois. J'ai des bières.

- D'acc... D'accord.

Il m'en décapsule une et la pose devant moi.

- Merci...

Je l'a prend et bois une gorgée.
Elle a un goût horrible. Je ne pourrais jamais la boire en entière.

- Alors, t'as quel âge toi ?

- J'ai 15 ans. J'ai une petite sœur, Zoé, et un petit frère, Noah.

- Oui, c'est bien ta mère ça. Faire des gosses, c'était son but. Toujours avec le même ?

- Et bien je... Je crois oui. Elle est avec mon père depuis des années.

- Ouais. Je l'aimais pas. Il font quoi comme métier ?

- Ma mère est infirmière, et mon père chirurgien.

- Ils doivent bien s'en sortir dans la vie. C'est cool.

- Vous... Tu n'as pas eu de nouvelles de ma mère ?

- Bah non. Enfin, j'en ai jamais demandé. Elle t'a racontée quoi sur moi ?

- Elle m'a dit que... Que tu étais mort.

- Quel connasse. C'est bien elle ça. C'était une incapable.

Je me sens rougir. Je suis vraiment mal à l'aise. Il ne s'intéresse pas du tout à moi et ne m'a pas sourit une seule fois. Je me sens vraiment mal.

Il fini son verre d'une traite et s'en sert un autre.

- T'as fini ta bière ?

- Non...

Il hausse les épaules et prend une gorgée de son verre.

- Je ne vais pas trop tarder. Je dois m'occuper de Noah et Zoé...

- Ça va, il y a pas la feu, dit il en posant sa main sur mon genou. Je me crispe. Pourquoi t'es là ? T'as décidé de venir me voir du jour au lendemain ?

- Non... Non je... J'ai entendue ma mère vous... Te parler. Et j'ai entendue qu'elle a dit le mot "papa". J'ai tout de suite compris. Ça a été très dur mais j'ai fini par avoir ton prénom. J'ai trouvé ton adresse et je suis venue.

- D'accord. Oui, j'aurais aimé venir vous voir. Mais ta mère a refusé. Quelle conne. Ça me fait très plaisir de te voir.

Sa main est toujours posé sur mon genoux.

Ce geste, qui pourrait être qualifié d'affectif, ne l'est pas du tout pour moi. Je le connais à peine et je suis de plus en plus mal à l'aise. Mais j'ai trop peur pour le repousser.
Je le regarde brièvement et sourit légèrement, gênée. Puis je fixe ma bière, que je n'ai presque pas touché.

- Tu n'es pas très bavarde toi.

- Non... Non pas trop. Je dois vraiment y aller.

- Ah oui ? Dommage.

Tout en laissant sa main sur mon genoux, il se sert un autre verre et le bois d'une traite.

Avec le peu de force que j'ai en moi, je parviens à repousser sa main et me lève précipitament de ma chaise.

- C'est quoi ton problème ?

- Je ne suis pas à l'aise.

- C'est ta mère. Elle t'a foutu des conneries dans la tête. Comme toujours. Dès sa naissance, c'était un poids pour moi.

- Tu n'as pas le droit de l'insulter ! Je me met à hurler. Espèce d'enfoiré ! Je ne voulais pas l'a croire mais elle avait raison ! T'es qu'un connard d'alcoolique. Ça pu la clope chez toi, c'est horrible. Et t'as aucun droit de me toucher, je te connais même pas ! Et puis, pourquoi tu l'as appelé pour nous voir ?! Hein ? Tu voulais quoi ?!

- Honnêtement ? J'ai pas le souvenir de l'avoir appelé. Je devais être bourré.

- T'es un connard.

Je récupère mon sac à main et sort précipitament de la maison.
J'ai besoin de respirer un bol d'air frais.

Breathe [ Une Femme Brisée Tome 2]Where stories live. Discover now