Emy, 23 ans, Bretonne et reine des quiches personnifiée, a toujours rêvé d'écrire un roman... sans s'en être jamais crue capable.
Mais quand elle manque de se faire assassiner par un vieux schnock complètement toc-toc et embrasse malencontreusement...
— Je te plaque, acquiesce Gab' en se grattant le bras.
— Comme une affiche au mur ?
Le regard perplexe qu'il me lance conforte mon choix. Désolée, mais s'il est incapable de reconnaître les paroles d'une chanson des BB Brunes, alors oui, je n'ai plus rien à faire avec lui.
— Nous deux, c'est fini, précise-t-il pourtant, comme si je ne venais pas DÉJÀ de rompre avec lui.
— Ah.
— « Ah » ? C'est tout ce que tu trouves à dire ?
Il faut croire que oui.
— Tu as pris ta décision à quelle heure ? m'enquiers-je, craignant de m'être faite avoir.
— À l'instant, pourquoi ?
Ouf, mon honneur est sauf !
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— Ça fait un moment que j'y réfléchis, et je suis parvenue à la même conclusion que toi... mais avant ! Moi aussi, je veux qu'on se sépare. Depuis longtemps, d'ailleurs, mais ça fait dix minutes que j'en suis sûre et que je prévois de te l'annoncer. Je... je l'ai dit en premier.
Ce constat me fait jubiler intérieurement. Dans quelques jours, quand je serai roulée en boule dans mon lit, la télécommande dans une main et un bol de glace à la pistache dans l'autre, cette certitude suffira à me réconforter : ce n'est pas moi qui me suis fait larguer comme un vulgaire mouchoir en papier rempli de crottes de nez. C'est lui !
Gabin stipulera que c'est faux, bien sûr.
Ma mère lui donnera peut-être raison, mais vous et moi connaîtrons la vérité, la seule qui vaille la peine d'être rappelée : JE L'AI JETÉ. À partir de maintenant, vous êtes les Gardiens de ce secret.
Ses mèches rousses virevoltent devant ses yeux. Il est furieux. Il faut dire que ça fait un moment qu'il parle dans le vide :
— ... et ce sont toutes ces raisons qui m'ont permis de réaliser que je perdais mon temps avec toi, d'où ma volonté de te quitter, conclut-il, fier de son monologue.
Je n'y crois pas ! Il a organisé ses idées ! Si notre couple n'était pas sur le point d'imploser, j'aurais applaudi, mais là, tout de suite, maintenant, je hoche frénétiquement la tête en ne pensant qu'à une chose : débarrasser le plancher, et m'empiffrer de crème glacée.
Zut, ça fait deux.
— C'est parfait ! chantonné-je en fonçant sur lui pour lui voler un baiser.
Oups ! Les vieilles habitudes ont la vie dure, on dirait.
