44. Quatre chichis et un jean

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— Te... Terrence Lockwood ? 

J'ai beau bêler comme une chèvre en manque de pommes, voyons la vérité en face : je suis faite comme un rat. 

J'aurais pu lancer à Max un commentaire sarcastique sur le fait que oui, effectivement, il m'avait « en vue », puisque je me trouve à moins de dix centimètres de lui, mais, manque de bol, je suis justement désarçonnée par notre proximité soudaine. 

Et par la possibilité qu'il m'embrasse, aussi. 

Surtout par ça, pour être honnête. 

— Ne joue pas avec mes sentiments, Emy, susurre-t-il en plongeant ses beaux iris bleus dans les miens. 

Plus sensuel, tu meurs.

Mais tout ce que je trouve à dire, telle la quiche que je suis, c'est : 

— Je veux des chichis. 

Il recule instantanément, comme frappé en plein cœur. 

Nom d'une clarinette en steak ! Qu'est-ce qui ne va pas, chez moi ? J'ai pourtant très envie de coller ma bouche contre la sienne jusqu'à ne plus pouvoir respirer, moi aussi, même si un baiser vient toujours avec son lot de gêne, de microbes et de salive. 

— Attends ! m'écrié-je en rattrapant Maxence par le bras, pile là où Jade avait posé sa main quelques minutes auparavant, irradiant mon corps d'une jalousie trop vile pour être ignorée plus longtemps. 

Il s'arrête net, si vite, si brutalement que je bute sur son genou et écrase son pied. 

— Aïe !

Zut.

Zut. Zut. Zut.

— Désolée ! 

— C'est... c'est pas grave. 

— Ce que je voulais dire, c'est que... 

Le regard qu'il pose sur moi, rempli de frustration et d'impatience, parachève ma mutation en tomate. 

Une tomate-serpillère, plus exactement, si l'on examine mes cheveux trempés même pas bien essorés et les gouttes d'eau chlorée qui s'échouent sur son jean gris. 

Ploc.

— ... j'ai envie de chichis, oui...

Il tente de réfréner un sourire, mais c'est trop tard. Il a compris que, pour une fois au moins, je vais rectifier mon erreur. 

Et il a raison.

— ... mais j'ai aussi envie de ça. 

Ploc. Ploc. Ploc. 

« Ça », c'est-à-dire lui rouler un patin, un sabot, un socque, une galoche tellement puissante que, dans ma hâte de l'embrasser, je me retrouve non pas à lui donner un baiser, mais... un coup de boule.

Comme Zidane, oui. 

 

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LES AMOURS ÉPONYMES 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant