50. Il était une fois deux cœurs brisés

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Le regard que j'échange avec Gab' est plus parlant que n'importe quel aveu amoureux. 

Il hurle : « qu'est-ce que tu fiches encore là, espèce de chimpanzé desséché ? » 

Il crie : « pousse-toi, pour que je me précipite vers Max pour le rattraper ».

Il chuchote : « tu vois ? je ne t'aime plus ».

Pourtant, mon ex ne s'écarte pas. Il reste parfaitement stoïque, incapable de donner du sens à la scène qui se joue là, devant lui...

Devant lui, mais sans lui, si bien que j'hésite une seconde à le laisser seul.

Une, pas deux.

Nous ne sommes plus rien l'un pour l'autre, désormais. 

Sans plus tergiverser, je me rue dans l'entrée, croisant tous mes orteils pour dissiper ce malencontreux malentendu. Tant pis si je brise le cœur de Gabin dans l'intervalle. 

C'est lui ou Maxence. 

Et, dorénavant, ce sera Maxence. Ce sera forcément...

— MAAAAAAX ! 

Nom d'un pois chiche géant ! Je le vois déjà s'éclipser à l'autre bout du jardin, l'âme en peine, la patte traînante. 

Non. Non, non, non. Je refuse. Ça fait trop de cœurs brisés pour une seule journée. 

— MAAAAAAAAAX ! 

— MAAAAAAAAAX ! 

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Toujours rien. C'est à croire qu'il est devenu sourd en me voyant avec Gabin.

— JE NE L'AIME PAS ! beuglé-je à nouveau. PAS DU... BEURK ! 

Je n'ai même pas le temps d'achever mes dénégations que mon pied s'enfonce dans... une crotte de chien. 

— AAAAAAH !

Note à moi-même : troquer mes Crocs contre une paire de chaussures, lors de la prochaine course-poursuite nocturne contre mon crush.

Promener Pépette, aussi, histoire d'éviter de fouler d'autres cacas tout mous. 

— Emy ? 

Je relève la tête, ébaubie. Maxence s'est retourné et m'observe avec une inquiétude non dissimulée, comme si je m'étais cassé la jambe ou le périnée. 

Là, tout de suite, maintenant, j'ai l'impression de me retrouver dans le final d'une comédie romantique, malgré mon talon enlisé dans la coulante d'un vieux toutou qui a manifestement la diarrhée.

— Max ? 

Son air encourageant me rassure. Qui sait ? La légende dit peut-être vrai ? Marcher dans une bouse porte bonheur. 

Mais lorsque je clopine jusqu'à lui, son sourire à peine esquissé se fane sur ses lèvres, et il se retourne sans mot dire. 

— MAAAAAAAAAX !

LES AMOURS ÉPONYMES 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant