25. Chaque minute est une nouvelle chance de changer sa vie...

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Pov de Clarke

J'ai à nouveau ce sentiment d'être l'ombre de moi-même, il a gagné, je suis montée dans cette voiture...Les mots que Aiden m'a prononcés ne cessent de tourner en boucle dans ma tête...Je n'ai même plus la force de réfléchir ni même de me poser des questions.

Et pourtant...Est-ce que tout ceci est de ma faute ? Est-ce que je n'ai pas poussé trop brutalement sa mémoire ?

Un regard en coin vers mon frère qui conduit...Comment a-t-il pu me tenir de tels propos ? Je ne le reconnais pas, je ne reconnais pas mon petit frère. C'est bien lui physiquement mais il y a une haine en lui, qu'il n'a jamais autant extériorisé...Surtout une haine qui semble très nettement me viser. Pourquoi ?

Je suis vide, vide de sentiments, vide d'émotions...

Comme si le sentiment d'espoir avait littéralement quitté mon corps, comme si vivre, faire battre mon cœur n'était plus qu'un instinct purement automatique. Je revois toutes les images de ma période de dépression quand elle a disparu de ma vie...Est-ce que je vais devoir affronter de nouveau cette mélancolie ?

Comme un pantin qu'on manipule à sa bonne guise. Je suis si pathétique...

Pourtant, je pourrais sentir comme une lutte en moi, comme-ci je tentais de me battre contre moi-même...Comme si une partie de moi cognait contre les parois de mon cœur pour me crier un message...Je ne sais plus où j'en suis...Je deviens comme folle.

Je l'ai retrouvée, nous, nous sommes retrouvées toutes les deux et maintenant voilà que je fais un retour en arrière dans cette mélancolie qui m'a tant achevée durant son absence.

Cette mélancolie qui ne se contrôle pas. Elle, qui surgit par sa noirceur et vous manipule comme peut le faire mon propre frère. Elle vous plonge dans un doute vous dévorant de l'intérieur ou même efface tout ce qui pouvait à un moment donné vous donner le sourire.

Cette façon de ne plus rien vouloir faire, de ne plus rien aimer, de ne plus avoir envie de sourire ou même vous montrer à l'inverse d'être sociable avec les gens vous entourent.

Cette mélancolie qui vous pousse un peu plus chaque jour à extérioriser cette noirceur en vous, ne vous donnant plus la force de rien...Rien, rester là à vivre mais de façon inerte...Se perdre dans des sentiments tristes, vidant vos forces à chaque minute, parce que plus rien n'a d'importance.

Non, plus rien...Ne plus être touché par quoi que ce soit émotionnellement parlant...Être vidé de soi-même.

Est-ce à cela que Louis Aragon pensait quand il a écrit qu'aimer était d'abord de se sortir de soi-même ?

Je repense à ce jour où nous avions eu un débat amusant avec Lexa sur ces paroles...Je ne comprenais pas à l'époque ce qu'elle voulait dire quand elle me disait de ne jamais, oh grand jamais m'effacer face à une personne, pas même par amour, de toujours rester soi-même, avec ses opinions, ses valeurs.

Car le jour où l'amour disparait nous ne sommes plus que l'ombre de nous-même me disait-elle. Je comprends maintenant ce qu'elle voulait dire car je l'ai vécu avec sa disparition et je comprends mon erreur à cet instant de m'effacer devant mon frère.

Un autre regard vers lui alors qu'il commence les manœuvres de stationnement devant notre maison.

Lexa...Je revois toutes ces images de ce matin-là. Nous avions passé une nuit bien courte de sommeil mais si longue de tendresse. Longue...Ce mot n'a plus de sens, rien n'est assez long près d'elle...J'ai perdu tant de temps loin d'elle.

Et pourquoi ? Parce que je me suis enfermée dans ma rancune et ma colère, parce que son cerveau ou sa mémoire effacée ont tenté de me mettre de côté ? Parce que mon frère est noyé dans un total déni de cet amour impossible ?

Mémoire OubliéeWhere stories live. Discover now