Mémoire Oubliée

34. Savourer et ne plus penser

Le monde dans lequel nous vivons se base sur certaines lois bien précises, dont la loi de l'attraction. Cette loi stipule que nous attirons vers nous ce à quoi nous pensons. La pensée vient d'abord, l'expérience vient ensuite. Ce qui veut dire que ce que nous vivons, chaque expérience qui se place sur notre chemin, est le reflet fidèle de ce que nous pensons. -  Extrait du pouvoir de la pensée.

Pov Lexa

Comme un instant au ralenti je regarde chacun de mes pas avancer sur ce sol plastifié d'une clarté mais à la fois d'un pâle aux motifs répétitifs. Mes pas semblent lourds et à la fois si légers. Observant chacun de mes mouvements, ayant la chance de pouvoir les effectuer, sur une musique s'accélérant doucement avec le tempo lourd d'une grosse caisse annonçant petit à petit chaque pas que je franchis.

Ce long couloir blanc que je connais tellement, me semble immense et interminable. Pour autant je ne suis pas dans la précipitation de franchir la fin de ce tunnel oppressant. Pourquoi ? Pourquoi ne pas courir et fuir de ce centre une bonne fois pour toutes ?

Mes yeux se baissent sur ma main scellée à celle de Clarke marchant à mes côtés sur la même mélodie que moi... Clarke... Comme si le son extérieur avait disparu, nous laissant dans cette musique créée par mon subconscient, je la regarde avec ce sentiment de ralenti perpétuel. Les mouvements de sa bouche prononçant je ne sais quoi à Anya qui nous accompagne me donnent, me font...me sentir loin de tout. Je me rends compte à cet instant de mon détachement sur la situation présente.

La joie qu'elle affiche, ce bonheur que je peux respirer sans pouvoir le décrire m'insuffle, me porte... Je suis noyée dans un bien être et à la fois si loin.

Je sais qu'elle me dissimule une souffrance, qu'elle l'efface parce que nous franchissons une nouvelle étape ensemble. Mais je sais aussi que je vais devoir la pousser à sortir de son retranchement silencieux. Elle ne veut pas encore parler des différents changements de sa vie, de son déménagement chez sa grand-mère... Elle a pris la fuite à chacune de mes tentatives pour savoir ce qu'il se passait et surtout si cela avait un lien avec Aiden ou bien moi-même, prétextant depuis 5 jours que ce n'était pas le bon moment. Que la seule chose importante était que je sorte d'ici.

Arrivant dans le hall d'entrée, Clarke se rapproche de moi tout en lâchant ma main, elle dépose un doux baiser sur ma joue puis se dirige avec Anya vers le bureau des sorties.

Toujours dans un silence inconnu et au ralenti, je me tourne sur moi-même, ce hall si grand, ces patients, tellement de personnes... chacun luttant contre le mal, luttant pour rester debout et vaincre le mal qui les a fait arriver ici.

Pour la première fois, oui pour la toute première fois, je me sens différente. Je ne suis plus malade, j'ai gagné.

Une nostalgie non pas de partir mais une nostalgie empathique m'envahit... J'aimerais que chacune de ces personnes puissent sentir ce que je ressens aujourd'hui... Je vais rentrer chez moi, je ne suis plus malade... J'aimerais tellement partager cette force qui m'anime.

Une jeune fille dans un fauteuil roulant se trouvant devant la grande baie vitrée donnant sur le jardin, se cachant dans la capuche de son sweat, me renvoit l'image de ce que j'ai pu être... J'ai ce sentiment d'impuissance mais j'aimerais tellement dire à toutes ces personnes que tout est possible, que tout peut arriver et qu'elles peuvent toujours croire à la vie. Tout simplement parce que vivre est ce qu'il y a de plus beau.

Mon attention est bloquée sur cette jeune fille, je sursaute en sentant une main revenir dans la mienne. Mon regard se tourne vers Clarke.

« Allons-y » Me dit-elle doucement avec un sourire magnifique.

C'est d'un simple mouvement de tête que je lui réponds affirmativement. Ce sourire, cette force, cet amour qu'elle me donne, qu'elle me transmet depuis mon réveil est si puissant. Je peux affirmer aujourd'hui qu'elle est ma vie.