Mémoire Oubliée

26. Parce que tout est question de choix...

Pov Lexa

Je suis dans ce bloc cylindrique pour la énième fois...J'ai beau connaître sur le bout des doigts les effets, les sons, ces parois blanches et lisses, ce plastique si froid, ce poids sur mes yeux lorsque je dois mettre la protection. Je ne pourrais jamais m'y habituer et encore moins admettre que tout ceci devient mon quotidien depuis quelque temps.

Une différence est à noter aujourd'hui...Ces foutus médecins, manip ou radiologue, peu importe leur rôle, n'ont pas eu l'intelligence de voir qu'ils n'avaient pas coupé le micro. Ce même micro qui est censé me rassurer en cas de panique. Non au lieu de ça je les entends se raconter les festivités de leur week-end entre beuverie et autres sujets inquiétants quand on sait qu'ils ont ma santé entre leurs mains, se soucient-ils du patient que je suis dans cette machine infernale...

Un cobaye, voilà comment je me sens à cet instant. Un pur et vulgaire cobaye de l'ignorance médicale. Un cobaye qui rend mon humanité invisible. Un cobaye où la seule chose intéressante est de répondre à l'énigme scientifique que je suis, sans même prendre en considération ma vie.

Le froid me tétanise, je sais que je ne porte qu'une blouse hospitalière mais ce froid que je ressens me traverse dans mon entièreté. Est-ce la fatigue ? Est-ce la perte de sang qui n'a pas été anodine ? Je suis une passoire perfusée et piquée de partout...Les saignements ont stoppé...Pourtant.

Pourtant, je sens encore l'étrange et désagréable goût de sang dans ma bouche, l'infirmière qui m'a aidée à me déshabiller a gentiment nettoyé le sang sur moi mais sa présence se fait encore sentir, me laissant un parfum morbide. Les paroles d'une vielle chanson me traverse l'esprit à cette instant... « L'étrange goût de mort, s'offre mon corps, saoule mon âme jusqu'à l'aurore... »

Je ne sais pas ce qu'il m'arrive et c'est cette ignorance qui m'effraie... je crois que pour la première fois, c'est la peur qui domine mon état d'esprit malgré l'habitude de tout ces scénarios d'examens.

La peur, la peur d'avoir enfin frôlé le bonheur et de le perdre, la peur d'avoir retrouvé Clarke pour encore une fois devoir affronter un obstacle ou la perdre.

Clarke...Où est-elle ? Je ne me souviens pas vraiment des événements, entre cette douleur qui m'a submergée et le fait de retrouver le visage de Raven dans la voiture. Tout le reste me semble si flou, comme un portail de fer forgé venant sceller les portes de ma mémoire...Pourquoi ?

Raven est-elle fâchée contre moi ? Clarke...Est-ce qu'elle va bien ? Je revois des images de leur inquiétude, non, de la terreur qui a envahi leurs yeux si débordant d'amour...

Je continue de fermer les yeux comme il m'a été demandé de le faire...Je sens mes muscles se relâcher petit à petit...Clarke, juste en prononçant son prénom, je sens mon être se détendre, devenir plus serein...Laissant cette peur partir doucement.

Clarke...

J'ai presque envie de sourire en revoyant les images de notre week-end avant l'incident...Son visage...Un visage angélique, à la fois enfantin et taquin mais dissimulant une incroyable force de caractère.

Je la revois dans cette tenue dans laquelle je l'ai emmenée à la plage...Notre plage.

Clarke...

Ce baiser, chacun des baisers que j'ai pu partager avec elle...

Clarke...

Je suis interrompue dans mes songes par la voix de ces imbéciles cachés dans leur bulle bureautique de médecin. Je les entends, dans leur jargon parler de mon cerveau qu'ils détaillent sur leur écran comme s'il s'agissait d'une carte au trésor...Où celui qui trouvera l'emplacement de la croix du trésor sera reconnu comme une star pouvant prétendre au Albert Lasker, le Nobel de la médecine.