Captive (Tome 1)

Chapitre 31

Pdv Prélude / Paula

Cela doit faire dix minutes que les hommes ont quitté la pièce. Elle est froide, elle me paraît encore plus sombre maintenant que je m’imagine tout ce qui a pu se passer ici. C’est silencieux. Les filles n’ont rien dit depuis que les hommes sont partis. Je n’ai même pas entendu de pleurs, rien. Je n’ai pas relevé la tête de mes genoux, je ne sais même pas dans quel état se trouvent les filles. Je repense juste à ma famille depuis tout à l’heure. J’essaie de me rappeler tous les moments heureux, même futiles, mais c’est difficile. 

Soudain, je sens un mouvement près de moi et quelqu’un m’encercle de ses bras. Je relève les yeux et je vois Lucy, accrochée à moi, les yeux gonflés par les larmes, un fin sourire se dessine sur ses lèvres, elle tente de me rassurer avec des mots doux. Mais pourquoi ? Ce n’est pas moi qui vient de vivre un enfer. C’est elle qui mériterait des mots rassurants. Mais pour le moment, j’ai beau essayé d’ouvrir la bouche, aucun son n’en sort.

Je relève le regard vers Megan, son visage est sombre, elle semble stone, perdue dans de sombres pensées. Elle reste dans un coin de la pièce, à ruminer ses idées noires. 

Je ne sais pas pourquoi, mais d’un geste de la main, j’écarte Lucy, je me lève et me dirige vers Megan. Je m’accroupis près d’elle, je l’observe. Elle ne me regarde pas, continue de fixer un point dans le vide en ruminant des paroles inaudibles. Un souvenir d’elle me chatouillant me revient en mémoire. 

C’était ma première soirée que j’allais passer avec tout le monde à la villa. Elle avait un sourire resplendissant, magnifique. J’ai vite appris qu’elle était le soleil de la villa. Je me souviens de toutes les fois où elle s’est occupée de moi, où elle m’a prise dans ses bras comme un mère l’aurait fait. Megan a toujours été là pour nous tous. Et là, c’est elle qui souffre le plus et je ne sais pas ce que je pourrais faire. Elle aurait sûrement fait un truc comme a tenté maladroitement Lucy à l’instant. Alors je tente à mon tour. Je l’encercle de mes bras, je l’embrasse sur le front et me serre contre elle. Mon geste semble la sortir de son état second puisqu’elle sursaute d’un coup, se fige quelques instants puis d’un coup, me serre dans ses bras comme si sa vie en dépendait. 

-Et elle en dépend, chuchote Megan à mon oreille.

Est-ce qu’elle sait lire dans les pensées ? Je lui lance un regard interrogateur et elle fait comme si de rien était. Mais qui est vraiment cette femme ? 

On se sépare lentement et elle me remercie. Lucy se joint à nous, nous sommes assises par terre, formant un petit cercle. Je les observe en silence, l’une puis l’autre. Elles essaient de faire comme si rien ne s’était passé, je le vois bien, mais moi, je ne peux pas retirer ces bruits de ma tête, tous les mauvais souvenirs qui ont refait surface. Je sers de nouveau le dessin en boule dans ma poche. Megan s’en rend compte et pointe du doigt ma poche.

-D’où ça vient ?

-Il était dans le carnet que tu m’as offert, je pensais que tu savais…

-Je peux voir ?

-Oui…

Je sors le dessin et lui tends, un peu hésitante. Elle le récupère et l’observe.

-J’en étais sûre, c’est bien Aaron qui t’a fait ce présent, c’est sa signature. Je l’avais pressenti… C’est rare…

-Qu’il dessine ? questionna Lucy intriguée.

-Non, qu’il fasse des cadeaux aux gens. C’est même très rare. 

Megan semble se plonger dans ses pensées quand Evan avec trois autres gars cette fois entrent dans la pièce. Il fixe d’un regard noir le dessin que tient Megan dans les mains. Il lui arrache d’un geste vif des mains. Il l’observe, puis moi, et de nouveau le dessin avant de dire :