Chapitre 7 : Nunki

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Prolonger l'incertitude, c'était prolonger l'espoir   -Charlotte Brontë

Prolonger l'incertitude, c'était prolonger l'espoir   -Charlotte Brontë

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Tatiana

Sur le rebord de sa fenêtre, Tatiana laissait ses pensées divaguer dans l'infinité des étoiles. Elle espérait d'ailleurs que ces dernières les attrapent, afin de la délecter de ses tourments. Peut-être qu'en fin de compte, chacune des constellations représentait des poussières de pensées, d'espérances et de vœux inexaucés. Quand elle se tenait devant le ciel, plus rien n'avait d'importance. Elle se sentait minuscule, presque insignifiante, un grain de sable dans une galaxie. Cela la rassurait, de se dire qu'elle ne devait pas porter tout le poids du monde sur son dos. Mais parfois, cette insignifiance l'effrayait, elle qui souhaitait tant marquer les mémoires.

« Les gens qui dorment la nuit, en ratent bien des choses. », pensa-t-elle. Elle détacha son regard des étoiles pour se rattacher à la lune. « Qu'est-ce-que je suis censée faire maintenant ? », chuchota-t-elle à la planète, espérant le moindre signe de sa part. C'était ridicule, les planètes ne parlent pas. Elles nous donnent seulement l'impression d'être compris. Mais se sentir comprise n'allait pas aider la jeune femme, elle avait besoin de véritables conseils. Tatiana avait été victime d'un coup de foudre, à l'instant où Marina était entrée dans le musée.

La foudre, l'amour qui blesse, l'amour duquel on ne sort jamais indemne. Rien à voir avec les flèches de cupidon, qui ne visent que le cœur. Les éclairs, eux, foudroient sur place, nous empêchant d'avancer pour chercher de l'aide. Ils nous transpercent dans tout le corps, créant un début d'incendie qui ne s'éteindra qu'une fois que nous somme à terre. Elle n'avait pas toujours eu une vision si triste de l'amour. C'était arrivé il y a à peu près trois ans, quand on lui a annoncé la nouvelle. Depuis, elle ne voulait plus laisser entrer personne dans sa vie. Elle n'en souffrait pas, convaincue de faire cela pour le bien des gens autours d'elle. Mais maintenant qu'elle avait rencontré Marina, tout se compliquait.

En refermant la fenêtre, elle se dit qu'elle pouvait peut-être essayer de sortir la jeune fille de sa tête grâce à son plaisir du soir. Elle appela l'inconnue de la veille, en s'assurant qu'aujourd'hui, elle ait eu une bonne journée. L'inconnue avait en effet passé une très bonne journée, et venait de passer une très bonne nuit grâce à Tatiana. Cette dernière moins. Elle ne comprenait pas, elle avait rencontré des milliers de femmes, heurté des centaines de peau, goûté des dizaines de lèvres, sans jamais éprouver le moindre sentiment. Et puis un jour, alors qu'elle n'avait rien demandé, une jeune bourge avait franchi les portes de son musée, et simplement par un regard, elle avait fait voler en éclats tous les efforts de Tatiana dans la construction de sa carapace hermétique aux émotions. La jeune femme serra les draps de toutes ses forces, essayant de contrôler sa colère, mais n'y parvint pas. Dans le silence de la nuit, elle sentit une larme glacée lui échapper. La goutte dévala sur sa joue, continua sa course sur son menton, pour finalement s'écraser sur le matelas. Dans le silence de la nuit, ses pensées n'ont jamais été aussi bruyantes.

Tell the stars I love you (FINIE)Where stories live. Discover now