"Tu avais raison, je commence aussi à tomber amoureuse de la nuit" exprima-t-elle d'une voix pétillante, "Regarde ! La lune est si belle ce soir". C'était la première fois que Marina prêtait réellement attention au ciel. Tatiana, elle, connaissait c...
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J'aime les gens qui choisissent avec soin les mots à ne pas dire -Alda Merini
Marina avait profité du week-end pour se promener dans la ville. Les rayons du soleil lui procuraient beaucoup de bien et de détente. Elle était passée dans chaque boutique, avait acheté de nombreux souvenirs : chapeaux, magnets... Elle se demandait pourquoi les acheter le premier jour de son séjour, alors qu'elle resterait en Espagne des années encore, mais elle avait comme ce sentiment qu'elle DEVAIT le faire maintenant.
Ses colocataires ne se sont pas révélées plus aimables. Comme elles lui adressaient à peine l a parole, elle ignorait toujours leur langue, peut-être était-ce mieux comme cela. Heureusement, elles ne restaient que pour deux semaines. Deux semaines, 14 jours, ça passera vite, espérait la danseuse.
Ses premiers cours dans sa nouvelle compagnie furent assez compliqués. Il était difficile pour elle de comprendre chacune de leurs phrases car certes les cours se donnaient en anglais, mais les professeurs avaient un accent espagnol très prononcé qui détruisait parfois le sens des mots à l'oreille de Marina. Ici, c'était tellement différent de la Pologne, les professeurs étaient à la fois plus sympathique, mais demandaient plus de travail de la part des élèves. Sa professeure de contemporain, Gabriela, leur parlait d'un air très amical et parlait ouvertement de sa vie amoureuse par exemple, ce qui ne serait jamais arrivé avec l'exigeante Petrovska. En plus de ne pas réussir à comprendre tous les mots prononcés, elle se trouvait assez en retard sur les autres élèves. Ceux-ci, pour la majorité, étaient beaucoup plus âgés qu'elle et par conséquent, avaient plus d'expériences et connaissaient plus de techniques. La chorégraphie apprise aujourd'hui était difficile à intégrer pour Marina, ses pas étaient maladroits, et elle s'en voulait de ne pas réussir à montrer le meilleur d'elle-même. Il faut dire qu'elle n'avait plus son soutien émotionnel, son pilier, sa bien-aimée Tatiana. Marina la détestait d'être partie.
Comme elle se sentait mal de ne pas être à la hauteur des exigences de Gabriela, Marina se dit qu'elle allait revenir au soir, essayer de trouver une salle non occupée pour s'entraîner et rattraper son retard. Après avoir mangé un repas léger, une salade et un muffin, dans son auberge, elle marcha en direction de la compagnie. Même au soir, une centaine d'étudiant se tuaient à la tâche. « Sûrement les cours du soir » pensa-t-elle. Elle fut étonnée de ne trouver aucune salle de libre, et laissa sa curiosité l'emmener à l'étage. Personne ne montait jamais à l'étage supérieur, et la danseuse ne comprenait pas. Quand elle aperçut un papier « Travaux » écrit en anglais sur la porte principale, elle comprit. Elle se risqua quand-même à ouvrir la porte et se retrouva dans un large couloir qui offrait de nombreuses salles totalement désertes. Elle entra dans la première salle et, à sa plus grande surprise, aucune machine ne semblait avertir la présence de travaux.
Elle activa alors son baffle et mit sa musique préférée au volume maximum. Les murs tremblèrent et les poutres aussi, mais Marina était trop occupée à apprendre les nouveaux pas de sa chorégraphie pour le remarquer.
Quand elle le remarqua, ce fut trop tard. Un gros BOUM résonna dans la pièce et puis plus rien. Le noir complet. Le corps fragile de Marina se retrouva gisant sur le sol, totalement inconscient. Une poutre s'était décrochée et avait violemment heurté la danseuse à la tête.
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