"Tu avais raison, je commence aussi à tomber amoureuse de la nuit" exprima-t-elle d'une voix pétillante, "Regarde ! La lune est si belle ce soir". C'était la première fois que Marina prêtait réellement attention au ciel. Tatiana, elle, connaissait c...
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On ne rentre jamais dans un aéroport dans le même état d'esprit que lorsqu'on y revient
Mathias
Un grand sourire arbora son visage lorsqu'il apprit la nouvelle : Marina avait été larguée par la jeune artiste, et celle-ci ignorait ses dizaines de textos. Mathias était dans la même pièce qu'Anastazia, lorsque sa fille l'avait appelée. Au lieu de la réconforter, la bourgeoise se contenta de lui dire : « Tu vois, je te l'avais dit, ça quand on n'écoute pas sa mère... » Cette phrase agaça Marina au plus haut point, mais elle continua son récit. Elle avait été prise dans une compagnie espagnole, et elle hésitait à accepter.
Le visage d'Anastazia se crispa, à l'idée de ne plus voir sa fille. Mais c'était en partie elle qui avait poussé la danseuse à s'investir autant dans la danse, afin de devenir la star de demain. Evidemment qu'elle devait accepter ! Sa mère lui déblatéra le même discourt que Tatiana, c'était son rêve, elle devait absolument saisir cette occasion. Mais la danseuse n'était plus sûre de rien, elle semblait plutôt penser que son seul rêve était de retrouver la chaleur de Tatiana.
Lorsque l'appel se finit, Anastazia se plaça devant Mathias, et un cri de joie l'envahit. Elle serra Mathias dans ses bras, et s'exclama « Tu resteras mon beau-fils ! » L'homme ne voyait pas où elle voulait en venir. Bien-sûr il aimait Marina, enfin il aimait surtout la manipuler, mais celle-ci avait mis fin à leur relation.
-Tu te rendras en Espagne, et tu la surveilleras de loin, expliqua la bourge. Je connais ma fille, dans un autre pays, et avec ce qu'elle vient de vivre, elle sera un peu ébranlée et perdue. Un jour, tu arriveras sur son chemin « par hasard » car elle ne sait pas que tu sais qu'elle réside à présent en Espagne, et elle croira à un appel du destin, qu'on ne rencontre personne par hasard, et toutes ces sottises à laquelle elle croit.
Mathias était ébahi devant l'intelligence de sa mère. Ce plan était brillant et fonctionnerait sans aucun doute.
-Mais quelle serait la raison de mon départ à l'autre bout de l'Europe ?
-Tu diras que ta rupture avec elle t'avait dévasté, et que tu avais besoin de changer d'air. Tu gèreras toujours ton entreprise à travers des appels vidéos, cela ne pose pas le moindre problème, finit-elle en embrassant son beau-fils sur le front.
La mère de Marina voulait tellement bien faire, pensait bien faire en la poussant dans les bras de Mathias, en réalité, elle s'apprêtait à jeter sa fille dans la gueule du loup.
Deux semaines passèrent, et Anastazia rapporta absolument tout ce que sa fille lui dit, y compris le nom de l'auberge dans laquelle elle allait loger, l'heure et le numéro de son vol, etc. Les deux complices préparèrent le scénario, ils louèrent une chambre pour Mathias, à deux rues de Marina. Il devrait se faire discret les premiers jours, sinon elle allait se douter de quelque chose. Le jour avant le départ, il prépara ses valises, des énormes valises contenant l'essentiel. Si le plan fonctionnait, il allait devoir vivre là-bas pendant trois ans. Mais le plan allait-il vraiment fonctionner ? Le destin aimerait-il qu'on usurpe son identité ? Mathias n'avait plus le temps de se poser ce genre de question, il devait filer à l'aéroport. Comme Marina avait demandé à sa mère que ce soit elle qui la conduise, l'homme devait s'y rendre en taxi. Il portait des vêtements foncés, en espérant se fondre dans la foule. Il avait l'impression d'être dans une mission d'espionnage, que sa vie dépendait de cette mission. Ce fut un peu le cas. Il aperçut la jeune danseuse dans le grand hall, et se dirigea vers la direction opposée à elle, tout en ne la quittant pas des yeux. Lorsqu'on annonça que les passagers pouvaient se diriger à l'entrée de l'avion, Mathias se précipita, il devait absolument rentrer avant la jeune femme, pour que celle-ci ne le voie pas. Il avait pris soin de commander la place à l'opposé de la danseuse, très loin des toilettes, afin de s'assurer qu'en aucun cas ils se croiseraient.
L'avion décolla, non sans donner la nausée à l'homme. Il avait le mal des transports. Mais sa mission était bien plus importante que ses envies de vomir. Durant les trois prochaines heures, les nuages du hublot firent perdre à Mathias la notion de réalité, et il s'endormit. Quand l'hôtesse de l'air annonça qu'ils allaient bientôt débarquer pour l'Espagne, une joie intense envahit le corps de l'homme. La première étape constituait une réussite.
La deuxième s'annonçait déjà plus ardue : comprenait le retrait des bagages. Tous les passagers du vol autour du même tapis roulant. Heureusement, ou malheureusement, Marina et Mathias récupérèrent leurs valises sans se croiser. C'était parti pour la prochaine étape : le taxi vers son studio de danse.
