Chapitre 18 : Rigel

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Plus profondément le chagrin creusera votre être, plus vous pourrez contenir de joie   -Khalil Gibran

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Plus profondément le chagrin creusera votre être, plus vous pourrez contenir de joie -Khalil Gibran

Marina

Elle resta quelques minutes devant la porte d'entrée de sa maison sans oser tourner la poignée. La discussion qui allait suivre allait impacter non seulement sa vie entière, mais celle de Mathias également. Elle n'avait préparé aucun discours, elle n'était même pas sûre de ce qu'elle devait dire. Avait-elle pris la bonne décision ?

Lorsque l'homme entendit la porte s'ouvrir, il se précipita à l'entrée pour retrouver sa chérie. Au regard profond de cette dernière, il comprit que ce n'était pas de bon augure. Ses craintes furent confirmées quand Marina lui demanda de trouver un autre logement au plus vite. Celui-ci se retrouva totalement confus, comment avait-elle pu faire ce choix aussi vite ? Au départ, Marina voulait retourner chez sa mère pour se retrouver avec elle-même, et voilà qu'elle lui annonce leur séparation.

-Non, ma chérie, tu n'es pas dans ton état normal, tu ne sais pas ce que tu dis. Tu devrais peut-être te reposer...

-Mathias ! La coupa-t-elle, les yeux larmoyants.

Quand Mathias comprit qu'elle était sérieuse, il ne put contrôler la bête féroce qui résidait en lui. Il l'attrapa brutalement par le bras et la tira de toute ses forces, pour la pousser dos au mur.

-Mais qu'est-ce-que tu as dans la tête, bon sang ?! Hurla-t-il. Et nos désirs de fiançailles, tu en fais quoi ? Imagine ce que les gens vont dire, ce que ta mère pensera, elle ne te verra plus que comme une misérable. Et par-dessus tout, la danse. Comment vas-tu faire sans moi ? Peux-tu seulement te prétendre danseuse ? Toutes ces fois où je t'ai encouragé, tout l'argent que j'ai dépensé pour tes costumes, tu en fais quoi de ça hein ? S'enflamma l'homme.

La jeune danseuse n'arrivait plus à articuler le moindre mot, tout se bouleversait dans sa tête. Elle ne sut exprimer que des sanglots étouffés par la rage de Mathias. Elle se sentait si mal, si mal de le faire souffrir.

-Je suis tellement désolée, pleura Marina. J'ai l'impression de ne pas t'aimer autant que tu le mérites, autant que toi tu m'aimes. Je ne veux pas te mentir et me mentir à moi-même par la même occasion. Je dois vivre pour moi, prendre mes décisions, finit-t-elle le visage ravagé par la tristesse.

-Pourquoi une décision si soudaine, alors ?

-Tu as fouillé dans mes affaires, Mathias. Tu as modifié le numéro pour que je ne puisse jamais contacter Tatiana. C'est une violation de la vie privée.

Mathias s'éloigna un peu plus d'elle, la libérant de son oppression. Etait-ce possible que cette dispute soit causée par la guide du musée Van Gogh ? Bien-sûr que ça devait être elle.

-Je ne vois pas de quoi tu parles, expliqua Mathias, en sachant très bien de quoi Marina parlait.

-Le numéro dans mon justaucorps, tu l'as modifié, répéta la danseuse en essuyant une énième larme couler. Elle est venue me voir et à tout expliquer, le lendemain matin. Pourquoi agir de cette façon ?

Pour Mathias, la seule chance de s'en sortir était de tout nier en bloc, et d'agir à son habitude, en retournant la situation.

-Donc tu m'accuses, et tu n'as aucune preuve de ce que tu dis. Je te faisais confiance, Marina. Tu ne peux savoir à quel point je suis blessé que tu puisses penser une telle chose de moi.

Suite, à ces mots, la jeune danseuse se tut.

Il était évident dans sa réaction, que Marina était tombée éperdument amoureuse de la jeune artiste, et qu'elle s'en voulait pour ça. Mais Mathias ne pouvait pas la perdre, pas parce qu'il serait triste, mais parce qu'il devrait tout recommencer. Rencontrer une nouvelle femme peu sûre d'elle, l'encourager jusqu'à ce qu'elle réussisse pour ainsi devenir son héro. Elle deviendra alors redevable, et écoutera tout ce que l'homme désire. C'était un processus lent et complexe, et il ne voulait plus gaspiller son temps. 

-Tu ne vois pas qu'elle te manipule, qu'elle joue avec toi ? Pourquoi aurait-elle attendu le lendemain matin pour te le dire à ton avis ? Parce qu'elle avait besoin de la nuit pour trouver un mensonge crédible à te faire avaler, affirma Mathias, son ton était redevenu le plus calme et le plus paisible possible. C'est une croqueuse d'homme Marina, euh, ou de femmes...Bref ! Toi, je te connais bien. Tu n'es pas comme ça. Tu as besoin d'un homme stable, pas d'une coureuse de jupons.

-Pourquoi aurait-elle fait ça, demanda Marina, la voix tremblante.

-Certaines personnes naissent de cette façon, il n'existe aucune raison. Ils font ça pour le plaisir de voir les autres souffrir. Réfléchis un peu, tu n'as pas remarqué d'étranges réactions de sa part ?

Les mots de Mathias résonnaient en elle. Il était fort, très fort. Elle se mit à réfléchir aux moments passés avec Tatiana, et la moindre chose qu'on puisse dire, c'est que des réactions étranges, elle en avait, elle les multipliaient même. Marina avait cependant du mal à croire que tout ce qui s'était passé avec la jeune femme aujourd'hui, tous ces rires, tous ces rapprochements, étaient faux. Quant elle était à ses côtés, elle se sentait merveilleusement bien. Si cela n'était qu'une toile de mensonge, la danseuse serait anéantie. Mathias, lui, ne démordait pas.

-Tout ce que j'ai fait, depuis qu'on était ensemble, c'est pour ton bien, et tu le sais ! Cette femme, tu la connais à peine. Je suis inquiet de voir à quel point tu peux te laisser manipuler, influencer à ce point. Et puis Marina, une femme, sérieusement ? Tu fais ta crise d'adolescence en retard, tes hormones te jouent des tours ? Qu'est-ce-que tu peux trouver chez une femme que tu ne trouves pas chez un homme, enfin !

Marina ne savait plus que penser. Elle n'arrivait plus à discerner le vrai du faux, et bien qu'elle ait ressenti d'agréables sentiments auprès de Tatiana, cela ne voulait pas forcément dire que c'était réel. Elle connaissait Mathias depuis si longtemps, il ne pouvait pas lui mentir comme ça. Non, il ne pouvait pas, se le répétait-elle pour s'en convaincre. Elle était trop perdue, trop douteuse, trop chamboulée que pour formuler une réponse. Alors, elle s'enferma dans la chambre, alluma la radio au volume maximal. Elle avait besoin de faire le vide, de laisser exploser cette négativité, de se libérer de tout. Elle dansa, plus violemment, plus énergétiquement, plus intensément que jamais. Elle ne voulait pas fuir la réalité, juste l'oublier, pour quelques instants.


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Tell the stars I love you (FINIE)Where stories live. Discover now