"Tu avais raison, je commence aussi à tomber amoureuse de la nuit" exprima-t-elle d'une voix pétillante, "Regarde ! La lune est si belle ce soir". C'était la première fois que Marina prêtait réellement attention au ciel. Tatiana, elle, connaissait c...
Je suis assise au bord de moi, et j'ai peur du vide -Inconnu
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Tatiana et les voitures, ce n'était pas une grande histoire d'amour. Elle avait obtenu son permis cinq ans plus tôt, mais n'avait plus tenu un volant depuis. Il fallait l'avouer, la jeune femme conduisait très mal. Elle avait même soupçonné l'inspecteur de lui avoir donné le permis pour ses beaux yeux, car elle n'avait pas réussi la moindre manœuvre imposée.
Après avoir brillamment réussi à démarrer le moteur, elle voulut allumer ses phares de jour, mais ce sont les essuie-glaces qui se sont déclenchés à la place. Heureusement que personne ne l'a vue. Qu'auraient-ils pensé de quelqu'un activant ses essuie-glaces dans un parking souterrain ? Après avoir chipoté à presque tous les boutons possibles et imaginables, elle trouva enfin ceux qui activaient les phares. Du coin de l'œil, elle aperçut la berline d'Anastazia, qui s'apprêtait à quitter le parking pour se diriger vers la droite.
« Aller, conduire doit sûrement être comme le vélo, cela ne s'oublie pas. » pria intérieurement la jeune artiste. Par un miracle des dieux, elle réussit à se dégager de sa place de parking et activa son clignotant de droite. Sur la grande chaussée, elle repéra la voiture cible quelques mètres avant elle, elle ne devait en aucun cas la perdre de vue.
Les feux de signalisation, les ronds points et les passages piétons s'enchaînèrent, séparant à plusieurs reprises les deux voitures. Mais, à défaut d'avoir un bon sens de l'orientation, la jeune femme possédait une bonne mémoire. Elle retenait chaque changement de direction de la berline, et quelques minutes plus tard, elle se trouvait juste derrière. Les deux femmes arrivèrent dans un quartier très riche. Les villas modernes se démultipliaient au fur et à mesure qu'elle parcourait la rue. Soudain, Anastazia entra dans une petite allée et y gara sa voiture. Tatiana leva les yeux vers la maison, et elle en fut bouche bée. En exagérant à peine, leur maison avait des allures de palace digne d'une famille royale. La jeune artiste continua sa route et se gara dans la rue d'à côté, afin de ne pas être repérée.
Elle resta de longues minutes au volant de sa voiture, se demandant comment elle allait arriver à rejoindre Marina, sans que sa mère le sache. Elle n'allait quand-même pas lancer des cailloux à sa fenêtre, comme dans les films romantiques pour adolescents ? Tatiana avait toujours détesté ce genre de film. Un garçon populaire renverse les cahiers d'une jeune fille peu sûre d'elle, ils s'échangent des regards dans les couloirs, et puis un jour il vient chanter une sérénade sous sa fenêtre, et celle-ci tombe éperdument amoureuse. Un frisson de dégoût la parcourut, c'était si éloigné de la réalité. Non, il fallait réfléchir à un vrai plan. Roméo et Juliette, eux, se rejoignaient la nuit, sous une pluie d'étoile. Mais Tatiana n'avait pas la nuit, elle devait aussi rendre la voiture que son amie lui avait prêté. Après avoir envisagé dix milles scénarios possibles, elle opta pour le plus réaliste. Après tout, elle était adulte et elle devait se comporter comme tel. Si ce plan ne fonctionnait pas, alors elle pourrait mettre son plan B en exécution, c'est-à-dire se cacher dans un buisson en attendant que la mère de Marina s'en aille. Elle rigola toute seule en s'imaginant elle, cachée derrière des buissons. Non, il fallait que sa première idée fonctionne.
