"Tu avais raison, je commence aussi à tomber amoureuse de la nuit" exprima-t-elle d'une voix pétillante, "Regarde ! La lune est si belle ce soir". C'était la première fois que Marina prêtait réellement attention au ciel. Tatiana, elle, connaissait c...
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J'entends ta voix dans tous les bruits du monde -Paul Eluard
40 ans plus tard...
-Oh mamie, c'est pour ça que Mamita a des cicatrices sur le corps ?
-Oui mon chéri, ce sont des séquelles de son opération. Ses cicatrices témoignent de sa force et de son courage de s'être battue pour vivre.
Tatiana dans la cuisine, faisait mine de ne rien entendre. Alors qu'elle rangeait les courses, elle s'arrêta un instant pour regarder ses petits-enfants, assis autour de Marina. Qu'est-ce qu'ils étaient beaux. Ils avaient hérité de la peau d'albâtre de sa femme. Tatiana avait écouté Marina raconter leur histoire à leurs petits-enfants, mais cette dernière avait omis un détail.
Lorsque la jeune femme de l'époque était dans le bloc opératoire, son corps avait rejeté la greffe de poumon. Tous les appareils bipaient, et les chirurgiens s'agitaient. Ils étaient en train de la perdre. Une lumière blanche et bienveillante l'appelait, et l'accueillait doucement de ses bras. Soudain, cette lumière disparut et une lourdeur dans le corps la réveilla.
-L'opération est terminée, madame.
Ce n'était que quelques jours après l'opération qu'elle apprit la vérité. Que la première greffe s'était mal passée. Que les chirurgiens s'étaient empressés de chercher un nouveau poumon. Qu'ils n'en avaient pas trouvé. Que la femme qu'elle aimait s'était aussi fait opérer, pour lui donner un de ses poumons. Qu'elle était en vie grâce à elle.
Parce qu'en plus d'être compatibles au niveau du caractère, elles l'étaient aussi génétiquement. Parce que ses séquelles ne témoignaient pas uniquement de sa bravoure, mais aussi de celle de Marina. Parce que la vie est un combat, qu'elle ne pouvait pas mener seule. Parce que leur amour avait bouleversé toutes les lois du destin.
Mais il y a des choses qu'il valait mieux ne pas dire.
Peut-être parce qu'il n'existait pas assez de mots pour décrire un tel évènement.
Peut-être parce qu'aucun mot n'équivalait le poids de leur amour.
Peut-être parce que l'amour n'avait pas besoin de mots.
