"Tu avais raison, je commence aussi à tomber amoureuse de la nuit" exprima-t-elle d'une voix pétillante, "Regarde ! La lune est si belle ce soir". C'était la première fois que Marina prêtait réellement attention au ciel. Tatiana, elle, connaissait c...
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On essaye toujours de comprendre pourquoi les choses basculent. Mais quand on le découvre, on est déjà de l'autre côté -Grégoire Delacourt
Au bruit que la poutre avait causé, tout le monde s'était précipité à l'étage. Un silence assourdissant. Personne ne savait quoi dire ou que faire, une panique silencieuse s'éprenait de tout le monde. Un professeur s'approcha de Marina à toute vitesse et prit son pouls. Elle respirait encore. Un soulagement. Néanmoins elle demeurait inconsciente, on appela alors l'ambulance pour la transférer à l'hôpital le plus proche. La poutre détachée n'avait pas seulement causé des damages à la danseuse mais aussi à tout l'étage. Le haut des murs commençait à s'effriter et il était possible que ceux-ci s'effondrent même. Le toit avait également cédé, ce qui permit à la brise d'air de s'inviter dans la pièce. Le directeur accourut sur les lieux, plus effrayés pour sa compagnie que pour son élève. Tout rénover coûterait une somme trop onéreuse. Les dégâts seront à voir avec l'assurance bien plus tard.
L'hôpital avait pris en charge Marina et était très attentif à sa stabilité. Elle était toujours dans le coma mais sa respiration ou son cœur était dans un très bon état, son rétablissement ne tardera pas. Son infirmière s'était chargée d'appeler sa famille. C'était plus compliqué d'accéder à son dossier étant donné qu'elle vient d'un autre pays, mais au bout de lourdes insistances, l'infirmière a pu contacter son ex-copain, Mathias, qui était toujours la première personne à contacter en cas d'urgence sur son dossier médical.
Mathias hésita à l'idée d'accourir à l'hôpital directement ou non. S'il arrivait à la minute et que la danseuse se réveillait, elle comprendrait qu'il était déjà en Espagne. Tandis que s'il attendait quelques heures, elle ne le soupçonnerait pas. Mais son inquiétude envers son ex fiancée prima sur le reste et il décida de se rendre dans sa chambre. Voir Marina dans cet état le désola, elle qui était si vive et pétillante se retrouvait maintenant totalement inconsciente, hors réalité. L'infirmière la rassura, en lui expliquant que d'ici quelques heures, elle devrait se réveiller. Aucun de ses membres n'a été cassé, ce qui est un miracle apparemment, elle pouvait continuer la danse. Cela dit, la poutre avait bien amoché sa tête, et il était possible qu'elle ait une commotion cérébrale, et son état demandera de passer quelques examens. Mathias remercia l'infirmière et passa la nuit à son chevet.
Et la matinée, et l'après-midi, et une deuxième nuit. Marina ne se réveillait toujours pas, son état cependant restait stable. Mathias essayait de la réveiller en disant « Chérie si tu m'aimes bats toi, et ouvre les yeux, je t'attendrai ». Encore un jour passa et, lorsque Mathias allait perdre patience, la danseuse essayait de bouger ses doigts. Soudain elle ouvrit les yeux et l'homme se jeta sur elle et embrassa tout son visage, si content d'avoir retrouvé celle qu'il aime.
-Excusez-moi, articulait difficilement Marina, qui êtes-vous ?
A ces mots, la mâchoire de Mathias se décrocha. Comment ça qui il était ? L'homme avec qui elle avait passé les trois dernières années de sa vie enfin !
-C'est moi chérie, ton copain, Mathias, prononça l'homme chamboulé.
L'infirmière choisit ce moment pour rentrer dans la chambre. Elle lui demanda si elle savait pourquoi elle était ici. Non. Elle lui demanda aussi si elle se rappelait de son prénom. Non. Elle ne se souvenait plus de rien. L'infirmière sourit et rassura Marina comme Mathias en disant que tout allait bien se passer. Il est fréquent que les personnes dans cette situation présentent une amnésie mais elle se révélait toujours temporaire, « l'histoire de quelques heures seulement » expliquait la dame.
Mathias était assez déboussolé par la situation mais il y voyait cependant un élément positif. Comme elle avait perdu la mémoire de ce qu'il s'était passé ces dernières semaines, elle oublierait également qu'ils étaient séparés, et ils pourraient reprendre leur vie de couple, comme si rien ne s'était jamais passé.
Marina
Tout son corps endolori se réveilla doucement. Elle se retrouvait dans une pièce totalement inconnue, et un homme qu'elle n'avait jamais vu la couvrait de baisers. « Je suis ton copain, on est ensemble depuis des années, tu ne peux pas m'oublier comme ça » répétait l'homme. Marina remarqua à quel point sa barbe était mal rasée et un sentiment de dégoût envers lui l'envahit. Elle était... sa copine ? Elle n'arrivait pas à le croire. Après tout, c'était possible, elle ne se rappelait même pas de son prénom, alors oublier celui de quelqu'un d'autre était plus que probable. Mais la danseuse avait un instinct qu'elle avait toujours appris à écouter, et celui-ci lui hurlait de n'écouter qu'elle-même. Son subconscient a la réponse à toutes ses questions, bien que ces réponses soient très profondément enfouies. Dans ses rêves notamment.
Avant de se réveiller, Marina avait fait un rêve. Elle était dans une forêt très sombre, avec du brouillard et des corbeaux, digne d'un film d'horreur. Elle avançait très timidement, effrayée à l'idée qu'un monstre débarque la tuer. Mais la personne qui est apparue n'avait rien d'un tueur, au contraire. Une femme s'avança près d'elle, un tableau à la main. Et à chaque pas qu'elle franchissait, l'herbe autour de ses pieds devenait plus verte, le brouillard se dissipait et les corbeaux cessaient leur brouhaha. La femme était brune, et portait comme seul vêtement, un drap blanc qui entourait son corps de manière très sensuelle. Elle ressemblait à une de ses déesses de la mythologie. Elle lui offrit un tableau sur lequel était peinte une petite clairière. Marina demanda à la jeune femme son prénom, mais celle-ci s'amusait de son désarroi. Elle semblait joueuse. Alors que la danseuse émergeait et qu'elle allait bientôt atterrir dans la réalité, la déesse s'approcha de l'oreille de la femme et chuchota d'une voix presque inaudible un prénom.
Marina releva sa tête, et Mathias se précipita pour bien replacer le coussin derrière son dos. Elle lui demanda alors : « Vous connaissez quelqu'un du nom de Tatiana ? »
-Non, gloussa l'homme.
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