𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟸𝟼

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𝕃𝕦𝕜𝕒𝕤 : 

Elle a raccroché... J'y crois pas elle a raccroché merde !

Je me retourne vers Jim qui se tape des hallucinations tout seul... Hein ...?

— Y'avait quoi dans le join que tu m'as passé, Jim ? Demandai-je à mon ami.

— Aucune idée frère, sûrement du speed. Dit-il d'une voix pâteuse.

Ce connard m'a fait fumer du speed... Je le saisis par le col de sa veste en cuir et le plaque contre le mur en lui hurlant dessus :

— Je vais te tuer ! Je t'avais dit que je ne fumais plus de drogues comme la Meth et tu le sais bien bordel !

Il se met à rigoler, d'un rire endiablé. Mes poings le lâchent tous seuls, je commence à rigoler aussi, comme un imbécile, j'hallucine, ma tête me fait atrocement mal et les murs autour de moi commencent à se déformer. C'est peut-être parce que je n'ai plus l'habitude de ce genre de choses...

Je me jette contre le mur du quartier paumé dans lequel Jim m'a traîné, je rigole encore comme un fou, et je vois soudainement la silhouette de Lindsay devant moi...

Je délire sérieusement...

— Lindsay ? Qu'est-ce que tu fous là...?

Elle ne répond rien et se contente de sourire, ses yeux bleus transpercent les miens, océan contre tonnerre...

— Mais arrête de sourire comme une idiote ! Tu me mets en rogne !

Elle continue et se baisse à ma hauteur en souriant de plus belle :

— Dégage !

Je me gratte les yeux et regrette immédiatement mes paroles, je ne vois plus rien et secoue la tête, je me relève :

— Lindsay ? Lindsay ! Je hurle. T'es passée où ? Reviens ! Reviens merde !

Je sens deux bras puissants venir me plaquer face au mur, un métal glacial qui ne m'est pas inconnu joint mes mains, je vois désormais les gyrophares bleus et rouges des flics allonger nos ombres sur les murs de béton, Je me retourne et vois que Jim n'est plus là.

Le lâche...

— Lâchez-moi ! Elle est partie ! Faut qu'j'm'excuse !

— Gardez votre calme monsieur et ne faîtes plus aucun geste. Cria un homme dans mon oreille en me crevant les tympans. Maintenant suivez-nous dans le calme ou je devrais utiliser la manière forte.

Je sens une larme de rage couler sur ma joue que je m'empresse d'essuyer avec mon épaule... Je l'ai blessée au téléphone et c'est maintenant que je m'en rends compte, lorsque c'est trop tard ! bien évidemment... Mais quel idiot je fais !
Le flic me jette sur la banquette arrière de la voiture, je commence à avoir l'habitude du métal froid encerclant mes poignets. Je pose la tête contre la vitre de la voiture qui se dirige vers le commissariat, faut qu'j'apprenne à me maîtriser.... A chaque fois que je suis loin d'elle je redeviens le salaud que j'étais... Mais qu'est-ce qu'elle a de si spécial...?

Si elle apprend ce que j'ai fait, elle va me détester, me haïr jusqu'à la fin de mes jours. Je grogne et tape ma tête contre la portière :

— Ho ! Du calme derrière ! Cria l'un des deux poulets.

Qu'est ce que je vais faire...

♡♡♡

Je rouvre les yeux et me retrouve dans une cellule, retour à la case départ... C'est le même scénario et je sens que je vais prendre cher cette fois...

J'aperçois mon père inquiet, quelqu'un vient m'ouvrir la cellule une fois que je suis debout. Je boîte et marche comme un animal blessé, je rejoins mon père qui hésite entre me serrer dans ses bras pour me réconforter - chose dont je n'ai pas besoin venant de lui - ou me gifler pour extérioriser la rage qu'il a un l'intérieur. Je comprendrai parfaitement sa réaction mais personne ne lève la main sur moi.

— Je ne vais rien te dire Lukas, je ne vais rien te faire... Juste... c'est ta mère qui m'a envoyé l'argent pour payer ta caution. Dit-il probablement déçu de mon comportement.

L'effet du speed s'est dissout, même si je sens encore que je n'ai pas toute ma tête.

Je ne dis rien, je suis trop crevé pour répondre quoique ce soit. Je m'avance vers le bureau du cop et récupère mes affaires. Je sors maladroitement du bloc, suivi de mon père.

— Lukas... Mais qu'est-ce qui te prend ? Dit-il en s'arrêtant devant moi.

— Rien papa... C'est Jim qui m'a filé quelque chose de pas net... Dis-je calmement.

Je suis aussi surpris que mon père vu le ton de ma voix, je devrais exploser de rage, mais non. Je suis là, à discuter comme un adulte responsable qui admet ses erreurs et qui jurera la main droite levée de ne plus jamais recommencer.

— Lukas... soupira mon père. Tu sais très bien que Jim est plus vieux que toi, même si vous avez passé la claire partie de votre enfance ensemble... Il est plus vieux que toi ! Regarde dans quel état il t'a mis nom de dieu ! Je ne veux plus te revoir avec ce voyou, compris ?

— De toute façon c'est qu'un lâche... Il s'est cassé en me laissant seul avec les flics...

J'ouvre la portière et m'installe sur le côté passager. Je ferme les yeux un instant et ressors mon portable ainsi que mes clés et mon paquet de Marlboro. Fumer tue... ils se foutent clairement de ma gueule là avec leur "Fumer tue". de toute façon c'est ce que je mérite après avoir blessé Lindsay. Je suis sûr qu'elle est en train de pleurer.

J'allume mon portable et vois qu'il est déjà 19 heures du soir. Je suis persuadé que si je rappelle Lindsay, elle ne me répondra jamais.

Je prends quand même la peine de le faire, je compose son numéro que je connais par chœur, même si je n'ai jamais cherché à l'apprendre. Je plaque l'appareil contre mon oreille et entends les tonalités se perdre dans le vie, je prie intérieurement pour qu'elle réponde, je sursaute quand j'entends sa voix :

— Lindsay ! Criai-je en arrachant un regard surpris de la part de mon père.

Sa voix robotisé me parvient :

"Bonjour, vous êtes sur mon répondeur, je ne suis pas disponible pour le moment, mais laissez moi un message, je vous rappellerai..."

Les larmes me montent presque aux yeux. Je le range dans ma poche après avoir raccroché ultra déçu... Elle va m'éviter toute la semaine j'en suis sûr, et même quand je serais de retour... Mais c'est tout ce que je mérite dans le fond. Mon père dis tout doucement :

— Tu as l'air déçu... Qui est Lindsay..? Si ce n'est pas trop indiscret...?

Je soupire :

— Lindsay... C'est la chose qui m'a rendu meilleur, en l'espace de quelques temps, elle a réussi à me faire voir un beau côté de ma personnalité infecte...

Il répond d'un vague "Ah" avant de se concentrer une nouvelle fois sur la route... Detroit est comme mon humeur, aussi grise que mes yeux, aussi grise que les nuages qui pleuvent à l'intérieur de moi...

à suivre...

𝟓 𝐌𝐈𝐍𝐔𝐓𝐄𝐒 𝐀𝐖𝐀𝐘© [𝚃𝙴𝚁𝙼𝙸𝙽𝙴]Where stories live. Discover now