𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟹𝟷

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Lukas :

— Tu prendras soin de toi, fiston. D'accord ? Fit mon père avant de me serrer dans ses bras.

— Ouais... 

Un dernier sourire, un dernier au revoir, une dernière accolade, c'est parti... Je m'engage dans l'allée qui mène au contrôle des passeports. Je présente mon billet et procède à la fouille. Merci les attentats du 11 septembre ! On ne peut même plus passer par les aéroports tranquillement... 
Une demi heure plus tard, me voici dans mon siège, dans cette avion qui décollera dans quelques minutes pour la Californie. 

Je n'arrive pas à croire que je suis presque heureux de rentrer à Los Angeles, et dire qu'il y'a quelque mois, j'aurais donné n'importe quoi pour rester dans ce coin pourri. Mais là maintenant, je donnerais n'importe quoi pour que mes 4 heures de route s'accélèrent. Car j'ai désormais une magnifique blonde aux yeux magiques qui m'attend chez elle, dans mon nouveau chez moi. Ou qui redoute mon arrivée... 

1990 miles me séparent de Lindsay, je donnerais tout pour être auprès d'elle et lui dire à quel point je suis désolé, désolé d'être aussi stupide et manipulable. 
La dernière chose dont j'ai envie, c'est dégoûter Lindsay, qu'elle ait peur de moi, de mes soucis psychiques... De mon état quand je ne suis pas moi-même ou quand je suis drogué...
Elle ne connaît pas Leon, elle ne connaît pas l'ampleur et la lourdeur du poids de mon passé, que je porte sur mon dos. Chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde de ma vie, à chaque bouffée d'air, j'ai l'impression que c'est la dernière...

Les secousses du moteur qui ronronnent me ressortent de mes pensées, je mets ma ceinture et regarde par le hublot? le sol qui se dérobe sous les roues de l'avion. Bientôt, je me retrouve bien au-delà des nuages, tout est si confus dans ma tête...

Peut-être devrai-je lui parler de Leon, peut-être devrais-je lui dire que j'ai peur, terriblement peur de devenir comme lui. Terriblement peur de finit comme lui, à croupir dans une cellule en taule, seul... Tout seul. Mais si je lui dis, peut-être qu'elle me prendra pour un con... Pour un froussard...
J'ai toujours redouté le fait de me retrouver sans personne, c'est pour cela que lorsque ma génitrice s'est barrée, j'ai eu les jetons, j'avais la trouille que mon père fasse la même chose car Leon aussi n'était plus là, car Valentýna s'est cassée elle aussi quelques années plus tard mais... Elle, je ne lui en voudrais jamais... 
J'ai toujours eu la frousse, c'est pour ça que je fréquentais des gens, des boîtes... Que je me faisais remarquer. J'ai vite trouvé le métier de mes rêves très... Ringard. Je sais, quelque part, que c'est faux, qu'être Médecin est quelque chose de vraiment cool. Mais très vite après les événements de ma vie si triste soit-elle, j'ai tout lâché, absolument tout. Je me suis comme arraché le cœur, et j'ai mis mes sentiments, ma compassion et mes larmes sous anesthésie. Je me suis caché derrière une armure de tatouages qui cachent mes cicatrices, mes craintes... Chacun de ses dessins racontent une de mes histoires, j'ai pris soin de tout graver à l'encre noire sur ma peau, peut-être était-ce une erreur de tout écrire sur moi, pour que mon passé me suive partout ? 
Je ne regrette rien, je ne regrette pas ce que le passé a forgé comme personne. Je me tue à dire que je ne regrette rien pour essayer de me convaincre. Mais dans le fond, je suis le plus gros lâche et le plus gros froussard qui puisse exister sur terre. Et la seule personne à qui je peux peut-être le dire c'est bien Lindsay... 

♡♡♡

— Merci d'avoir choisi notre compagnie aérienne ! Nous vous souhaitons un agréable séjour !

Le trop de bienveillance plastifiée dans la voix de l'hôtesse de l'air me donne déjà le cafard, Je me relève, prend mon sac et ma valise et attends que la file avance. Devant moi se trouve une femme tenant son môme par la main, ce dernier rouspète. Il s'impatiente. 

Les yeux verts du petit me scrutent lorsqu'il se retourne, il a l'air hypnotisé par mes tatouages :

— Wouah ! Ils sont trop beaux tes tatouages ! S'exclama-t-il. Je veux les mêmes quand je serais plus grand !

Je souris au gamin qui m'a tout l'air d'avoir 10 ans, si ce n'est moins. 

— Merci, mais je te conseille de garder ta peau propre, c'est mieux. Dis-je à mon tour. 

— Nan ! Je veux que Annie soit impressionnée par des tatouages ! comme les tiens ! Répliqua-t-il. 

— Oh... Eh bien si tu veux impressionner Annie, impressionne la en lui montrant que tu es super fort ! Crois-moi, j'ai impressionné ma première amoureuse sans mes tatouages !

— C'est vrai ? S'exclama-t-il. 

La maman du petit garçon se retourne :

— Nathaniel ! Arrête d'embêter le monsieur ! Le sermonna-t-elle. Je suis désolée s'il vous dérange... Dit-elle en me regardant. 

Je lui fais signe de paix et lui envoie mon sourire des plus sincères avant de faire un clin d'œil au petit :

— Sois toi-même, et elle t'aimera comme tu es. 

 La file bouge enfin. C'est la première fois que je me comporte de façon agréable avec les gens, l'autre moi aurait sûrement grimacé et se serait plaint du dérangement, mais... Je trouve ça mignon que ce gamin veuille impressionner une fille avec des tatouages. Quelle idée... 

En sortant, je le vois récupérer ses bagages en soute, il me fait un signe de la main, et je lui souris avant de passer encore une fois par la fouille pour sortir de cet enfer. Tiens... Je me demande si quelqu'un viendra me chercher, ou si je dois me trouver un taxi... 

Comme la première fois, je me retrouve perdu, paumé, dans cet aéroport monstrueusement grand, en espérant rencontrer une gueule qui m'est familière. Rien. 
Je scrute et balaye des yeux le hall de l'aéroport, j'aperçois soudain, une touffe blonde, des mèches rebelles domptées dans un chignon fait à la va-vite. Elle est debout sur un banc et ses deux perles bleues semblent à la recherche de quelqu'un ou quelque chose. Je la reconnaîtrais entre mille. 

Pourtant, je croirais à un mirage, elle est là, elle me cherche... C'est impossible ça ne peut pas être elle. Je commence à avoir des hallucinations autrement c'est inimaginable !
Ces magnifiques yeux bleus interceptent enfin les miens. Un immense sourire se dessine sur son visage angélique. Elle descend du banc et je m'avance vers cette oasis, assoiffé, en espérant que ce n'est pas un rêve... 

à suivre...

𝟓 𝐌𝐈𝐍𝐔𝐓𝐄𝐒 𝐀𝐖𝐀𝐘© [𝚃𝙴𝚁𝙼𝙸𝙽𝙴]Όπου ζουν οι ιστορίες. Ανακάλυψε τώρα