𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟸𝟿

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Lukas :

Une lueur d'espoir vient s'installer dans le creux de ma pupille grise, un sourire, bien qu'idiot, vient se déposer sur mes lèvres. Je m'imagine des scénarios impossible, j'imagine que Lindsay m'a envoyé un message, ce qui est totalement faux. 

Le nom de mon daron d'affiche sur mon écran, il m'a envoyé un message. Mes espoirs tombent et se brisent en mille morceaux. 

Papa : Où es-tu Lukas ? Il faut que tu rentres faire ta valise, tu repars demain. 

J'avais complètement oublié que je ne reste pas éternellement à Detroit. Il faut bien que je rentre, même si je n'ai aucune envie de recroiser leur gueule. A tous. 

Excepté Lindsay, peut-être.

Je tape une réponse plus au moins satisfaisante. Si on peut classer un "OK" comme réponse satisfaisante bien sûr.

Je ramasse mes clés et mes écouteurs qui traînaient sur la table en emportant mon verre de Coca, sans oublier de déposer le fric sur la planche du menu. Une fois debout et près, une main vient rattraper la mienne, je fais volte-face et tombe sur la petite serveuse :

— Attends ! Euh... je voulais savoir... Tu voudrais bien qu'on se voit pour boire un verre un de ces quatre ? 

J'hallucine, elle se croît où, elle ? 

Je dégage ma main d'un geste violent et rapide :

— Va draguer ailleurs, petite conne. Pestai-je. J'ai pas le temps pour toi. 

Je sors du café, mon gobelet à la main, buvant de temps à autre quelques gorgées. Le liquide pétille dans ma bouche et contre mon nez. Je me mets à regarder la rue dans laquelle je marche, c'est noir de monde. 

Non, je ne manquerai nulle part, je ne laisserai jamais aucun vide. Les métros sont bondés, les restaurants comblés, les têtes, elles, sont bourrées à craquer de petits soucis. 
Si je glisse hors du monde, il restera plein, comme un œuf. Il faut croire que je ne suis pas indispensable. J'aurais voulu l'être, à quelqu'un, ou à quelque chose. Personne ne m'a jamais aimé, ma génitrice en premier, qui nous a abandonnés, mon père et moi. Lui, ce tocard qu'est mon père, et qui m'envoie loin de lui, et qui n'a jamais été présent pour moi. Jamais. 
Et c'est là que je m'attache à une fille, une fille que je ne connais que depuis très peu de temps. Une fille dont la vie a été complètement bousillée, une fille complètement détruite et amochée, une fille avec autant de cicatrices que moi, sauf que les miennes sont recouvertes d'encre aussi noire que ce qu'est devenu mon cœur. 

Je regarde les gens en marchant, je jette mon gobelet dans une poubelle, à la va-vite. Je marche encore, entre les immeubles et les grattes-ciels, je me faufile entre la masse de monde qui bouge en même temps que le monde, et c'est la première fois que je pense comme ça. C'est la première fois que je ne m'énerve pas, parce que personne ne m'aime, c'est la première fois que je constate que je dois faire des efforts. Ou sinon, à quoi sert la vie ? 

Le ciel gronde, les nuages se font de plus en plus poisseux et lourds. Les gouttelettes de pluie se mettent à tomber de cet immense masse d'air. Les gens se précipitent vers les magasins pour se réfugier, vers les immeubles, d'autres sortent leurs parapluie et continuent leur chemin. 
Les gouttes d'eau se mettent à violemment frapper le sol, je suis là, avec ma veste en cuir, au milieu de Detroit, les mains dans les poches. 

Mes cheveux son complètement mouillés, mon jean aussi. Je patauge dans mes converses qui ont pris l'eau. 

Ce changement de climat si rapide... On dirait moi... 

𝟓 𝐌𝐈𝐍𝐔𝐓𝐄𝐒 𝐀𝐖𝐀𝐘© [𝚃𝙴𝚁𝙼𝙸𝙽𝙴]Where stories live. Discover now