𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟻𝟷 - 𝘎𝘢𝘮𝘦 𝘖𝘷𝘦𝘳, 𝘓𝘶𝘬𝘢𝘴.

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C'est le septième verre de scotch que je bois

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C'est le septième verre de scotch que je bois. Ou le huitième... Ou le neuvième peut être...

Un autre verre, bordel... ET TOUT DE SUITE ! Hurlai-je au barman.

Il doit être pas moins de 3 heures du matin. Je suis dans le même état depuis hier. Si ça continue comme ça je vais la rejoindre...

Et puis merde, vaut mieux se bourrer la gueule pour oublier plutôt que de rester conscient d'une vérité qui finira un jour par m'achever.

Le bar est désert, reste plus que quelques merdeux qui sont ivres morts au fond. C'est complètement con de ma part, je sais. Mais je m'en fout, ça fait bien trop mal... Imaginer ma vie sans elle, imaginer qu'elle n'est plus là, que je n'entendrai plus jamais le son de sa petite voix... Qu'elle ne sera plus là pour m'emmerder et m'énerver, pour ensuite me serrer fort dans ses bras. Imaginer que je ne sentirais plus son odeur, ni les mèches de ses cheveux entre mes doigts. Que je ne replongerai plus jamais dans ses yeux bleus qui désormais, sont fermés pour toujours...

Ça, ça me rend malade. Le pire dans tout ça, c'est qu'elle est partie, avant même que je ne puisse lui dire ces sept petites lettres qui comptent tellement pour elle...

Elle est morte, sans savoir que je l'aime. Elle est partie pour toujours et elle ne saura jamais à quel point je l'ai aimé, à quel point je ne peux pas imaginer, que je n'arrive pas à m'imaginer sans elle.

En mettant les pieds dans cette baraque, jamais je n'aurais cru qu'elle ferait de la vie un enfer. Au début, elle était juste la nièce du mari d'ma daronne. Jamais je n'aurais cru que son existence pourrait prendre une telle ampleur dans la mienne... 
Elle et moi, on était pareils. Deux âmes torturées faites pour se croiser. Elle avait ses démons, j'avais les miens. Mais en même temps, je pense qu'entre nous deux, il y'avait cette électricité qui nous permettait de nous sentir forts et unis.

Lorsque j'avais l'impression de me noyer, lorsque j'étais sur le point de lâcher, elle était là. Elle était mon ancre, la petite chose qui me permettait de tenir le coup, d'arrêter les conneries et de reprendre sérieusement mes études... Mais elle était surtout, et aussi, ma plus grande faiblesse. Je l'ai juste compris trop tard. Beaucoup trop tard.

Toute ma vie, je l'ai passée à marcher en équilibre sur un fil invisible, ne regardant ni à gauche, ni à droite. De peur de tomber dans un passé regretté, ou dans un avenir vide. J'étais en colère contre la terre entière, sauf elle. C'était une petite boule dorée qui illuminait la noirceur de mon monde. J'ai passé ma vie dans la drogue, l'alcool, les coups d'un soir, les vols... Les commissariats, dans les quartiers pourris de Detroit. En une phrase, elle a tout fait voler en éclat. Ma vie, mon âme, mes habitudes, elle... Absolument tout. Tout a volé en éclat.

J'ai besoin d'elle, j'ai besoin d'elle pour marcher au milieu de mes cauchemars, de mes souvenirs et de cette vie de merde...

Elle est pas morte... Elle est pas morte ! 

Après avoir bu mon verre d'une traite, je me lève du tabouret et trébuche. Je ne tiens même plus sur mes jambes...
Je tombe à terre sur mon torse, la joue écrasée contre le sol.

Je me relève et essuie le peu de sang qui a coulé de mon nez. Je marche vers la sortie en boitant comme un canard. 

Il pleut des cordes, je sais pas si je pourrais conduire dans cet état, je sais même pas où est ma caisse... Mon procès aura lieu demain, ils m'ont relâché sous caution, afin que je règle quelques trucs avec la famille, les amis, et que j'assiste à son enterrement, et au lieu d'y aller, je suis resté perché sur ce tabouret à me bourrer la gueule. 

Je marche sous la pluie, complètement soûl. Les lampadaires sur le trottoir éclairent un peu les ruelles vides de LA. Je marche vers nulle part, je hurle :

— LINDSAY BORDEL, REVIENS J'T'EN SUPPLIE !

Je ne contrôle plus mes larmes et elles coulent sur mes deux joues, je sanglote en criant son nom, le vent souffle fort, je continue de faire un scandale, comme un fou :

— LINDSAY !

Je hurle son nom au vent dans l'espoir qu'il lui emporte ma voix et qu'elle m'entende de là où elle est. Elle va m'entendre... J'en suis sûre et elle va me répondre...

♡♡♡

Je me laisse tomber contre la porte de la villa et continue de pleurer. Je hurle tellement ça me fait mal au cœur. Elle est pas là, j'entends pas sa voix...

La porte s'ouvre brusquement, c'est Valentýna, les yeux rougis et gonflés, qui m'ouvre.

— Entre, Lukas.

Je la regarde, les yeux larmoyants. Elle est triste. Comme moi.
Elle a été là pour nous deux, moi, quand ma génitrice m'a laissé, Lindsay, quand ses parents sont partis.

Je me lève en manquant de me casser la gueule une deuxième fois ce soir. J'essaye de marcher rapidement vers la chambre de Lindsay. Tout le monde dort, seule Valentýna est venue m'ouvrir. C'est la seule à m'avoir entendu.

Je me jette sur la porte et souris comme un idiot en pensant qu'elle sera là. Je l'ouvre et c'est une chambre vide, bien rangée et qui sent la vanille qui s'offre à ma vue.
Une serviette oubliée sur son lit est la preuve d'une trace de vie récente dans cette pièce. dans un geste lent, je traine les pieds jusqu'à son lit et tombe à la renverse, je grimpe jusqu'à son oreiller et respire son odeur et hurlant encore. Je pleure et renifle, je sanglote et mon corps est secoué de violents hoquets et tremblements.

Elle n'est pas là...

Je prends la serviette sur le lit, qui sent fort son gel douche et son parfum sucré. Son sourire revient, et ses yeux bleus me scrutent devant le mur... Elle est là, encore... Ce putain de fantôme est là...

— Qu'est-ce que tu fais dans ma chambre, Lukas ? 

Je ne réponds rien, j'ai trop bu, je perds la tête c'est clair...

Elle lève les yeux au ciel et part :

— Non ! Criai-je. Reste !

Plus rien. Elle a disparu, encore une fois.

J'hallucine et j'la vois souvent. Parmi des gens, à table, devant moi...
Faut croire que j'ai pas été sobre ces temps-ci, je la vois partout. Partout, elle est là, même dans mes cauchemars. La boucle est bouclée, je revis chaque soir cette scène macabre et me réveille pour sortir en courant jusqu'au lieu où elle a été tuée, je n'y arrive jamais, où alors, lorsque j'arrive, il est trop tard, les 5 minutes se sont écoulées, et son corps gît dans son propre sang. 

« Tu n'es plus là où tu étais, mais tu es partout où je suis. »

- Victor Hugo.

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𝟓 𝐌𝐈𝐍𝐔𝐓𝐄𝐒 𝐀𝐖𝐀𝐘© [𝚃𝙴𝚁𝙼𝙸𝙽𝙴]Where stories live. Discover now