𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟻𝟹- 𝘞𝘩𝘺 𝘢𝘳𝘦 𝘺𝘰𝘶 𝘩𝘦𝘳𝘦 ?

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Le lycée est plein à craquer, je regarde ma montre et m'avance dans le couloir en essayant de me frayer un chemin dans la masse de monde noire, des têtes rousses, blondes et brunes passent et me dépassent

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Le lycée est plein à craquer, je regarde ma montre et m'avance dans le couloir en essayant de me frayer un chemin dans la masse de monde noire, des têtes rousses, blondes et brunes passent et me dépassent. 

Je marche en essayant tant bien que mal de tout replacer dans mon esprit. Fixant le bout de mes converses usées, je lève la tête pour ouvrir mon casier et prendre mes livres. 

L'odeur de Lindsay vent me fouetter le visage et s'engouffrer dans mes narines, cette odeur me donne mal à la tête, elle me soulève le cœur et me donne envie de gerber. 

Au moment où je claque la portière métallique, je tombe sur deux yeux bleus qui me scrutent. Elle papillonne des cils sans dire mot. 

Mon cœur bat rapidement, je la regarde à mon tour sans savoir quoi lui dire... Elle est là, elle est juste là et c'est incroyable... 

— Pourquoi t'es là, Lindsay ? marmonnai-je en m'approchant d'elle. 

Elle recule. 

— Parce que je t'aime Lukas, et que je sais que je te manque énormément. 

— Effectivement...

Elle se retourne pour s'en aller mais je la retiens par le bras :

— Reste, s'il te plaît Lindsay ne pars pas maintenant... 

Donne moi une raison de rester avec toi.

— Je t'aime, Lindsay. 

Elle se dégage de moi et me regarde les larmes aux yeux, en un dernier effort, elle me souffle : 

— Pourquoi tu ne me l'as pas dit quand j'étais vivante, Lukas...?

Je la regarde, les larmes la trahissent et elle s'en va, encore une fois. 

Je la suis en courant :

— Tu vas te faire percuter ! Revient Lindsay je t'en supplie revient ! 

Elle me dépasse déjà de loin et il n'y a plus personne aux alentours, j'entends juste dans un éco insupportable sa voix me reprocher encore et encore mes erreurs, je l'entends me dire qu'il est trop tard, trop tard... Trop tard ! 

Je sors hors du lycée et me retrouve dans le café où je l'ai vue pour la dernière fois. 

C'est quoi ce bordel ?

Ma montre sonne et je vois qu'un chrono s'est enclanché. 

Un chrono s'est enclanché ? 

Je vois qu'il ne me reste plus que 4 minutes et 31 secondes, je ne comprends pas tout mais ça fait comme un déclic dans ma tête au bout des trois premières minutes. 

Je me mets à courir comme un fou pour sortir, ces 5 minutes là, elles lui ont arraché la vie ! Si j'étais arrivée un peu plus tôt je l'aurais sauvée... Pas question que je me foire cette fois ! 

L'endroit où elle se trouve me paraît loin à des milliers de kilomètres à la ronde, je cours quand même en sentant l'adrénaline bouillonner dans mon sang. 

Je trébuche et me rattrape à un poteau, mes lacets sont défaits. Je suis essoufflé et j'essaye de faire rentrer le maximum d'oxygène dans mes poumons. 

Je regarde ma montre, plus que trente secondes. 

Au moment où j'arrive sur les lieux, le corps de Lindsay est déjà ensanglanté, à terre. Ma montre sonne, ce bip insupportable qui me fait bien comprendre que c'est trop tard, que je n'ai plus le temps de la sauver. 

C'est terminé, c'est trop tard. 

   J'ouvre subitement les yeux, je me réveille en sursaut puis balance mon foutu réveil à terre avant de me jeter dessus pour l'éteindre. Ce matin, encore, il est l'élu. Je vais m'acharner sur lui comme je peux. 

Une fois terminé, j'essaye de remettre mes idées en place, je suis en sueur, ma tête me fait horriblement mal et j'ai envie de vomir. C'est comme ça chaque soir depuis une semaine. 

On est le 5 juin, et, aujourd'hui, je dois mettre une chemise. Car aujourd'hui, mon père arrive de Detroit, et aujourd'hui, le verdict tombera, ma sentence sera prononcée, et je prie pour la peine de mort. Même si, dans le fond, je flippe, la mort a toujours été quelque chose qui m'effrayait, je veux la rejoindre, je veux tellement la rejoindre que je n'ai plus peur de rien.

Je me lève de mon lit et vais vers la chambre de Lindsay, c'est un peu devenu mon repère, j'y squatte souvent quand j'arrive pas à dormir dans la mienne. 

Je me jette sur le matelas de Lindsay et souffle en respirant son odeur. Rien n'a bougé, personne n'a pu y entrer d'ailleurs, j'ai piqué le double des clés pour que personne ne vienne nettoyer et enlever son odeur. 

Une bonne demi heure plus tard, je me lève et me dirige vers sa coiffeuse, je touche du doigt ses bijoux, ses parfums et son maquillage... Le dernier rouge à lèvres qu'elle a utilisé, le truc pour les cils là, et la couleur pour couvrir les cernes. 

Tout est là. 

Je lève le regard sur un cliché d'elle accroché avec une pince violette sur le miroir de la coiffeuse, le sourire à ses lèvres révèle ses dents éclatantes, ses beaux yeux bleus scintillent, sa beau blanche contraste avec le noir de mon aura... Un T-shirt couvre le haut de son corps avec comme inscription "Power to the people", une jupe bohème descend le long de ses jambes et lui arrive au dessus des chevilles, elle chausse des Toms blanches et sourit, adossée sur le capot d'une voiture rétro, les bras en l'air, devant le coucher de soleil sur la mer. Sur le dos de la photo est écrit Los Angeles, Summer 2018. 

C'est donc récent... 

Je souris en la voyant, j'ai l'impression qu'elle va sortir de la photo et parler, qu'elle va bouger, je n'arrive pas encore à réaliser que je ne la reverrais peut-être plus, ça me déchire le cœur. 

Je me retourne et m'étire, je passe une main sur ma barbe de trois jours et c'est là qu'Une petite boîte bleue en velours attire mon attention, elle dépasse du dessous de son lit. 

Qu'est-ce que c'est que cette babiole encore ? 

Je me baisse et m'assois sur le parquet pour la tirer vers moi. Je la dépoussière et ouvre le couvercle en fronçant les sourcils. Mes mains tatouées parcourent le contenu de la boîte. 

j'y découvre des photos, des lettres, des coquillages, des fioles contenant du sable avec le nom de villes et de plages collés dessus... Il y'a cinq petites feuilles dont je distingue le papier blanc usé par l'encre sur le dos. 

Je tire tous les petits documents et les regardes un à un, sur le dos de chaque feuille est écrit mon et un numéro précis, je reconnais là l'écriture de ma petite princesse pompons, je pourrais la reconnaître entre mille. 



𝟓 𝐌𝐈𝐍𝐔𝐓𝐄𝐒 𝐀𝐖𝐀𝐘© [𝚃𝙴𝚁𝙼𝙸𝙽𝙴]Where stories live. Discover now