Recueil OS drarry

19 janvier 2021 - Chaud

Les yeux de James pétillaient de cette lueur que Lily connaissait par cœur : mélange d'excitation et de joie à la perspective d'une future bêtise. Elle sentait son propre sourire répondre à la joie de son mari et se laissa guider dans les couloirs de Poudlard, se sentant revenir vingt ans en arrière.

À bien des égards, rien n'avait changé : elle était toujours amoureuse de James, et cet idiot l'aimait toujours autant. Ils faisaient toujours des bêtises, discutaient toujours de magie avec passion, tout deux passionnés par la théorie, mais maintenant ils avaient un enfant et une bague au doigt.

Le grand sourire maniaque de James faisait inconsciemment sourire les étudiants qu'ils croisaient, bien que personne ne comprenait que faisait l'auror à Poudlard, presque en train de tirer sa femme tant il avançait à grandes enjambées, et pourquoi leur professeur temporaire avait de tels yeux brillants, elle habituellement si calme et composée en classe.

—Allez Lys, on va le louper sinon !

Lily roula des yeux.

—Je refuse formellement de trottiner à côté de toi pour pouvoir te suivre.

James roula des yeux à son tour, mais ils étaient tous les deux très amusés par cette conversation routinière. Lily haïssait officiellement sa différence de taille avec James, mais tout deux savaient que rien n'était plus faux que cela. Elle adorait pouvoir se blottir contre la grande taille de son mari, et James adorait la voir se mettre sur la pointe des pieds pour l'embrasser.

—De plus, ajouta-t-elle, je n'ai jamais vu notre fils se presser pour aller en histoire de la magie.

—Qui l'est ? demanda rhétoriquement James en empruntant un raccourci. On y est presque !

L'auror comptait poser un charme d'eau qui s'activerait dès que Harry passerait devant, pour se venger d'une des farces que leur fils avait faite pas plus tard que la semaine dernière et qui avait forcé James à aller au travail les cheveux jaunes. Lily en avait été extrêmement amusée.

Le couple Potter était à présent dans un couloir adjacent au trajet habituel pour entrer en classe d'histoire, et Lily sentit la joie de James se décupler devant le moment presque fatal.

—Ok, alors on va-

Un gémissement se fit entendre, et les deux âmes sœurs se stoppèrent net. Lily se sentait déjà gênée d'être témoin d'un tel moment, mais James, toujours heureux d'embarrasser les autres, fit un sourire qui ne présageait rien de bon.

—Ma chère et tendre femme, il semblerait que deux élèves préfèrent se livrer à des plaisirs charnels plutôt qu'assister à leurs cours. N'est-ce pas absolument choquant ? Je propose donc qu'on aille leur retirer des points, puisque c'est ton devoir en tant que professeur, même temporaire...

Elle grogna mais se composa une façade neutre pour ne pas montrer sa gêne aux futurs étudiants qu'elle allait devoir interrompre et maudit sa conscience professionnelle.

James, lui, semblait presque littéralement briller, pas gêné pour un sous et toujours heureux de pouvoir taquiner deux pauvres âmes. Fort heureusement, il avait apprit à reconnaître quand s'arrêter, mais quand ne pas commencer semblait avoir échappé à son apprentissage.

Il rehaussa ses épaules, lâcha la main de sa femme, lui envoya un sourire à 7000 lux et ouvrit la porte d'un coup brusque.

—Ben alors les jeunes, on ne se prépare pas à aller en cou...HARRY ??!

Lily sentit son cœur tombé et jeta également un coup d'œil à la scène. Elle n'aurait vraiment pas dû. Son fils était à moitié débraillé avec un autre garçon blond qui ressemblait vaguement à Lucius-

—MALFOY ?????!!!!!!!! hurla James, qui se fit probablement entendre jusqu'en Australie.

Lily, des points d'audition en moins, cligna des yeux et dévisagea le jeune homme blond qui était totalement rose d'embarras dans les bras de son fils.

Merlin tout puissant.

Lily sentait ses propres joues devenir brûlantes. James, lui, semblait à deux doigts de s'évanouir de choc. Harry était figé dans un visage de surprise si comique qu'il n'aurait pas démérité sa place dans un théâtre.

Le moment était infini. Lily avait l'impression qu'elle allait mourir de combustion. Personne n'osait respirer, ni même se regarder droit dans les yeux. Lily avait envie de remonter le temps et supprimer son existence.

Finalement, Harry relâcha les fesses de Draco, et elle se détesta d'avoir remarqué ça. C'était son fils, pour l'amour de Merlin ! Harry réajusta les habits du fils Malfoy avant de faire de même avec lui et faire semblant de dépoussiérer ses vêtements. Ses joues, aussi cramoisies que celles de sa mère, ruinaient l'effet. Tout le monde semblait avoir gagné quelques degrés de température sauf James, qui était pâle comme un linge et à deux doigts de l'AVC.

—Alors, hum, papa, maman, voici Draco Malfoy, mon...euh...petit-ami ?

Malfoy semblait vouloir se faire engloutir dans le sol. Il fixait le mur, mortifié, comme s'il priait Poudlard de l'aspirer ailleurs pour l'éternité. Étrangement, cela apaisa Lily, qui put rassembler la force de répondre à son fils.

—D'accord. Eh bien, je...nous sommes enchantés de faire ta connaissance, Draco.

Les yeux gris se tournèrent vers elle, écarquillés d'embarras et de terreur. Malgré elle, Lily le trouva objectivement très beau, même s'il ressemblait au crétin de Lucius. Elle tenta un petit sourire pour le rassurer. Harry posa une main ferme sur son dos, et le garçon reprit contenance.

—Enchanté aussi, prof-enfin, je veux dire, Lady Potter. Lord Potter.

Cela sembla tirer James de son état presque catatonique.

—LE FILS MALFOY ??!!

—Une née-de-moldue ? répondit Harry, pas impressionné.

Lily reconnaissait ce regard, celui que James avait pour la défendre, qu'il avait pour défendre Remus, qu'elle-même avait pour se faire entendre en tant que sorcière à part entière et femme, qu'elle avait pour défendre les causes qui lui tenaient à cœur devant le Magenmagot. Elle sut que Harry n'abandonnerait jamais et qu'elle avait devant elle son futur gendre.

Elle ne laissa pas James bégayer une réponse et le tira par la manche avant de respirer un grand coup.

—On va y aller, n'est-ce pas James ? Passez une bonne journée les garçons. Et allez en cours, rajouta-elle, sa voix trébuchant sous la panique.

Elle essaya très fort de se persuader qu'elle ne fuyait pas avec son mari en remorqueur et qu'elle n'avait pas besoin d'un bon verre de bourbon.

Cela n'a pas fonctionné.