Mardi 17 décembre 2019 - Réalité

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Il avait échoué.

Draco se sentait vide, indéniablement vide. Il était un lâche, incapable de se soustraire aux attentes de son père, incapable de se battre, de fuir, d'hurler « non » au monde, incapable de se retirer de cette machine infernale, de cet engrenage qui avait commencé bien avant sa naissance.

Lâche, lâche, lâche.

Il déambulait dans les couloirs de Poudlard, le corps encore tremblant, les yeux hantés par les erreurs qu'il avait vu, par le poids de son échec.

—Draco.

Et Harry était debout devant lui, la foutue carte des maraudeurs dans ses mains halées, son regard vert fixé sur lui dans un mélange d'inquiétude, de soulagement et d'amour. Tout ce que Draco ne méritait pas.

—Harry, répondit-il par automatisme, comme si sa langue voulait goûter une dernière fois la sensation de son prénom sur ses lèvres, tant qu'il était encore le bienvenu.

Harry James Potter.

Il faisait parti de ceux qui pouvaient l'appeler Harry. C'était si fort, si significatif, l'utilisation d'un prénom. Cela hurlait au monde : « regardez à quel point je suis proche de lui, regardez notre proximité ! ». Mais Draco pouvait se permettre bien plus. Il pouvait le surnommer. Il pouvait l'appeler de tous les noms, de « mon ange » à « petite merde défigurée ».

—Harry...

Quelque chose se brisa en lui et le serpentard se sentit trembler plus fort, dans un début de sanglot incontrôlable. Il avait envie de partir en fou rire, d'hurler sa peine et de pleurer comme une merde dans les couloirs de Poudlard, et s'il ne se reprenait pas, c'était ce qu'il allait réellement faire.

Du coin de l'œil, il vit Harry s'approcher de lui et il maudit cet homme d'être aussi...aussi lui. Ne voyait-il pas à quel point Draco était souillé, détruit, bousillé ?

—Ne t'approche pas.

Draco aurait voulu lui cracher cette phrase avec hargne, mais elle était sortie d'une voix bien trop douce et brisée. Des larmes de rage devant son incapacité à faire quelque chose de bien, devant sa faiblesse, apparurent dans ses yeux et dans un mouvement de détresse, de haine et d'un tas d'émotions que Draco ne pouvait plus contrôler, il releva vivement sa manche gauche et fixa le visage d'Harry, prêt à affronter sa haine, son dégoût, sa déception.

Draco avait échoué.

Les sourcils noirs se levèrent et disparurent sous les cheveux formant une frange sans même le vouloir tandis que ses yeux verts s'écarquillèrent. Draco ferma le poing pour empêcher son bras de trembler mais il sentait des larmes d'impuissance couler librement sur ses joues. Faible, faible, faible. Pitoyable. Lâche.

—Draco...

Et Harry fit quelque chose auquel Draco n'était absolument pas prêt : il le prit dans ses bras. Le serpentard avait envie de partir en fou rire et, sans même s'en rendre compte, c'est ce qu'il fit. Il rit hystériquement contre l'épaule de son amant, sanglotant en même temps dans un tourbillon d'émotions contradictoires. Qui d'autre qu'Harry James Potter irait faire un câlin à un mangemort ? Ce crétin lui faisait-il vraiment confiance au point de le croire incapable de le stupéfixier et de l'emmener au pied de son...de son...de son maître.

Draco cessa de rire et éclata en larmes, désespéré. Il essaya de dire à Harry qu'il était un lâche, qu'il avait échoué, qu'il ne méritait rien, qu'il devrait partir, mais rien n'en sortit. Un baiser sur sa tempe le sortit de ses funestes pensées et c'est seulement là que Draco remarqua qu'Harry le tenait fort contre lui, sa magie le recouvrant et l'apaisant doucement.

Recueil OS drarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant