19 janvier 2020 - Brisé

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Parfois, mon amour, j'aimerais que tu sois aveugle au monde. Que tu ne vois pas tous les malheurs humains, que tu ne te méfies pas de tout, que tu ne sois pas constamment sur tes gardes.

Te rappelles-tu de ton innocence ? De cette amère époque où tu ne te méfiais de rien, où tu étais prompte à accepter les autres, à croire aux secondes chances et à la bonté humaine ?

Moi, je m'en souviens. Et mes souvenirs sont encore clairs des jours où je me suis moqué de ta naïveté, de ta noblesse, de ton visage expressif. Je te disais de réfléchir, d'arrêter de tout croire naïvement, de te méfier. Tu ne m'as jamais écouté, as-tu même déjà écouté quelqu'un ?

Mais la guerre te l'a apprit à ma place, mon amour. D'une manière bien plus dure que mes mots, hélas.

Et maintenant je regrette le temps où ton sourire pouvait faire éclore les fleurs, le temps où tu croyais aux autres. Car maintenant, tu ne crois plus en rien, tu offres cynisme et méfiance à quiconque t'approches, tu ne souris plus si facilement.

Je t'aime toujours autant, mon amour, mais j'ai l'impression de t'échouer. Comment puis-je faire pour illuminer tes yeux de quelques rides joyeuses, chéri ?

Je t'en prie, si tu ne peux plus regarder le monde sans être sur tes gardes, alors laisse-moi réinventer ton monde. Laisse-moi entrer dans ta vie, car je t'aime toujours autant, même si tu n'es plus l'homme dont j'étais tombé amoureux. Laisse-moi chasser les nuages, laisse-moi rire de tes peurs et plaisanter sur ton prisme morbide. Le monde est beau, oui. C'est toi qui me l'a appris, alors laisse-moi ajouter des couleurs au tien.

Laisse-moi te rendre la pareille, mon amour.

Laisse-toi vivre.

Recueil OS drarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant