Chapitre 34

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Têtu. Si lui l'était, que dire de Maxence MacNeil? Certes, son retour avait drastiquement apaisé sa chère épouse et lui avait permis quelques nuits de sommeil réparateur. Mais si Roxanne avait arrêté de le tenir éveillé après le crépuscule, son frère se chargea bientôt de prendre le relais.

Infernal. Il ne trouvait pas d'autre mot pour décrire le ressuscité. Dès le petit déjeuné du lendemain, Iain avait compris que leur cohabitation serait hasardeuse. Si Roxanne avait obtenu que leur « duel » n'ait pas lieu, elle lui avait donné le champ libre pour trouver d'autre terrains d'affrontement. Le grand frère, s'il n'était pas allé jusqu'à prendre son siège, s'était installé à l'autre extrémité de la table, avait mangé comme quatre hommes, puis avait déclaré à la cantonade qu'il comprenait où était passé l'argent de sa famille. Roxanne avait ri de sa remarque, persuadée qu'il s'agissait là d'humour. Iain n'avait pas ri, lui. Et si il avait eu moins de respect pour cette dernière, il aurait répondu qu'autre chose lui appartenait également désormais. Il s'était contenté de lui opposer un silence borné qui lui avait valu un regard amusé de sa femme.

Le même jour, lorsque Iain avait rejoint ses hommes dans la cour pour l'entrainement, il les avait trouvés immobiles, les bras croisés, observant les hommes de Maxence qui étaient de toute évidence arrivés les premiers.

-L'océan nous mène la vie dure, l'avait hélé l'ainé des MacNeil entre deux coups d'épée. Nous avons perdu l'habitude d'être paresseux!

Autrement dit, puisque pas de duel, premier arrivé premier servi. Iain avait serré les dents et avait attendu avec ses hommes qu'on leur laisse la place. Mais les nouveaux venus s'entrainèrent jusqu'à midi sonnante. Iain avait donc invité les siens à aller se restaurer et leur avait donné leur journée.

-Nous ne sautons jamais l'entraînement, lui avait de volée renvoyé Maxence.

-Mes hommes sont assez bien entraînés pour que ce soit une habitude plus qu'une nécessité! Avait laissé échapper Iain, définitivement vexé. Son interlocuteur n'avait rien répliqué, à sa plus grande satisfaction, et il s'était ensuite dirigé vers le château pour lui-même profiter d'un bon repas.

Les jours qui suivirent ne furent plus rythmés que par les provocations incessantes du pirate. Lorsqu'il les avait finalement laissés s'entrainer, ses hommes et lui, il avait commencé par critiquer sa façon travailler, les avait jugés mous et lents. Il n'avait pas non plus été avare de commentaire quand à sa façon d'enseigner le tir à l'arc le lendemain, puis son maniement de l'épée l'après-midi du même jour. Il n'avait cessé de clamer haut et forts que les repas étaient trop copieux et que les vrais highlander se contentaient de plats plus rustiques et moins anglais. Cette remarque avait particulièrement énervé Iain qui avait du se faire violence pour ne pas lui envoyer une réponse acerbe. 

Heureusement, ce petit affrontement se limitait à Maxence et lui; les hommes de ce dernier se tenaient relativement à carreau et les membres du clan n'auraient pas osé agir sans son ordre, plus depuis l'affaire de l'agneau mort qu'on avait présenté à sa femme.

D'ailleurs, le miraculé se retenait de toute remarque désobligeante devant cette dernière, ou du moins trop désobligeante. Cela énervait Iain au plus haut point.

-Je suis si heureuse que Maxence et tous les autres se soient intégrés si facilement au clan! S'extasia un soir sa chère Roxanne. J'avais si peur qu'il n'essaye de te provoquer.

-Il a un caractère... particulier, c'est certain.

-Il ne te cause pas de soucis, n'est-ce pas? S'inquiéta-t-elle alors, se tournant vers lui sur le matelas de leur lit.

-Non. Je te le promets, ajouta-t-il encore pour faire disparaitre définitivement le pli soucieux entre ses sourcils.

Elle se détendit à ces paroles. Ce fut la dernière discussions sereine qu'ils entretinrent.

La rage de vivreWhere stories live. Discover now