La rage de vivre

Chapitre 28

Le lendemain, Roxanne, aidée de Mira, fit des pieds et des mains pour distraire ses invités. Bree, qui n'était pas du même rang, était obligée par les convenances à rester en retrait, même si, en amie fidèle, Roxanne ne manquait aucune occasion de la mettre en avant.

Elle eut d'ailleurs son heure de gloire dès la première heure lorsqu'un homme du clan MacHugh, un grand guerrier à la mine patibulaire, le torse couturé de cicatrices, avait proposé sur un ton étonnamment charmant d'organiser des duels amicaux auxquels tous pourraient participer, chacun pour soi. Son idée, bien que terrible aux yeux de Roxanne, eut un véritable succès auprès, eh bien, de tout le monde. Chaque soldat présent dans la forteresse tenta sa chance. Si cela eut le mérite d'occuper absolument tout le monde pour le reste de la journée, laissant le soin aux cuisinières de préparer un succulent repas, ainsi qu'aux femmes de chambre de remettre les lits en ordre, ainsi que les bains et le petit salon où s'étaient réunis les plus infatigables jusqu'aux petites heures du matin, les joutes se soldèrent par un nombre ridicule de blessés légers.

Bree s'affaira donc, mi-amusée, mi-agacée, à recoudre de-ci de-là des entailles et coupures en tout genre. Elle dut même remettre en place un bras cassé. 

Si Roxanne fut obligée d'assister à chaque combat, elle n'était néanmoins pas obligée d'y être attentive et put ainsi se consacrer au petit chiot que lui avait offert son frère. Elle avait poursuivit l'entreprise de ce dernier en se levant chaque nuit pour nourrir l'animal, qui avait eu droit à un coussin moelleux aux pieds de son lit. Mais cela faisait plusieurs jours déjà que Llyr, comme elle l'avait baptisé, n'avait plus besoin qu'elle se réveille avant le lever du jour. Il cesserait d'ailleurs d'un moment à l'autre de boire du lait au profit de la viande. Le petit chiot avait bien grandi depuis qu'elle l'avait accueilli, et il débordait à présent de vie et d'énergie. Il était également très réactif au dressage et obéissait déjà à des ordres simples comme « assis », « couché », « attends », « va chercher » et quelques autres. Il serait un excellent chien de chasse et de combat plus tard, même si elle doutait que Iain ne se résolve à l'accepter. En attendant, elle le bichonnait et lui donnait toute l'affection qu'il méritait. Laval, qui avait fini par regarder d'un oeil bienveillant son nouveau camarade, passait également son temps à lui apprendre la vie de « chien » de compagnie, et à supporter que le petit chiot lui mordille les oreilles à longueur de journée.

-Je voulais vous dire... commença Logan, resté à ses côtés alors que Teague s'adonnait au combat, l'interrompant dans ses caresses de félicitations puisque le petit chiot s'était pour la deuxième fois juché sur ses pattes arrières avec succès. Il n'eut cependant pas le temps de terminer puisque son tout récent supérieur revint vers eux, couvert de sueur et de poussière.

-Vous profitez du spectacle, Milady?

-Vous êtes conscient que vous êtes obligé de gagner? Répondit Roxanne l'air faussement préoccupé. Nous ne pouvons nous permettre de perdre dans notre propre maison!

Le soldat blêmit instantanément, mais se remit vite et lui lança en s'éloignant:

-Evidemment, comment pouvez-vous en douter!

Roxanne ne retint pas son rire, puis se reconcentra sur le chiot, oubliant Logan qui, découragé dans son élan, mit cinq bonnes minutes avant de reprendre la parole.

-Je suis désolé.

-Je sais, ce n'est rien, répondit Roxanne, détendue, sans interrompre ce qu'elle faisait.

-Ce n'est pas rien, j'ai été horrible avec vous. J'aurais du être de votre côté, rien que parce que j'en avais reçu l'ordre.

-Ça aurait été parfaitement inutile, insista Roxanne. J'ai cherché ce qu'il s'est passé. Je ne dis pas que j'ai mérité chaque coup que j'ai reçu, mais je n'ai rien fait pour empêcher cette situation d'arriver. Et puis notre clan est fier et droit, c'est parfaitement compréhensible, et même rassurant, qu'il n'ait pas accepté une étrangère prétendument salvatrice du premier coup.