Chapitre 18

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Alors que Roxanne se prélassait entre les bras de Iain, repue, peu soucieuse de se trouver nue au milieu de la forêt, un craquement sonore retentit entre les arbres. Elle se redressa sur les coudes, soudain moins insouciante.

-Tu as entendu ça? Chuchota-t-elle à l'intention de son époux. N'ayant aucune réponse, elle se tourna vers lui pour reposer sa question plus distinctement. Mais il était tout entier tourné vers l'endroit d'où le bruit avait surgit. Il paraissait soudain très concentré, et cela lui fit peur.

-Iain? Interrogea-t-elle toujours tout bas. Mais aucun autre bruit ne vint troubler la tranquillité de la nuit.

Pourtant, quelque chose poussa le guerrier à se redresser d'un bon. En deux temps trois mouvements, il avait enfilé son pantalon et l'avait emballée dans la couverture encore trempée. Il la releva d'une main en tirant sur le tissus épais et elle ne posa plus de question. Elle le laissa faire. Il observa encore les ombres un court instant, puis d'un coup elle se retrouva à courir derrière lui.

Il la tirait par la main et elle faisait dix pas le temps qu'il en faisait trois, mais elle fit de son mieux pour ne pas le ralentir. Ignorant la douleur que les cailloux, les morceaux de bois et tout ce qui recouvrait le sol humide de rosée de la forêt, provoquaient sur ses pieds nus, Roxanne redoubla d'effort, poussée par la peur. Atteindre le château était la seule pensée qu'elle s'autorisait pour ne pas complètement paniquer.

Ils abandonnèrent le reste de leurs affaires sur place, mais cela n'avais pas d'importance. Ils coururent à en perdre haleine, elle en tout cas, jusqu'à ce qu'ils pénètrent en trombe dans la grande salle du château où ils tombèrent nez-à-nez avec...

-Lawrence! Laissa-t-elle échapper, oubliant que, sous sa couverture détrempée, elle était nue, alors que l'homme, qui ne les avait pas encore remarqué, sortait visiblement tout juste des cuisines.

-Tiens, mais que faites-vous là? S'étonna l'aristocrate, une galette à la main.

-C'est à nous de vous poser la question! Cracha Iain sans même essayer d'y mettre du tact.

-C'est évident non? Répondit l'Anglais, piqué et sans doute fatigué. J'ai eu un petit creux. Vous aussi il me semble! Il désigna d'un geste ample leur accoutrement pour le moins révélateur, et Roxanne ne put que lui concéder que, nue, les cheveux trempés goutant sur le sol, agrippée au bras de son mari qui n'avait pas pris la peine de fermer son pantalon, ils devaient offrir un bien étrange spectacle.

Lawrence, que l'heure tardive devait rendre plus impudent encore qu'à l'accoutumée, laissa trainer son regard sur ses jambes nues que la couverture ne couvrait pas correctement. Ce fut la goutte d'eau pour Iain qui le chargea comme un sanglier enragé.

Roxanne cependant, voulant éviter le pire, se pendit à son bras et ne dut qu'à ses réflexes bien entrainés de combattant qu'il s'arrête avant de lui démettre une épaule, voire les deux.

-Mais qu'est-ce qui vous prend? S'époumona le jeune Hartford en prenant un air outré.

-N'en rajoutez pas Lawrence, vous avez cherché sa colère! Se fâcha Roxanne, à bout de nerfs. Allez-vous-en!

-Si vous ne voulez pas attirer l'attention vous devriez éviter de vous balader vêtue comme une vulgaire putain! L'invectiva-t-il en retour, et Roxanne fut si choquée qu'elle ne put qu'ouvrir la bouche sans qu'en sorte le moindre son.

-Ma femme vous a dit de vous en aller. La voix de Iain résonna si bas que Roxanne douta d'abord que qui que ce soit d'autre qu'elle ait pu l'entendre, mais Lawrence se figea et son air se fit moins certain. La seule raison pour laquelle vous respirez encore, poursuivit Iain le regard ancré à celui de l'Anglais, est que je ne répandrai pas de sang sous ses yeux.

La rage de vivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant