Chapitre 8

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Roxanne demeura enfermée dans sa chambre trois jours durant après l'incident. Elle avait passé ses journées à cajoler Laval devant le feu. Elle avait également attendu chaque soir que Iain vienne se coucher. Elle était restée éveillée, assise devant le feu jusque très tard les deux premiers soirs. Le troisième, il était venu plus tôt.

Elle n'aurait sans doute pas du se sentir aussi rassurée en sa présence, mais il lui offrait un répit dont elle sentait ne plus pouvoir se passer.

Il n'avait fait aucun commentaire, ne lui avait plus posé aucune question, mais elle devinait qu'il n'en resterait pas là. Il était plus têtu que ça.

Et depuis qu'elle lui avait réclamé un baiser, il ne se privait pas de lui rendre la pareille. La première fois, c'est à dire le lendemain matin du drame, elle s'était réveillée dans ses bras au milieu de la journée. Il avait délaissé toutes ses obligations pour qu'elle puisse dormir. Elle en avait été profondément touchée. Alors, lorsqu'il avait haussé un sourcil, la défiant de se refuser à lui, elle n'avait pas esquissé le moindre geste et l'avait laissé s'emparer de ses lèvres, s'emparer de son être.

Il le faisait souvent depuis. Et elle oubliait de s'en plaindre. Elle oubliait que ce bonheur là lui était interdit.

Le matin du quatrième jour, à peine fut-elle levée que Laval se faufila par la porte que Cormag venait d'ouvrir. Vêtue d'une simple robe bleue pâle dont le col était brodé de petits loups, elle se précipita à sa suite, délaissant le pauvre homme et son déjeuner.

-Reviens ici! Ordonna-t-elle au traitre qui trottinait quelques pas devant elle, droit vers la grande salle.

Heureusement, lorsqu'elle déboula dans cette dernière, les lieux étaient déserts. Elle n'entendait pas un bruit au dehors, ce qui était curieux à une heure aussi avancée de la journée.

Laval l'attendait, assis devant la grande porte. Il voulait sortir.

Évidemment qu'il voulait sortir.

Roxanne se sentit horriblement égoïste de l'avoir forcé à rester à l'intérieur des jours durant, lui qui avait veillé sans relâche à son chevet à peine un mois plus tôt. Elle lui ouvrit donc la porte, avec bien plus de facilité que la dernière fois, et il détala à toute vitesse dans la cour. Il en fit deux fois le tour en courant le temps qu'elle rejoigne l'écurie.

L'endroit était désert, comme tout le reste. Elle s'était pourtant attendue à y trouver Ewen, le petit palefrenier. Elle haussa les épaules et rejoignit Akheela, qui piaffait comme un fou de l'entendre approcher. Il l'observait de son regard intelligent. C'était cela qu'elle préférait chez lui, ça et ses oreilles tordues. Elle observa ses mains, elle avait repris des forces.

Elle repéra sa selle, soigneusement accrochée, ainsi que sa bride, sur un pan de mur, juste en face du boxe. Elle l'empoigna et plissa les yeux en direction du cheval qui observait attentivement ses mouvements dans une moue de défi.

-On va faire un tour?

Elle avait mis une éternité à harnacher l'étalon, qui avait gigoté d'impatience tout du long. Elle l'enfourcha avant d'atteindre la sortie de l'étable, se moquant de sa robe qui était remontée haut sur ses cuisses, siffla Laval qui les rattrapa en courant alors qu'ils passaient le pont-levis au grand galop.

Elle entendit à peine Cormag hurler après elle depuis la porte du château, et elle s'en moqua également, grisée par le vent frais qui lui fouettait le visage et le soleil qui lui caressait la peau.

Elle bifurqua vers le territoire de son frère. Elle savait qu'il longeait directement celui des MacBain, et qu'elle serait en sécurité dans l'un comme dans l'autre. Elle ne prenait donc aucun risque à partir dans cette direction.

La rage de vivreWhere stories live. Discover now