Chapitre 7

3.9K 474 34
                                    

Elle dansait. Elle dansait depuis des heures, à en perdre la tête. Elle avait bu quelques verres avec Keith et Calum, à l'écart des autres invités. Ça leur avait fait du bien. Vivre à la cour du roi était épuisant. Mais c'était la vie qu'avait choisie son oncle, et il était généreux de sa part de les accueillir chez lui après tout ce temps.

À présent, elle dansait avec un jeune seigneur, à peine plus âgé qu'elle qui l'avait accostée avec un sourire aguicheur. Il était trop sur de lui, dansait bien, parlait bien. Un Anglais comme il y en avait tant.

Elle le délaissa rapidement pour prendre le bras de son oncle, puis de son frère, puis de son oncle encore. Elle avait dansé jusqu'à en avoir mal aux pieds. Tout le monde avait tenu à ce qu'elle leur réserve une danse après la prestation qu'elle avait donnée avant le repas.

Même le roi avait applaudi.

Elle avait du talent, elle le savait. Et elle était jolie, elle le savait aussi. Pas belle et plantureuse comme certaines de ces femmes qui avaient plus de formes que de carrure, mais elle était grande, sûre d'elle, et puis elle avait sa mère.

Elle avait d'ailleurs choisit de porter la robe nacrée pour jouer devant le roi. Le large décolleté en dévoilait juste assez, le corsage mettait sa taille fine en valeur, sa couleur faisait ressortir ses cheveux foncés, et ses yeux clairs qu'elle tenait de son père.

Oui, elle était jolie.

Mais lorsque son oncle la poussa dans les bras de son ami Lord Berkeley, elle perdit toute envie de danser et les effets grisants de cette soirée réussie s'estompèrent sur le champ.

C'était un homme étrange, grand et fort mais ventripotent. Incroyablement imbus de sa personne, comme tous les Anglais, il ne cessait jamais de parler de ses prouesses équestres ou de sa fortune.

Il était agaçant. Mais ils l'étaient tous.

Ce qu'elle détestait chez lui, c'était ses gros yeux globuleux, si foncés qu'ils en étaient presque noirs, et qui la guettaient comme un serpent qui veille devant le trou d'une souris.

Il lui faisait peur. Elle n'en avait pas encore parlé à Keith, mais elle le ferait.

Elle lui offrit un sourire gentil, c'était tout ce dont elle était capable, pour cacher son dégoût, et le laissa la trainer sur la piste qui se vidait doucement.

Le morceau qui démarra donna envie à Roxanne de pousser un long soupir désespéré. Il était incroyablement lent, et incroyablement long.

Elle laissa cependant le vieil homme placer une main dans son dos et l'entrainer au rythme des troubadours.

Il lui parla tout le long du morceau, elle n'écouta pas un mot de son monologue.

Jusqu'à ce qu'il baisse la tête et pose le nez dans le creux entre son épaule et sa gorge. Elle frissonna de dégout lorsqu'il inspira profondément son odeur en remontant le long de son cou, entrainant avec lui son collier de perles qui rebondit contre ses seins lorsqu'il releva la tête pour se placer au niveau de son oreille.

-Donnez-vous à moi.

Roxanne se redressa brusquement sur le matelas. Elle chercha d'abord la lumière du soleil, mais finit par se rendre compte que la nuit était encore là, et qu'elle durerait encore plusieurs heures.

La panique lui enserra la gorge, lui retourna l'estomac. Elle chercha à reprendre son souffle, mais elle ne pouvait plus respirer.

En un instant, Laval fut à ses côtés. Il posa les pattes avant sur le lit et posa sa tête sur ses genoux en gémissant doucement. Mais rien n'y faisait, elle étouffait. Roxanne ne parvenait pas à se débarrasser de la sensation de Son souffle sur sa peau. Elle porta les mains à son cou et gratta. Elle gratta jusqu'au sang. Mais même la douleur ne parvint pas à chasser sa voix chargée de promesses répugnantes.

La rage de vivreHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin