6b - Fil rouge / Prélude 3

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« Laekh, vous m’agacez !

— Pardonnez mon impertinence ; je ne peux qu’exprimer mon étonnement face à cette affirmation déplacée.

— Ce n’est pas du tout déplacé ! Pour commencer, vous me balancez des prophéties, des pouvoirs magiques, et de mystérieux dignitaires d'un ordre oligarchique, dans une société parfaite telle une dictature idéalisée – qui est acceptée avec joie par une population repue de gloire et de tranquillité ! Ensuite, vient une pseudo-apocalypse sur une pseudo-Terre, qui n'est finalement pas notre planète ! Puis sans prévenir, vous enchaînez avec des milliers de mondes parallèles, perdus au milieu d'un univers inconnu des Terriens ! Sans oublier les ados surpuissants, mais tellement formatés qu'ils se dirigent comme des agneaux vers l’abattoir… et maintenant, on parle d’elfes à l’Université des Gardiens ? Avec des cheveux de toutes les couleurs !

— J’ai beaucoup de difficultés à appréhender votre incrédulité face à quelques représentants d'un peuple bien implanté dans ce monde, où ce sont les humains qui sont les nouveaux venus. Et, franchement, Agathe, aborder ainsi la couleur de leurs cheveux est incongru.

— Excusez-moi…  je…  c’est vrai. J’ai oublié de laisser de côté mes préjugés typiquement humains, alors que je vous l'ai promis avant d’écouter votre histoire.

— Il n'y a pas de mal à commettre une erreur, si on ne la réitère pas.

— Vous parlez de races ancienne et nouvelle. Alors l'humain est apparu sur Utopia après l’elfe ?

— Exactement. Il existe par ailleurs plusieurs ethnies encore plus anciennes que les elfes. Et ne croyez pas que ce fait déterminerait une quelconque avancée d'une race par rapport à une autre, dans un sens ou dans l’autre.

— Jamais je ne me serais permise ce genre de réflexion !

— C’est tout à votre honneur, ma chère. Je craignais certaines dérives provenant d'un esprit formaté par d'odieuses habitudes, qui oublierait un peu vite que chacun possède ses propres forces et faiblesses. Bien insipides sont les préjugés d'un être qui jugerait un autre à l’aune des seuls schémas, aussi commodes que réducteurs, dont il ne peut lui-même sortir par manque d’imagination.

— Je vous jure que ce n’est pas mon cas. N’hésitez pas à me reprendre si vous percevez des a priori chez moi !

— À vrai dire, je les crains surtout de vos lecteurs. Je n’ai ni la volonté ni la force de les éduquer au-delà de l’histoire que je souhaite raconter.

— Laekh, je serai votre voix, je relaierai d'une façon abordable vos enseignements.

— Très chère amie, veuillez m’éviter l’embarras de m’apercevoir que mes paroles ont été transmises comme des préceptes. Mon humble personne n’est qu'un simple conteur.

— Alors, pour ne pas vous gêner… revenons à votre histoire. J’ai une question ! Y-a-t-il beaucoup d’elfes à l’Université ?

— Beaucoup moins que d’humains. Je ne saurais donner un nombre plus précis. En premier lieu, c’est une information inutile. De plus, les données sont légèrement différentes d'une année à l’autre.

— Y-a-t-il des étudiants d’autres races anciennes ?

— Non. La préservation de l’Équilibre par les Gardiens est un problème humain. Ce sont les ancêtres humains qui ont créé cette situation, leurs descendants en assument les conséquences : tout d’abord en n’ayant qu’une moitié d’âme, ensuite en essayant de réparer les erreurs du passé.

— Dans ce cas pourquoi des elfes iraient-ils payer cher pour ces études, au risque que leurs enfants meurent prématurément en devenant Gardiens ? Est-ce parce qu’ils visent uniquement le diplôme prestigieux, et s’arrangent pour ne pas obtenir la fonction ?

— Non. Les Utopiens en règle générale respectent l’honneur plus que leur vie. La race elfique est l’unique qui a voulu vivre en partenariat total avec les humains, d’où leur implication dans l’organisation liée aux Gardiens. Le gouvernement d'un des plus grands continents d'Utopia est mixte. L’administration de Centrale est co-dirigée par des humains aussi bien que des elfes, qui vivent ensemble dans ses villes. L’Université se trouve dans une région agricole, presque à la périphérie de ce continent-état.

— Il y a donc d’autres gouvernements ?

— Oui, et je n'en dirai pas plus, ma chère. Nous n’aurions pas assez d'une vie si vous souhaitez des renseignements assez précis et nombreux à propos de tout un univers, alors que mon récit ne concerne qu'un simple garçon humain, perdu au milieu de ce monde.

— Toute cette richesse, cette variété ethnique… ça m'a donné envie d'en savoir davantage !

— Je suis flatté de cet intérêt. Je peux vous dire, puisque la diversité culturelle vous enchante, qu'il n’existe pas de nations humaines très différentes les unes des autres sur Utopia, que ce soit au niveau de la langue ou de la culture. Il y existe seulement quelques traditions divergentes tombées en désuétude, et des dialectes régionaux. Les grandes différences de langues et de cultures sont surtout liées aux diverses races qui coexistent plutôt pacifiquement les unes avec les autres. Les discriminations existeront tant que la vie existera, mais elles sont bien contrôlées dans ce monde où la plupart sont bien mieux éduqués que sur Terre.

« La majorité de la population utopienne est humaine. Nous nous reproduisons comme des lapins. Les autres races plus anciennes sont plus ou moins représentées suivant les continents : beaucoup d'elfes, pour la plupart basés à Centrale, un grand nombre de trolls, qui préfèrent rester dans les régions les plus boisées – ce qui diminue drastiquement leurs interactions avec les deux peuples précédemment cités – et il y a aussi un petit groupe d'orcs et de farfadets. Pour leur propre sécurité et celle des autres, ces deux races aux tailles extrêmes, dans un sens comme dans l’autre, sortent rarement de leurs villes respectives, construites à leurs mesures. Ils sont donc regardés avec un peu plus de curiosité dans les nations à majorité humaine.
« On n’a plus vu de nains ni de fées depuis un temps considérable, si long que les Utopiens ne se rappellent plus la raison à cette situation : un exode, une guerre, une attaque sournoise ? La question n’est pas bien importante, comprenez-le : l'harmonie semble régner jusqu'aux recoins les plus reculés de cette planète. Le Conseil des Confins de l'Univers veille sur cette paix. Même indépendants, tous les gouvernements respectent donc le Conseil. Car tous sont extrêmement reconnaissants, ou du moins chacun y trouve son compte.

— Le nom d’Utopia, bien que connoté, est approprié.

— Parfois la forme impose le nom. En d'autres occasions, celui-ci détermine l'aspect.

— Laekh... Voilà que vous repartez vers le cryptique !

— J’apprécie ce côté de ma personnalité, vous devrez donc vous en contenter. »

Pour plus d’informations sur la géopolitique d’Utopia, je vous invite à découvrir Mon oiseau blessé, le tome 1 de ma saga romantique qui se passe dans le même univers

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Pour plus d’informations sur la géopolitique d’Utopia, je vous invite à découvrir Mon oiseau blessé, le tome 1 de ma saga romantique qui se passe dans le même univers.

La prunelle de vos yeux - Tome 1 : RévélationsWhere stories live. Discover now