28 - Révélation de l'Ombre

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Des coups légers retentirent à la porte du bureau.

« Entrez !

— Vous m’avez fait demander, monsieur le Directeur ? »

Ça commençait toujours comme ça : calme, détaché, très poli. Mis à part l'insolence dans son regard, qu'y avait-il à reprocher au jeune homme ? Le proviseur le fit asseoir sur une chaise posée devant son bureau, face à lui. Tout d'abord, expliquer certaines choses sereinement. Ensuite, on aviserait.

« Monsieur Willowlief, vous devez vous demander ce qu'il s’est passé avec ces autres étudiants.

— En effet, Monsieur. Je viens à peine de me réveiller à l'infirmerie et on m'a dit d’aller vous voir.

— N’essayez pas d'obtenir ma pitié ! répliqua le Directeur, outré par le ton employé par son interlocuteur. Les autres étudiants qu'on a retrouvés avec vous le sont toujours, à l’infirmerie. Dans un état grave !  Tandis que vous êtes indemne…

— Je n’oserais jamais quémander votre pitié, Monsieur. »

La voix de l’adolescent était devenue monotone pendant qu'il fixait son regard dans les yeux de l’adulte. Ça y est, c’était parti…

« Ecoutez-moi, soupira le vieil homme en essayant de calmer le jeu. Les autres étudiants étaient dans un état très grave, mais ils se sont tout de même réveillés avant vous. Même s’ils n'ont pas dit beaucoup de choses pour s’accuser eux-mêmes, ils étaient en état de choc. Ils ont donc avoué tout seuls vous avoir insulté et brutalisé.

— Tantôt, à l’infirmerie, je les ai en effet entendus me traiter de monstre dans un état semi-délirant. Cela m'a fendu le cœur. »

Oh non, il passait à l’ironie ! D’habitude, ça ne dégénérait pas aussi rapidement… il fallait vite reprendre les rênes !

« Nous avons aussi des preuves matérielles prouvant que l’agression venait des autres étudiants, et surtout, qu’à aucun moment vous n’avez riposté lorsque l’esquive n'a plus fonctionné.

— Pour quelle raison, dans ce cas, est-ce moi qui suis convoqué, Monsieur ?

— Cette convocation n’est ni un jugement ni un interrogatoire. C’est une explication.

— Je suis tout ouïe. »

Le ton était froid, mais le garçon le regardait avec une infime curiosité dans les yeux. On faisait des progrès.

« Lorsque le corps d'un combattant suffisamment entrainé est blessé gravement, qu'il atteint un seuil critique qui pourrait entraîner la mort si cette limite est dépassée, il peut se produire un déchaînement d'une dernière réserve de forces physique et magique. C’est un mécanisme d’auto-défense inconscient du corps pour éviter les situations de mort imminente.

— Je vous remercie de me rappeler l’utilité pour un Gardien de posséder ces contre-attaques spéciales, communément nommées Déchaînements. Mes cours de Combat de deuxième année sont en effet assez loin dans ma mémoire, à présent. »

La voix n’était plus glaciale, elle était devenue sarcastique, voire légèrement amusée. Le chef d’établissement se demanda s'il était dans la bonne voie face à l’étudiant… non !  Il était hors de question de se laisser parler ainsi, bonne voie ou pas !

« Combien d’heures de retenue souhaiteriez-vous obtenir pour l’insolence de telles paroles, monsieur Willowlief ?

— Le nombre qu’il vous plairait, monsieur le Directeur, répliqua aussitôt l'autre. Cela me permettrait d’avancer dans la préparation des leçons que je donne aux élèves de première année, à la place de certains de vos professeurs.

La prunelle de vos yeux - Tome 1 : RévélationsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant