Tu n'as plus que moi

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La porte s'était refermée lentement derrière Justine. Héla était restée figée debout, au milieu du salon, sentant la terreur s'imprégner de chaque centimètre carré de son corps. Mais il y avait autre chose dans les larmes qui coulaient abondamment sur les joues de la jeune femme, déjà blanchies par le sel qui s'était peu à peu déposé sur sa peau. Il y avait de la colère, une rage folle mêlée à l'envie irrépressible d'arracher le sourire satisfait du visage parfait de Miranbeau. 

"-Vous... Vous n'avez pas le droit. Assena Héla d'une voix si dure qu'elle en cachait presque les tremblement.

-Bien sûre que si, j'ai tous les droits, rétorqua Miranbeau. 

-Vous... Ça ne se passera pas comme ça. Gronda Héla les yeux brulants de colère. La jeune femme avait serré les dents et les poings. 

Miranbeau grimaça et fît les cents pas dans le salon.

-J'ai la sensation désagréable, commença-t-elle en se recoiffant, que ta colère et ta détermination commencent à prendre le pas sur ta peur. Miranbeau s'arrêta une seconde et dévisagea Héla avant de sourire. Elle reprît sa déambulation. Bien sûr, j'apprécie ta combativité, mais dans ton propre intérêt, je te conseille de ne pas oublier qui je suis vois-tu.

-Je me fous de qui vous êtes, siffla Héla en ignorant la boule qui commençait à germer au fond de sa gorge. Je me fiche de ce que tout cela peut bien signifier pour vous... Je... Je veux juste reprendre ma vie d'accord ? Alors que vous le vouliez où non je vais partir d'ici.

-Partir d'ici ! S'exclaffa Miranbeau, eh bien vas'y ! Sauve-toi !

Héla resta stoïque et jeta un regard interrogateur à Miranbeau dont le sourire s'effaça presque instantanément. 

-Essaye de sortir d'ici, mais je te mets en garde, un pas vers la porte et je ne réponds plus de moi. Un pas vers la porte et je considèrerais que tu as oublié toutes les leçons que je t'ai donné jusqu'ici. Je ne te ménagerais pas. Je ne te protègerai pas sous prétexte que tu es fragile, timide ou je ne sais quoi encore. Il n'y aura plus de pitié ou de clémence, tu es prévenue.

Héla ne desserra pas les dents. Miranbeau tentait-elle de l'intimider, bien sûr, mais cela signifierait-il pour autant qu'elle ne mettrait pas ses menaces en application ? Certainement pas. La jeune femme le savait, elle avait déjà pu voir ce dont Miranbeau était capable, et au simple souvenir de la première soirée qu'elle avait passé ici, elle eût un vertige et un frisson lui parcourut l'échine. Ses yeux sur son corps vulnérable. Sa violence, sa froideur. Elle était... Profondément cruelle et impitoyable. Le cerveau d'Héla fonctionnait à plein régime, elle imaginait déjà la police la ramener de force chez sa tutrice légale... Peut-être était-il même déjà trop tard ? Elle qui voulait prendre son temps, reprendre ses forces, établir une stratégie... Voilà que tout lui échappait.

Héla resta sur place tremblante comme une feuille morte, les yeux dans le vide, revivant malgré elle les effroyables caresses de Miranbeau. Face à elle, la femme d'affaire sourit de nouveau, elle se délectait de la terreur qu'elle inspirait à sa captive. Elle ressentait sa supériorité, sa puissance... C'était une lionne.

-Chut... Souffla Miranbeau en approchant d'Héla qui peinait à contenir un sanglot. Ça ne fait rien tu sais... Ce sera pour une autre fois. Puis là dessus, elle se baissa légèrement pour se mettre à la hauteur d'Héla. Je vais bien m'occuper de toi... Ajouta la femme d'affaire en glissant une main dans le cou de l'étudiante.

Aussitôt, le coeur d'Héla jaillît hors de sa poitrine. S'en était trop. Définitivement trop.

-JE VOUS INTERDIS ! S'écria-t-elle en donnant un violent coup de tête au visage de Miranbeau. Après quoi elle repoussa sa tortionnaire de toutes ses forces vers le sol. Sur le parquet, Miranbeau écarquilla les yeux de surprise. Elle porta son index sous son nez pour voir qu'une goutte de sang y perlait. Elle eût le temps d'échanger un regard avec Héla avant que la jeune femme ne se précipite vers la porte qu'elle ouvrît à la volée. 

-Merde... Souffla-t-elle en voyant la silhouette fluette disparaître dans l'encadrement de la porte. Sans attendre plus longtemps, elle se leva et fila vers le bureau. Elle décrocha le fixe.

-Choppez-là, elle vient de sortir. Cracha-t-elle avant de raccrocher. Le regard de Miranbeau glissa sur la boite qui contenait le revolver, elle hésita une seconde avant de tourner les talons. 

Dehors, Héla ne s'était pas arrêtée. Elle courrait à toutes jambes sans vraiment savoir où aller, après tout, la propriété devait bien finir quelque part, et plus loin il y aurait une route... Il y aurait des gens... N'importe qui pour l'aider à quitter cet enfer. 

-Reviens ici ! Hurla la voix de Miranbeau au loin. En l'entendant, Héla accéléra d'avantage comme si cela avait été possible. 

Plus loin, dans l'obscurité naissante de la fin d'après-midi, Héla distingua deux voitures. Dans les premiers instants, elle crût que c'était finalement la liberté qui lui tendait les bras. Il n'en était rien. Elle reconnût la voiture du major d'homme, l'autre, identique, devait être celle d'un employé de la maîtresse de maison. 

-Arrêtez-vous mademoiselle !

-Fais chier... Articula Héla sans reprendre son souffle deux hommes la suivaient au pas de course. Ils sont combien dans cette baraque... Grogna-t-elle entre ses dents alors qu'elle sentait son estomac se nouer. Plus loin, Héla vît apparaître un immense portail. Elle était là, la fin de la propriété. 

Pourtant, et malgré tout les efforts d'Héla, elle avait beau courrir le plus vite qu'elle pouvait, jamais elle n'aurait pu semer les deux voitures qui s'était élancées à sa poursuite sur les gravillons et la pelouse impeccable de Miranbeau. Rien de tout cela n'avait de sens.

Un crissement de frein, et la seconde d'après, une voiture barrait la route à Héla. Un homme de bonne taille ouvrît la portière et avança vers la jeune femme en se baissant, les mains tendues devant lui en signe d'apaisement.

-Hey... Calme-toi petite... Je veux pas te faire de mal d'accord...?

-Et elle ? Répliqua Héla essoufflée en faisant quelques pas en marche arrière.

La seconde voiture venait de se garer. 

-Écoutez... Supplia Héla, vous vous rendez compte de ce que vous faites... Je... J'ai été kidnappée... J'ai une vie... Cette... Cette femme me torture. 

Pourtant, malgré les larmes qui ruisselaient abondamment sur ses joues, l'homme resta impassible. Il ne fallut pas plus de temps pour que les deux agents de sécurité arrivent à leur tour à la hauteur d'Héla.

Ils n'attendirent pas avant d'essayer d'attraper la jeune femme. L'un d'eux lui attrapa le bras et la flanqua au sol face contre terre. La jeune femme ne pût même pas se débattre, chaque mouvement, chaque plainte, rendait la clef de bras que lui faisait l'homme encore plus douloureuse.

-Aidez... Aidez-moi... Pleura Héla, je... Je vous en prie... Je vous en supplie... Elle... va me tuer.

Mais personne ne répondit quoi que ce soit.

-Sédatif ? Lança le garde qui maintenait Héla au sol. 

L'homme de bonne taille qui était venu en voiture  sortit un petit flacon en verre et une seringue de sa ceinture.

Héla serra les dents et ferma les yeux en gémissant. L'homme qui la maintenait au sol dégagea son cou. La jeune femme essaya de se débattre, mais elle pût à peine bouger la tête temps la pression que l'homme exerçait sur elle était forte.

-S'il vous plaît... Gémit Héla qui voyait, impuissante, la seringue s'approcher de son visage.

-Attendez ! Lança une voix glaciale accompagnée du crissement des gravillons sous des talons. Ne la piquez pas. J'ai besoin qu'elle soit pleinement là pour les prochaines heures."

Madame MiranbeauKde žijí příběhy. Začni objevovat