Et quand son petit coeur s'affolera...

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"-Je... Je suis vraiment désolée... Avait fini par articuler Héla brisant ainsi le lourd silence qui régnait jusque là dans la voiture qui les ramenait à la demeure.

-Non, rétorqua sèchement Miranbeau sans lever les yeux de son téléphone, non tu ne l'es pas , alors ne me prends pas pour une imbécile veux-tu.

-Je... Je voulais seulement...

-T'enfuir ? Termina Miranbeau à la place d'Héla. Je sais bien. 

-Écoutez... Je vous jure sur ma vie que je ne raconterais rien à personne de ce qui s'est passé... Je m'en irais loin d'ici. Je...

-Sur ta vie ? Répéta Miranbeau levant finalement la tête de son portable, elle arquait un sourcil.

Héla hocha la tête avec conviction et Miranbeau laissa échapper un petit rire moqueur.

-Contente de voir à quel point tu m'es loyale chérie, se moqua Miranbeau en caressant la joue d'Héla, mais ne t'en fais pas, tu n'auras pas à me le prouver. Je n'en ai pas encore fini avec toi.

-Je ne resterai pas avec... vous. Articula Héla d'une voix dure en faisant de son mieux pour retenir ses larmes et le sanglot qui enflait dans sa gorge. Bien sûr, elle était en colère, terriblement excédée par le sourire placardé sur le visage de Miranbeau si bien qu'elle lui aurait volontiers arraché des lèvres. Mais surtout, Héla avait peur, et la boule d'appréhension qui s'était formée dans son bas ventre ne l'avait pas quitté depuis qu'elles étaient sorties du club.

-J'apprécie ta combativité, soupira Miranbeau en levant les yeux au ciel, mais je sens quelque chose d'autre... de la peur ? De la tristesse peut-être ? Ironisa la femme d'affaire. J'espère que tu n'es pas triste d'avoir quitté le club au moins. 

-Allez-vous faire foutre... Siffla Héla derrière ses dents.

-Pardon ? Tu peux répéter, je n'ai pas compris ? Lui demanda Miranbeau avec ses grands airs. Héla ne répèterait pas, elle le savait, car elle avait bien plus peur qu'elle était décidée à la contrarier.

-Rien...

-Bon... Ne sois pas triste, la soirée continue, j'ai invité Justine.

Presque aussitôt, un long frisson parcourût la colonne vertébrale d'Héla, le sourire de Miranbeau redoubla d'intensité.

-Parfait ! S'exclama-t-elle en tapant dans ses mains, j'espérais que tu ne l'avais pas oublié ! 

Héla sentît les battements de son coeur redoubler d'intensité, la terreur finissait par se mêler à une fureur incontrôlable...

-Et comme tu n'as pas été irréprochable au club, reprît Miranbeau, tu comprendras que j'ai besoin de renfort pour te discipliner.

-Espèce de garce... Articula Héla en se jetant au cou de sa tortionnaire.

Miranbeau sursauta, surprise, mais il ne lui fallût pas plus de quelques secondes pour reprendre le contrôle de la situation sous l'oeil vigilant de son chauffeur dans le rétroviseur. Elle attrapa d'une main ferme une poignée de cheveux d'Héla, et de l'autre les poignets de la jeune femme avant de la plaquer contre la banquette arrière. Après quoi elle s'assit à califourchon sur elle pour l'empêcher de se débattre davantage.

-Lâchez-moi putain ! Hurla Héla en se tortillant sous les mains de Miranbeau, elle essaya même de lui assener un coup de tête lorsque la femme d'affaire s'approcha.

Miranbeau esquissa un nouveau sourire.

-Et bien... Lança-t-elle en soufflant sur la mèche de cheveux qui lui était tombée sur le visage. On est en forme a ce que je vois. D'un à-coup plus violent, Héla manqua de faire basculer Miranbeau. La femme d'affaire serra les dents et tira les cheveux d'Héla pour lui faire relever la tête.

-A-Arrêtez... Articula Héla dont les yeux se chargeaient de larmes... Vous... Vous me faites mal !

-Et ce n'est pas fini, rétorqua aussitôt Miranbeau, j'avais peur de te briser mais on dirait bien que tu es plus solide que ce que je m'imaginais...

Héla serra les dents.

-Je vais te faire mal, souffla la femme d'affaire en regard Héla avec un sadisme non-dissimulé.

Cette fois, Héla cracha au visage de Miranbeau, et, malgré la gifle qui s'en suivît, cela lui fît un bien fou. Elle manqua presque de laisser s'échapper un sourire.

-Tu ne sais pas ce qui t'attends... Articula Miranbeau. Cette fois, c'était la femme d'affaire qui était devenue rouge de colère. Elle s'essuya le bas du visage d'un revers de manche. Tu veux jouer n'est ce pas ? Alors nous allons-jouer. 

Le regard sombre avec lequel Héla la fixait ne plût pas à la femme d'affaire. Elle aurait voulu la voir l'implorer, la supplier... même pleurer... Mais il n'en était rien. 

-Quand j'en aurait fini avec toi et que tu seras devenue ma petite pute docile et soumise, je m'occuperait de ta Lawrence. Assena Miranbeau qui parvenait à retrouver son calme.

Héla frémît. Jamais des mots si vulgaires n'avaient passé la barrière des lèvres de la femme d'affaire. Signe qu'elle avait réussi à la mettre hors d'elle. Un exploit que peut-être elle aurait mieux fait de ne pas accomplir.

La voiture s'arrêta, mais ni Héla ni Miranbeau ne bougea. Elles se contentèrent seulement de se regarder en silence, Miranbeau retenant Héla toute tremblante sous elle.  Au bout de plusieurs longues secondes, Miranbeau relâcha Héla et sortit de la voiture. La jeune femme inspira une grande bouffée d'air. Pouvait-elle seulement songer à s'enfuir, à courir à toutes jambes vers le portail... Si c'était le cas, Miranbeau n'hésiterait pas. Elle la tuerait surement, une balle dans le dos pour la stopper dans sa course, et puis... Une dans la tête pour faire bonne mesure.

-Sors. Ordonna sèchement Miranbeau, son esprit sadique marchant à plein régime. Elle avait presque peur que l'imagination ne lui manque pour torturer Héla. La jeune femme sortît de la voiture. Elle sentait les battements de son coeur à travers ses joues, ses doigts... Elle sentait le sang qui palpitait là, juste sous sa peau. 

-Suis-moi. Nous allons attendre Justine dans le salon. 

Mais Héla ne bougea pas. Ses jambes tremblaient, et malgré la détermination qui luisait dans son regard, la jeune femme était enveloppée de l'odeur de la terreur qui suintait le long de ses tempes et ruisselait au creux de sa nuque. Mirabeau crût même que la jeune femme allait se faire dessus. 

-Cette fois, souffla la femme d'affaire avec un large sourire, je pense que je te croirais si tu me dis que tu es désolée."

Mais la bouche d'Héla resta close. Elle baissa les yeux avant de suivre sa tortionnaire à l'intérieur.


Madame MiranbeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant