Mon baiser

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La phrase de Miranbeau s'était répétée en échos dans la tête d'Héla. Embrasse-moi... Embrasse-moi... Embrasse-moi... La jeune femme se sentît frissonner et une longue sensation de froid lui parcourut l'échine. Elle la détestait... Elle la haïssait... Elle la craignait par dessus tout... Mais peut-être... Peut-être en avait-elle envie au plus profond d'elle même. La jeune femme serra les dents les yeux fixés sur les lèvres de sa tortionnaire, elle était là, juste au dessus d'elle, à la fixer de son regard de braise.

C'est le seul moyen... le seul moyen... Se convainc Héla. Puis, les jambes tremblantes, elle se mît à compter dans sa tête pour s'encourager. Un... deux... deux et demi... deux trois quart... La jeune femme se mît sur la pointe des pieds et déposa ses lèvres sur celles de Miranbeau. Elle sentit le sourire de la femme d'affaire au bout de ses lèvres avant de se laisser retomber sur la plante des pieds.

Héla frissonna, et une boule d'appréhension remonta dans sa gorge, elle s'était littéralement battue contre elle même pour offrir son baiser à Miranbeau.

"-Et tu appelles ça embrasser ? Scanda Miranbeau en arquant un sourcil.

Héla voulut disparaître, après tout, elle était si rouge qu'à présent elle aurait pu se fondre dans les rideaux. Un instant, la jeune femme pensa que Miranbeau allait l'embrasser à nouveau, férocement, comme elle en avait l'habitude, mais elle n'en fît rien. Elle se contenta de détailler Héla de la tête aux pieds, un sourire ancré sur le visage. Ce baiser d'une maladresse adolescente lui avait peut-être plût malgré tout, ou alors c'était seulement Héla qui lui plaisait. Héla et ses manières, Héla et sa pudeur, Héla et sa naïveté... Héla et son innocence.

-Vous...V-Vous m'emmenez alors ? Bafouilla la jeune femme en reculant de quelques pas.

-Je t'emmène, répondit Miranbeau tout sourire, à condition que tu t'habilles convenablement, et que tu sois présentable... J'ai une réputation à tenir. Ajouta-t-elle sur un clin d'oeil.

-Où... Où...Où va-t-on ? Demanda Héla avec une nouvelle lueur d'espoir dans le regard, il y aurait du monde.

Un rire léger échappa à la femme d'affaire.

-C'est une surprise, lança-t-elle en s'éloignant. Tu vas adorer, dit-elle avec ironie. Et moi aussi... Je te ferais monter des fringues tout à l'heure, en attendant, repose-toi. Tu vas en avoir besoin."

C'est à ce moment que la boule nerveuse se forma dans le ventre d'Héla... Et elle ne la quitterait pas. Tout du moins, pas avant qu'elle ai vu de ses propres yeux les plans diaboliques que lui réservait Miranbeau.

Plus tard, un employé monta un tas de vêtements à Héla qui somnolait sur son lit.

"-Madame Miranbeau veut que vous portiez ça. Dit-il seulement en déposant les habits sur le lit. Héla réagît à peine. Elle n'osa même pas jeter un oeil à ce que Miranbeau lui avait fait porté. Elle savait ce dont il s'agissait, ou du moins, elle pensait le savoir. Des vêtements vulgaires, inconfortables, et honteusement dégradants.

Après de longues minutes de réflexion, la jeune femme se laissa rouler sur le lit jusqu'au tas de vêtements. Elle les inspecta avec attention, mais voyant qu'il ne s'agissait que d'un pantalon de tailleur noir assortit d'un col roulé de la même couleur, elle consentît à se changer. Lorsqu'elle rejoignait le rez-de-chaussée, elle découvrit Miranbeau dans son long manteau blanc qui l'attendait depuis la porte d'entrée.

-Parfait, articula-t-elle en voyant Héla, elle ouvrît la porte. Toujours décidée à m'accompagner ?

-Où... Où allons-nous ?

-C'est une surprise, souffla Miranbeau, en sortant à l'extérieur où son chauffeur lui tenait déjà la portière. Tu aimes les surprises non ?

-Pas les vôtres. Rétorqua Héla d'un ton cinglant. La femme d'affaire ne pût s'empêcher de sourire. 

-Tu ne crois pas si bien dire... Murmura Miranbeau avec un regard lubrique. Elle monta à l'arrière de la voiture, Héla l'imita."

Le trajet dura un long moment, ils ne croisèrent pas une seule voiture sur la route. Héla s'était contentée de restée immobile, le regard fixé sur la vitre, faisant de son mieux pour ignorer celui de Miranbeau qui la détaillait sous toutes les coutures. 

La jeune femme sentait les battements de son coeur à travers ses joues, elle mourrait littéralement de chaud. À l'autre bout de la banquette arrière, Miranbeau jubilait, elle sentait des palpitations nerveuses dans son bas ventre, et son coeur trépignait d'impatiente. Lorsqu'elle vît les oreilles d'Héla qui rougissaient, elle dût serrer les poings pour se contenir. Après tout, elle aurait bien ordonné au chauffeur de faire demi-tour et de les ramener au manoir, elle en aurait profité toute seule.

-Stressée ? Demanda Miranbeau avec une indifférence feinte en notant le genoux d'Héla qui tremblait. 

La jeune femme ne répondit rien, mais Miranbeau devina sa mâchoire qui se contractait à travers sa joue.

-Réponds, insista-t-elle d'une voix posée.

Héla haussa les épaules.

-Nous... sommes encore loin ?

Mais à peine Héla avait elle fini sa phrase que la voiture se garait sur le bas-côté. La jeune femme regarda la poignée de la portière avec envie, mais le ton glacial de Miranbeau la fît tressaillir.

-N'espères pas pouvoir t'échapper, grogna-t-elle, ni appeler au secours d'ailleurs... Miranbeau farfouilla un instant dans son sac à main et en sortît un bâillon en cuir.

Héla l'implora du regard.

-S'il vous plaît... Je vous... Je vous promets que je ne tenterais rien. Jura Héla.

Miranbeau sourît.

-Et je ne te croîs pas, malheureusement, répondit la femme d'affaire en haussant les épaules. Elle leva le bâillon vers le visage d'Héla et arqua un sourcil lorsque la jeune femme eût un mouvement de recul. C'est toi qui a voulu venir non ? Alors tu ne vas pas m'obliger à utiliser la force ?

Héla baissa les yeux et se laissa faire, après tout, ce n'était pas le moment de flancher et de gâcher sa chance. 

-Prête ? Demanda Miranbeau.

Héla opina. Miranbeau ouvrit sa portière et la jeune femme l'imita. La voiture s'était garée dans une ruelle sombre, seulement éclairée par la lumière au néon rouge d'une enseigne qui indiquait Le Lucifer.

Héla regarda la rue un instant, elle aurait pu se mettre à courir, là, tout de suite et trouver un endroit au se cacher. Une main glaciale la tira hors de ses pensées, Miranbeau la serrait contre elle en la retenant fermement pas les hanches. 

-Tu baisses les yeux, et tu restes près de moi chérie. Souffla-t-elle à la jeune femme avant de la pousser vers la porte d'entrée."

Madame MiranbeauWhere stories live. Discover now